On pourrait croire qu’en matière de romances, on a déjà fait le tour du sujet. Or, il arrive fréquemment que de nouvelles sous-catégories émergent. Elles nourrissent la romance. La modernisent avec de nouveaux genres d’histoires et de personnages. Et surtout, elles évoluent au même rythme que la société dans laquelle on vit. Vous savez, ce fameux « monde réel » qui est souvent très décevant. En ce moment, la vogue est à la romance STEMiniste. Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que ça fait mal ? Et quels sont les romans concernés ? Je vous explique tout dans mon article du jour.

C’est quoi la romance STEMiniste ?

Le mot vient d’un acronyme anglo-saxon : STEM. Et ça fait référence à différentes branches scientifiques : Sciences, Technologies, Ingénierie (Engeneering en VO) et Mathématiques. Dit comme ça, on ne voit pas trop le rapport avec la romance, pas vrai ? En fait, STEM est  un acronyme qui sert à désigner un ensemble de domaines professionnels plutôt techniques. Et l’autre point commun qui les rassemble, c’est qu’ils sont traditionnellement dominés par les hommes. Encore aujourd’hui, ce sont des métiers dans lesquels la représentation des femmes progresse lentement.

A l’heure actuelle, le féminisme est devenu un sujet incontournable dans le monde de la fiction. Les romancières sont de plus en plus nombreuses à s’emparer de ce sujet de société pour le propulser dans l’univers de la romance. Elles n’ont pas peur d’aborder des questions telles que la charge mentale, les violences faites aux femmes, la maternité… Certaines ont pu évoquer la parité dans le monde professionnel. C’était notamment le cas d’Angie Hockman avec son excellente comédie romantique Duel au soleil.

Mais maintenant les choses vont plus loin. Et plutôt que d’être juste un élément dans l’histoire, le féminisme devient carrément son fondement. C’est tout le propos de la romance STEMiniste, qui met en scène des femmes qui évoluent dans des milieux professionnels dominés par les hommes. Et c’est là, dans ce milieu en quelque sorte hostile, que les enjeux professionnels et personnels se mélangent. Car même si ces femmes brillantes rêvent de réaliser leurs ambitions professionnelles, il est aussi question de trouver l’amour !

Qui a inventé la romance STEMiniste ?

D’habitude, c’est toujours délicat de désigner un auteur ou une autrice pour lui attribuer la naissance d’un nouveau sous-genre littéraire. Mais ici, c’est facile. C’est la romancière américaine Ali Hazelwood qui a eu l’idée de mélanger l’univers des STEM avec la romance. Il faut dire qu’elle a le parcours idéal. Car avant d’être une romancière à succès, Ali Hazelwood était… docteure en neurosciences ! Elle a même donné des cours à l’université. Autant dire qu’elle sait donc de quoi elle parle quand elle évoque les difficultés rencontrées par les femmes qui étudient puis travaillent dans des domaines scientifiques.

Son roman The Love Hypothesis met en scène une doctorante en biologie qui se bat pour obtenir des subventions pour son projet de recherche, tout en devant composer avec les nombreuses difficultés de son parcours : la seule femme dans un laboratoire, les avances non sollicitées de la part d’un professeur titulaire, le syndrome de l’imposteur… Ce livre a connu un succès fulgurant aux Etats-Unis mais aussi à l’international. Il a même été publié en France il y a quelques mois.

Devant le succès de son livre, Ali Hazelwood a décidé d’écrire plus d’histoires dans le même genre. Et c’est ainsi qu’elle a réellement lancé le concept de romance STEMiniste. Depuis, elle a notamment publié la trilogie Loathe to Love You qui met en scène trois amies : une spécialiste du développement durable, une ingénieure et une chercheuse de la NASA. Rien que ça ! Et plus récemment, elle vient de publier Love on the Brain dont l’héroïne est une spécialiste en neurosciences, tout comme son autrice.

Pourquoi la romance STEMiniste rencontre un tel succès ?

Parce que ce sont des histoires qui parlent aux femmes qui travaillent, même si elles évoluent dans un contexte professionnel différent. Le sujet des ambitions professionnelles n’a rien de nouveau dans le roman. Mais traditionnellement, dans les littératures occidentales, c’était un sujet qui restait surtout centré sur des personnages masculins. Là, tout l’enjeu c’est de montrer que les femmes ont le droit légitime de rêver d’amour ET de réaliser leur plein potentiel intellectuel. Il n’y a aucune limite, et elles peuvent littéralement viser les étoiles si elles en ont envie.

Aux Etats-Unis, où la romance est bien plus progressiste qu’en France par exemple, le courant a connu un sacré retentissement. Les lectrices ont salué le plaisir de trouver dans un livre des histoires aussi pertinentes que divertissantes. En prime, ce sont souvent des livres qui mettent en avant l’importance de la sororité. Il ne s’agit pas seulement de montrer des meilleures amies qui font du shopping ensemble ou se plaignent de leurs relations amoureuses. Non : il s’agit de montrer comment les femmes se mobilisent pour s’entraider, pour se pousser vers le haut, comment elles mettent en commun leur intelligence et leur détermination pour faire exploser le fameux plafond de verre. Tout simplement parce que l’union fait la force. Et ce propos est une des dimensions les plus inspirantes dans la romance STEMiniste.

Des idées lectures pour découvrir la romance STEMiniste

En France, il y a malheureusement très peu de romans traduits à l’heure actuelle. En priorité, je vous recommande de lire The Love Hypothesis. Comme ça vous comprendrez tout l’intérêt de cette nouvelle sous-catégorie de la romance. Et vous allez voir à quel point l’histoire est fun !

Sinon, il n’y a pas de secret, il faudra lire en VO. Et là, vous allez voir qu’il y a déjà pas mal de romans disponibles. Evidemment, vous pouvez commencer par les romans d’Ali Hazelwood : Under One Roof, Stuck with you (mon préféré !) et Below Zero.

N’hésitez pas non plus à découvrir la série Chemistry Lessons, écrite par Susannah Nix. La série compte six romans pour l’instant. Et les héroïnes sont tout aussi brillantes que celles d’Ali Hazelwood : une mathématicienne, une biologiste marine, une physicienne, une ingénieure en aérospatial… Chacune va vivre de sacrées péripéties professionnelles et sentimentales.

Si vous êtes fan de romance historique, sachez qu’Elizabeth Everett a imaginé une série de trois romans baptisée The Secret Scientists of London. Elle raconte la vie secrète mené par un club de femmes scientifiques, à une époque où les portes des institutions leur sont fermées. Un genre de mélange entre The Big Bang Theory et les Bridgertons.

Du côté du Young Adult, il y a eu My Mechanical Romance, d’Alexene Farol Follmuth. Une histoire d’amour entre deux étudiants brillants qui s’opposent dans une compétition pour construire des robots connectés.Le livre a eu de très bonnes critiques sur les réseaux sociaux. Et les lectrices ont souvent dit qu’elles auraient adoré lire cette romance quand elles étaient plus jeunes et qu’elles cherchaient des héroïnes plus inspirantes.

Romance STEMiniste : à quand plus de parutions en France ?

Pour l’instant, la romance STEMiniste n’est pour ainsi dire pas représentée en France. Mais j’ose espérer que l’intérêt croissant va encourager les maisons d’édition à proposer des romans dans ce genre. Il me semble que le lectorat français est prêt à faire de la place à des romances qui ont un vrai propos à faire entendre sur la place des femmes dans le monde du travail, qu’il s’agisse de sciences ou pas.

Le succès des romancières dans les pays anglo-saxons devrait inciter les maisons d’édition françaises à s’intéresser à ces livres. Mais pour l’instant, il n’y a pas grand chose en chantier. De plus, du côté des romancières françaises, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu passer des comédies romantiques qui abordaient ce thème en particulier.

Mais évidemment, dès que les choses changeront, je vous en reparlerai avec plaisir. Car en ce qui me concerne, je suis vraiment tombée sous le charme de la romance STEMiniste. C’est un mélange parfaitement réussi entre divertissement et intelligence. J’adore me plonger dans des histoires qui font l’effort de s’ancrer dans le monde réel. Parce que le féminisme, ce n’est pas seulement dire que les femmes sont les égales des hommes. C’est, plus concrètement, revendiquer ouvertement notre droit à assumer toutes nos ambitions, quel qu’elles soient. Et ça commence par mettre en scène des héroïnes qui repoussent les limites.

J’espère que cet article vous aura intéressé, et éventuellement appris des choses.

Très bonnes lectures tout le monde !