Parmi la salve de romances de Noël parues cette année, une en particulier a retenu mon attention. Il s’agit du livre de Stéphanie Pradier publié chez Harper Collins France : Plus jamais célibataire à Noël ! Une romance de Noël écrite par une française, et dont l’héroïne tombe amoureuse de « Batman » ? Il y avait de quoi piquer ma curiosité ! Effectivement, ce livre a été un énorme coup de coeur. C’est une des toutes meilleures romances de Noël que j’ai pu lire au fil des années. Normal : il s’avère que Stéphanie Pradier et moi avons à peu près les mêmes goûts en la matière ! A commencer par notre admiration commune pour les romans de Sarah Morgan et pour la période festive de décembre. A l’occasion d’une rencontre par téléphone, Stéphanie a gentiment accepté de prendre le temps de répondre à mes questions. Elle nous explique comment elle trouve le temps d’écrire, et pourquoi Noël est une saison si propice à la romance.
- On va commencer avec la question la plus simple : est-ce que vous pouvez vous présenter et m’expliquer ce qui vous a amené à l’écriture ?
Alors, c’est pas la plus simple (rires) ! J’ai 37 ans et à la base je suis ingénieure financière, donc pas du tout dans un univers littéraire. En fait, l’écriture a toujours été une passion. A partir de 16-17 ans, j’ai commencé à écrire des fanfictions sur internet. Et puis de fil en aiguille, je me suis dit « Pourquoi ne pas créer une histoire avec mes propres personnages ? ». Et avec le temps, c’est devenu de vraies histoires qui pouvaient être publiées en livres. Ensuite, il m’a vraiment fallu quelques années pour prendre mon courage à deux mains et envoyer un manuscrit, parce que j’ai envoyé mon premier manuscrit en 2019. Donc j’étais déjà bien loin de mes 16 ans ! J’ai envoyé le manuscrit de Je te reviendrai, aux éditions Harper Collins. Et le livre est paru en 2020 en format numérique. Et après, j’ai continué sur ma lancée. Donc ça a été relativement simple pour moi puisqu’en fait mon premier manuscrit officiel a tout de suite été accepté. J’ai eu beaucoup de chance, je n’ai pas eu à courir les maisons d’édition. Et en plus, c’était la maison d’édition avec laquelle je voulais travailler. Donc c’était top !
- Votre premier roman était une comédie romantique, et là avec Plus jamais célibataire à Noël, vous avez écrit une romance de Noël. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette catégorie bien spécifique de la romance de Noël ?
Je ne suis pas très originale, mais Noël, c’est vraiment ma période préférée de l’année. Mais à partir du moment où on commence un peu à avoir froid, je passe en objectif Noël ! Donc c’était quelque chose qui me tenait à coeur, et un sujet très facile à aborder. Après, j’aime les romances de Noël, mais je suis surtout fan des films de Noël. D’ailleurs je pense que ça se ressent dans Plus jamais célibataire à Noël. Beaucoup de gens m’ont dit : « Tiens, on dirait un film de Noël ! ».Bah oui, un petit peu. J’avoue que c’est ce que j’adore. Du coup, je pense que ce sont les films de Noël qui m’ont le plus inspiré pour ce livre.
- Et vous avez choisi New-York comme cadre pour l’histoire de votre roman. C’est une ville dans laquelle on trouve souvent des romances de Noël, en livres et en films. Pourquoi vous avez choisi cette ville ? Et d’ailleurs, la fameuse rue illuminée que vous évoquez, est-ce qu’elle existe pour de vrai ? Parce que j’ai trouvé ça magique !
New-York, ça m’a paru une évidence. Pour moi, New-York, c’est associé à Noël. Et si un jour j’ai la chance d’y aller, ce sera à cette période de l’année parce que c’est grandiose. Ils ont des décorations à l’échelle de la ville. Et aussi, il y a une vraie culture de la décoration de Noël aux Etats-Unis, ce qui est très différent de ce qu’on a en France. C’est ce qui fait que pour moi New-York était une évidence.
Après, il y a effectivement des endroits que je mets en scène dans le livre qui existent pour de vrai. C’est le cas de ce fameux quartier, qui existe. Et c’est l’attraction à faire absolument à New-York à Noël. Moi je le connais parce que je l’avais vu dans un reportage. C’est moins facile maintenant parce qu’il y a énormément de gens qui y vont. Et à partir d’une certaine heure on ne peut quasiment plus avancer sur les trottoirs tellement c’est bondé. Mais c’est un quartier qui existe et dont tous les habitants jouent le jeu : ils décorent leurs maisons, et chaque maison est associée à une collecte de dons pour une oeuvre de charité. C’est en endroit totalement magique. Et si un jour j’ai la chance d’aller à New-York, c’est là-bas que j’ira en priorité ! Par contre, le jardin de Julia n’existe pas. C’est un lieu qui sort de mon imagination. Mais tous les autres lieux, comme la patinoire et le sapin du Rockfeller Center existent.
- Ce que j’ai trouvé très original dans votre histoire, c’est l’idée de présenter la romance sous la forme d’une enquête amoureuse. Comment vous est venue cette idée ?
Eh ben ça, je ne vais pas pouvoir vous répondre… (rires) ! On me pose la question régulièrement. Mais je ne sais pas ! En fait, je savais que je voulais écrire une romance de Noël. Un jour, je me suis levée avec une inspiration, là comme ça tout d’un coup. J’avais commencé une histoire. Et au fur et à mesure de l’écriture, ça s’est complètement modifié. Et je suis tombée sur cette enquête. Mais ce n’était pas du tout le but premier de l’histoire.
- Ce qui est amusant c’est que ça évoque pour moi un conte de fée moderne. Ashley cherche en quelque sorte son prince charmant, sauf qu’au lieu d’attendre un essayage de pantoufle de verre ou autre chose, elle prend le taureau par les cornes et elle décide de se lancer dans sa propre enquête. Sauf que là, le prince charmant est remplacé par Batman. Et là aussi, c’est hyper original. Comment vous avez eu cette idée ? Vous êtes fan de Batman ?!
Pas du tout ! Au début, je savais que je voulais la faire aller à une soirée. Par contre, je m’étais dit que ce serait une soirée Casse-Noisette, parce que c’est quelque chose de typique de Noël. Mais après réflexion, j’ai trouvé ça trop typique justement. J’ai cherché un autre thème et j’ai pensé à une soirée déguisée. En creusant, je me suis dit qu’on pourrait avoir des super-héros. Pour être honnête je ne suis pas du tout fan de cet univers. J’aime bien mais je ne suis pas fan. Et d’ailleurs, dans la première version de l’histoire, l’édition numérique (présentée sous le titre Mon Crush de Noël) a une grosse coquille ! Parce que moi j’avais écrit que c’était une soirée Marvel. Et c’est grâce au retour d’une lectrice que je me suis rendue compte de mon erreur : ce n’était pas le bon éditeur ! Tous les personnages cités dans la soirée appartenait en fait à l’univers DC Comics. Donc quand mon éditrice m’a appelé pour me dire qu’il y allait y avoir une version papier, je me suis dit qu’il fallait vraiment corrigé ça !
Mais sinon pour ce qui est de Batman et des super-héros, il faut quand même être un peu réaliste. Généralement ils sont riches, ils sont beaux, ils sont forts… Bon, c’est déjà pas mal, hein ? Effectivement, j’allais pas déguiser mon personnage masculin en Schrek ! Il lui fallait quand même un beau déguisement.
- Et justement, pour aborder la relation amoureuse, il y a une chose que j’ai trouvé brillante dans votre roman, c’est que l’histoire se construit en quelque sorte sur un triangle amoureux. On a Ashley, Mark et Batman. Et plus on avance dans l’histoire, plus on sent qu’elle est partagée entre d’un côté sa vision idéalisée de l’amour grâce au coup de foudre qu’elle a eu pour l’inconnu Batman, et de l’autre côté cette relation un peu bancale avec Mark, mais dont on sent qu’elle pourrait déboucher sur quelque chose malgré son aspect chaotique…
Une version plus terre à terre, effectivement ! C’était complètement volontaire. Il faut être réaliste : généralement, on a toutes un fantasme masculin qui est d’une certaine façon. Et ensuite quand on épouse notre mari, on se dit « En fait, il ne lui ressemble pas du tout ! ». Mais il nous comble, par contre. Moi je trouve que ce contraste est très drôle. Et j’avais envie de le mettre dans l’histoire.
- Sans compter que votre roman est écrit de telle façon qu’en tant que lectrice habituée à lire des romances, on peut démasquer Batman assez tôt dans le livre. Et j’ai trouvé que paradoxalement, ça apportait beaucoup de suspens à votre histoire. Parce que comme on en sait plus qu’Ashley, on la voit avancer dans son enquête, rebondir au gré des péripéties, et on se demande forcément comment elle réagira quand elle saura la vérité.
Oui, je voulais vraiment que la lectrice puisse le démasquer. Et justement qu’elle anticipe cette révélation avec Ashley. Mais en fait, beaucoup de lectrices m’ont dit qu’elles auraient voulu tomber des nues avec Ashley. C’était mon parti pris. Je voulais vraiment que l’histoire soit comme ça. Et puis je partais du principe qu’une romance de Noël, on sait très bien comment ça finit. Donc quitte à le savoir, je voulais vraiment que la lectrice en sache plus long qu’Ashley, pour la voir justement évoluer au fur et à mesure du livre.
- Sans compter qu’il y a un autre élément très intéressant dans l’enquête d’Ashley, c’est qu’en recherchant Batman, elle en vient à se trouver elle-même. Et j’ai trouvé que c’était une partie très inspirante dans votre intrigue.
J’ai voulu aussi lui donner sa propre dimension. Dans les romances, on a tendance à beaucoup axer sur l’histoire d’amour et oublier parfois qu’on peut donner une profondeur au personnage. Et là j’avais envie de lui donner une dimension dans laquelle elle peut évoluer tout au long du roman.
- Et d’ailleurs, il y a une autre très belle relation dans votre roman, qui n’est pas une relation amoureuse. C’est la relation entre Ashley et sa grand-mère, Rose, qui est un personnage génial. C’était important pour vous de ne pas seulement aborder l’amour sous l’angle de la romance ?
Oui, absolument. Rose ne correspond pas du tout à ma propre grand-mère, mais j’adorais ma grand-mère. J’ai eu une relation fabuleuse avec ma grand-mère. Et dans plusieurs histoires, on voit souvent des grand-mères arriver. J’avais envie de donner à Ashley un personnage stable dans sa vie, et voilà je lui ai donné Rose parce qu’elle représente quelque chose de très fort pour moi.
- Justement, pour en venir plus précisément à votre travail d’écrivain, est-ce que vous avez une routine d’écriture ? Comment ça se passe au quotidien ?
En fait, j’ai des enfants en bas âge donc ça perturbe les routines ! Jusqu’à présent, j’écrivais quand je pouvais. Maintenant, j’ai mis en place une vraie routine d’écriture. En fait, j’ai une journée par semaine où j’écris. Je délègue enfants, maison et compagnie à mon mari. Et de huit heures jusqu’à dix-neuf heures le soir, j’écris. Je m’arrête généralement pour manger un bout en vitesse, et pour prendre une tisane à un moment donné. Mais sinon j’écris toute la journée.
Au début, j’avais un peu peur par rapport à l’inspiration. Est-ce que ce jour-là j’aurais l’inspiration ? Et en fait je me suis aperçue que le fait de savoir que tel jour j’allais écrire, ça me prépare en fait. J’ai hâte. Et pendant cette journée, je suis totalement à fond. Et le fait de passer autant de temps à écrire, ça me permet de me lancer encore plus profondément dans l’histoire, et d’être vraiment embarquée. Je suis super rentable sur mon temps, finalement ! Donc maintenant c’est ma routine !
- Et est-ce que vous travaillez déjà sur un prochain roman ?
Là, j’en ai terminé un il n’y a pas longtemps. C’est une comédie romantique qui se déroule en France cette fois-ci, à Montpellier. Je l’ai soumise à mon éditrice, et on verra comment ça se passe. Et là j’ai attaqué un nouveau manuscrit qui sera une romance.
- Et vous prévoyez d’écrire une autre romance de Noël ?
Alors j’aimerais bien. Par contre les romances de noël doivent se décider très tôt dans l’année. Elles doivent être prêtes pour octobre. Donc je ne sais pas si j’aurai le temps, ça dépendra du rythme auquel j’avance avec la romance que je viens de commencer.
Et pour finir cette interview sur le thème de Noël, est-ce qu’il y a une tradition de Noël qui vous tient particulièrement à coeur ?
Normalement, tout ce que j’écris est fictif. Mais j’avoue que j’aime bien mettre des petites touches personnelles, des petites bribes de réalité dans mes livres. Et donc, ce qu’Ashley décrit sur sa tradition familiale, que ses neveux et nièces attendent le Père Noël, qu’ils déballent les cadeaux tous ensemble. Cette partie est tirée de ma famille, de moi et de mes souvenirs de soirées de Noël.
- Et ma question rituelle pour conclure l’interview : quel serait la lecture de saison, en rapport avec Noël ou pas, que vous conseilleriez aux lectrices et lecteurs d’Alivreouvert ?
Le dernier Sarah Morgan. En tant que fan c’est celui que j’ai acheté en premier quand il est sorti ! Ses livres sont toujours fabuleux. Et sinon je pense à un autre livre, sorti il y a déjà quelques temps mais qui est vraiment génial. C’est quelque chose comme La Danse hésitante d’un flocon de neige. Par contre je ne me souviens plus du nom de l’autrice…
- Oui, c’est un roman de Sarah Morgan. Il fait partie de la trilogie de Snow Cristal que j’adore moi aussi.
Ah bah voilà ! Donc même quand je ne veux pas la citer, je retombe sur les romans de Sarah Morgan ! Celui-là est vraiment top !
Un grand merci à Stéphanie Pradi er pour m’avoir accordé du temps. Et n’hésitez pas à consulter ma chronique de Plus jamais célibataire à Noël !
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