Il y a plusieurs années, j’ai entendu parler de la parution de Shadow and Bone. A ce moment-là, je n’étais pas encore très familière d’Instagram. Je regardais surtout passer les infos parutions en VO sur le site Goodreads. Et j’avais bien vu l’enthousiasme autour de cette saga, mais sans plus. Il y a si souvent des sagas fantastiques que c’est dur de suivre le fil. Sauf que cette année, j’ai visionné l’adaptation de Shadow and Bones sur Netflix. Et là j’ai vraiment été happée par l’histoire et l’univers imaginés par Leigh Bardugo. A tel point que j’ai décidé de lire les romans. Seul hic : je n’ai pas lu les livres dans l’ordre. C’est vrai que ce n’est pas facile de s’y retrouver car la saga se compose en fait de 3 cycles : d’abord la trilogie Grisha, ensuite la duologie Six of Crows et enfin la duologie King of Scars. J’ai commencé par Six of Crows, et ensuite j’ai lu la trilogie. Le bon point pour moi, c’est que Six of Crows, qui était vraiment très réussi, m’a encore plus donné envie de lire la trilogie Grisha. Je me suis donc enfin lancé dans la lecture ordonnée de cette saga. Et Shadow and Bone est donc le premier tome (dans le bon ordre) de l’univers Grisha.
Mon résumé du livre
Alina n’a jamais rien connu d’autre que la guerre qui ravage son pays. Le royaume de Ravka, cerné par des pays ennemis, tente tant bien que mal de survivre. Tous les jeunes sont recrutés pour servir dans l’armée, et Alina, une jeune orpheline d’une vingtaine d’années, appartient au service des cartographes. Sa mission : aider l’armée de Ravka à cartographier les contrées dangereuses qui s’étendent le long du Fold, cet espace de ténèbres qui coupe le royaume en deux. Il est là depuis des centaines d’années, l’oeuvre d’un grisha très puissant depuis longtemps disparu. Aucun autre grisha (des êtres doués de pouvoirs formidables mais justement haïs à cause de ces dons) n’a jamais pu détruire le Fold. Et tout le monde attend qu’un jour un invocateur de lumière puisse briser les ténèbres. Lors d’une mission dans le Fold qui vire au drame, Alina attire malgré elle l’attention du Darkling, le général de l’armée ravkanne. Alors que son groupe était attaqué, elle a été capable de faire apparaître dans les ténèbres pour mettre en fuite les monstres qui habitent le Fold. Serait-elle l’invocatrice de lumière tant espérée ? Pourra-t-elle détruire le Fold et sauver son pays ? Pour la jeune femme, le destin d’une sauveuse n’a rien d’un conte de fée. Ignorante de ses propres dons de grisha qu’elle n’a jamais appris à manipuler, elle se retrouve catapultée dans un monde qu’elle ne connaît pas, au plus près de la cour du roi, du pouvoir, et du danger. Comment être certaine d’utiliser son pouvoir pour le bien de tous, quand tant de personnes cherchent à l’utiliser pour leur propre profit ?
Mon avis sur Shadow and Bone
Dès le début de cette histoire, j’ai été prise par l’univers imaginé par Leigh Bardugo. Dans son monde imaginaire, certains individus viennent au monde avec un don particulier : la capacité de modeler les éléments comme ils le veulent. On appelle ça « la petite science ». Certains peuvent contrôler l’air, d’autres les marées, d’autres le feu, d’autres encore les battements du coeur, et certains peuvent bricoler les atomes de matière pour changer les tissus, les métaux et autres. Alina est la seule à pouvoir manipuler la lumière, un don jamais vu avant elle. Et cette singularité la place rapidement dans le double rôle de l’héroïne et du monstre de foire. Autant dire que l’histoire démarre donc sur les chapeaux de roues !
Par ailleurs, Leigh Bardugo nous plonge dans un monde en guerre perpétuelle. C’est un peu comme dans Game of Thrones : tout le monde veut le pouvoir, être plus fort que son voisin et accaparer toutes les richesses. Les rapports de force entre les différents royaumes sont fascinants. Leigh Bardugo imagine même leurs différences culturelles, religieuses, les différents systèmes politiques et les luttes de pouvoir qui agitent la cour du roi de Ravka. Les tensions entre les gens « normaux » et les grishas, que certains prennent pour des abominations qu’il faut tuer, sont également passionnantes.
Après un début très prometteur, l’histoire de Shadow and Bone patine assez rapidement. On tombe vite dans la trame narrative typique des romans Young Adult : une élue qui n’a pas idée de l’étendue de ses pouvoirs, qui se retrouve au coeur de complots, mais qui grâce à son innocence et son coeur pur va pouvoir triompher du mal. Je résume grossièrement, mais c’est quand même bien ça l’histoire de Shadow and Bone !
Mon problème, c’est que j’ai déjà lu ce genre d’histoires, donc ça n’a rien de nouveau pour moi. Toute l’histoire est racontée du point de vue d’Alina. Or, paradoxalement, l’héroïne est loin d’être le personnage le plus intéressant de l’univers Grisha. Elle est assez peu nuancée, et elle n’apporte pas grand chose de différent par rapport aux nombreux autres orphelins qui jalonnent l’histoire de la littérature occidentale. Même le rapport qu’elle entretient avec son propre pouvoir n’est pas franchement intéressant.
Face à elle, il y a pourtant de nombreux personnages très intéressants, à commencer par le Darkling (un personnage mystérieux et fascinant) et surtout Genya, une autre grisha dont l’histoire est révélée petit à petit avec brio. Les autres personnages de grisha, ainsi que le personnage de Mal (un orphelin, meilleur ami d’Alina qui a grandi avec elle) offrent des perspectives tellement plus variées et originales sur l’histoire qu’ils auraient mérité de pouvoir prendre la parole pour raconter eux-mêmes une partie de l’histoire. Ce n’est pas le choix de Leigh Bardugo. Et pour avoir lu d’autres romans d’elle où elle alterne les points de vue entre les protagonistes, je pense que c’est une erreur. Tout raconter du point de vue d’Alina est sans aucun doute le gros point faible de ce roman, malgré les nombreux autres éléments séduisants de l’histoire.
Shadow and Bone : une idée lecture pour qui ?
Comme j’ai déjà lu les deux autres livres de la trilogie, je peux vous donner un avis plus global sur ce roman. Shadow and Bone souffre du même point faible qu’on retrouve fréquemment dans les premiers tomes des sagas littéraires. Comme il plante le décor de l’univers fantastique et qu’il nous fait faire connaissance avec les personnages principaux, l’histoire n’est pas aussi prenante qu’elle pourrait l’être. Et effectivement, les choses deviennent bien plus intéressantes dès le second tome.
L’histoire reste quand même fascinante parce que Leigh Bardugo a eu une idée brillante. Elle a imaginé un univers très riche, avec beaucoup d’éléments intéressants à découvrir. L’univers Grisha brasse beaucoup de thèmes comme la guerre, la religion, la politique, l’amour, la violence… Autant de choses qui en font une lecture très prenante.
Certes, Alina n’est pas le personnage le plus charismatique qu’on puisse imaginer. Mais ce défaut est largement compensé par le reste des personnages, bien plus réussis. Et je peux dire que dès le second tome, elle prend plus de consistance.
Voilà de bonnes raisons de lire Shadow and Bone. Si vous êtes fans de fantasy, vous allez vous faire plaisir. Si d’habitude vous ne lisez pas de fantasy parce que les sorcières et les gnomes, ce n’est pas votre truc, alors n’ayez crainte. Shadow and Bone s’émancipe d’une faon originale de ce côte trop fantastique grâce à une bonne dose de réalisme. La partie de l’histoire sur les pouvoirs est importante, mais ce n’est finalement qu’un prétexte pour évoquer tous les autres sujets qui font avancer les personnages : la quête de justice, bâtir une société dans laquelle tous les individus peuvent vivre en paix, même ceux qui sont différentes, et enfin bien sûr découvrir la vérité sur la nature du Fold et la force qui lui a donné vie au départ.
Une belle aventure de lecture en perspective !
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