J’ai cédé à la curiosité, et je suis finalement allée voir Mort sur le Nil. Le film de Kenneth Branagh est la dernière adaptation en date du roman policier d’Agatha Christie. La bande annonce m’avait convaincue de laisser une seconde chance au réalisateur britannique. Je n’avais pas du tout aimé son Crime de l’Orient-Express. Et j’avais peur que ce nouveau film soit du même calibre. En fait, c’est une très bonne surprise. J’ai beaucoup aimé le film, et Mort sur le Nil fait plutôt honneur au livre d’origine.

Je ne vais pas revenir sur le résumé de l’histoire, car j’avais déjà eu l’occasion de vous en parler dans cet article. L’idée de Mort sur le Nil, c’est un huit-clos à bord d’un navire en croisière sur le Nil. Dans ce cadre dépaysant à l’atmosphère envoûtante, un meurtre est commis à bord. Une jeune mariée est assassinée, et les suspects ne manquent pas… à commencer par l’ex fiancée du jeune mariée qui a suivi l’heureux couple durant leur lune de miel pour nuire à leur bonheur.

En ce qui concerne le cadre et le huit-clos, pari tenu. Mort sur le Nil nous embarque pour un voyage magnifique. Les pyramides, le désert, la lumière, les décors… Tout est éblouissant. Mention spéciale pour le bateau. D’accord, ça se voit que c’est un décor réalisé en studio de cinéma, mais c’est bluffant. Le navire est luxueux, avec beaucoup de verre. Le jeu sur la transparence et les décors très théâtraux souligne comment les personnages à bord ont tous des choses à cacher derrière leurs masques de respectabilité.

Le casting est également bien trouvé. Un mélange habile entre grandes stars de cinéma, et des comédiens et comédiennes beaucoup moins connus. J’ai trouvé que ça donnait de la profondeur à l’ensemble. Dans Le Crime de l’Orient-Express, le casting trop 5 étoiles rendait la distribution un peu trop lisse à mon goût. Ici, c’est plus varié, et ça permet de créer de la surprise au niveau des personnages.

D’autant que les fans d’Agatha Christie qui ont lu Mort sur le Nil remarqueront quelques changements ! Oui, il y a encore une fois des modifications dans les personnages et le déroulé de l’intrigue. Ces changements m’avaient gêné dans Le Crime de l’Orient-Express parce qu’ils n’apportaient rien en plus à l’histoire. Pire, ils la ralentissaient inutilement en lui faisant perdre en intensité dramatique. Ici, c’est plus subtile, plus habile, et ça marche. Bien qu’ayant lu le roman, j’ai apprécié d’être surprise par des choses qui ne se déroulent pas comme je l’attendais. Pour autant, aucun des changements ne trahit l’esprit du livre. C’est une belle idée, et j’ai apprécié cet effort d’offrir de la nouveauté.

Côté points noirs, il faut vous attendre à trois problèmes principaux. Le premier, c’est que comme pour Le Crime de l’Orient-Express, Kenneth Branagh a régulièrement des partis pris de réalisation qui n’ont visuellement aucun intérêt. Il lui arrive de filmer les acteurs sous des angles qui n’ont aucun sens (par en-dessous !!) ou d’une manière trop théâtrale (la scène dans l’escalier) qui ne fonctionne plus au cinéma de nos jours. Ce type d’effets de style fait rétro, et pas dans le bon sens du terme.

Mon deuxième problème, c’est l’introduction qui revient sur les années de guerre d’Hercule Poirot. Je trouve que ce passage rallonge inutilement l’histoire sans apporter grand chose. Le passé de Poirot n’est pas vraiment un élément auquel les lecteurs et spectateurs accordent de l’importance. Un personnage n’a pas nécessairement besoin d’avoir un passé pour être intéressant. Et on pourrait s’épargner ce genre de plongée biographique en noir et blanc.

Ce qui m’amène au troisième point. Kenneth Branagh a choisi d’orienter son histoire sous l’angle de l’amour. C’est une piste de lecture très intéressante, puisque c’est en quelque sorte un trop amoureux qui est au coeur de l’intrigue : la femme, le mari, l’ancienne maîtresse. Mais avait-on vraiment besoin d’autant de lourdeurs dans ce film ? Les personnages ont tous quelque chose de pseudo-philosophiques à dire sur l’amour. Cet ajout au livre n’apporte rien. Le scénario avance avec ses gros sabots. Dans la salle, j’avais envie de m’écrier : c’est bon, on a compris ! Cet aspect redondant m’a gêné parce qu’il gâche le plaisir du film. Et à force de parler d’amour, ça finit par devenir creux.

Mort sur le Nil : à voir ou pas ?

Si vous aviez aimé l’adaptation de Kenneth Branagh du Crime de l’Orient-Express, alors vous allez adorer Mort sur le Nil. Et si vous n’aviez pas aimé la précédente adaptation, comme c’était mon cas, alors vous serez très agréablement surpris. Cette nouvelle version de Mort sur le Nil est superbe et globalement très bien menée. Je sais que j’ai passé pas mal de temps sur les 3 points négatifs. Mais malgré ces éléments qui sont ratés selon moi, le film tient vraiment bien ses promesses. On a de la tension, du glamour, du suspens, des rebondissements. Et même l’interprétation de Kenneth Branagh en Hercule Poirot tient bien la distance. Le personnage est plus sympathique que dans le premier film. Il est aussi particulièrement déterminé, et il apparaît vraiment charismatique à l’image.

Alors, qui est déjà allé voir le film ? Qui compte y aller ?