Un Diable en hiver est le troisième tome de La Ronde des saisons. Avec cette série de romances historiques, Lisa Kleypas nous a fait faire la connaissance de quatre jeunes filles à marier lors de la saison londonienne. Ces demoiselles laissées-pour-compte ont fait un pacte : elles vont s’épauler et s’entraider pour trouver des maris. Une brillante idée qui a déjà eu de beaux résultats ! Dans les deux premiers tomes, deux jeunes filles, la douce Annabelle et la fougueuse Lillian ont déjà convolé en justes noces. Voilà que c’est le tour de la timide Evangeline. Pour la jeune fille, riche héritière bégayante, les choses s’annoncent d’autant plus difficiles que le dernier roman finissait justement sur elle et sa rencontre avec un personnage pour le moins malveillant. Un Diable en hiver a donc la lourde tâche de tenir les promesses faites aux lectrices avec cette fin en forme de cliffhanger hollywoodien !
Mon résumé du livre
Evangeline Jenner ne s’est jamais fait d’illusions. Aucun gentleman ne voudra l’épouser. Elle n’est ni belle ni agréable. Sa timidité et son bégaiement suffisent à faire fuir tout le monde. Et sa famille maternelle, chez qui elle vit depuis son enfance, limite tant ses sorties en public, de telle sorte qu’elle n’a que peu de chances de rencontrer un mari potentiel. La situation est pourtant urgente : on prévoit de la marier à un cousin pour faire main basse sur sa fortune ! Evangeline se moque bien de l’argent. Mais ce qu’elle voudrait, c’est pouvoir rendre à nouveau visite à son père malade avant qu’il ne meure. Le seul moyen de retrouver sa liberté semble clair : se faire épouser d’un homme peu regardant sur sa future épouse. Un coureur de dotes qui, une fois le magot empoché, se fichera pas mal des allées et venues de sa femme. Le candidat est tout désigné : lord Saint-Vincent, le « diable » de Londres. Ce gentleman titré, mais sans le sou, cherche une héritière à épouser par tous les moyens. Evangeline vient donc frapper à sa porte un soir, après s’être enfuie de chez elle. Son marché a de quoi déstabiliser le vaurien cynique qu’est Sebastian : elle lui propose de fuguer et de se marier le plus vite possible. Il profitera de la fortune de sa jeune épouse. En échange, Evangeline ne veut qu’une seule chose : la promesse de retrouver son père malade.
Mon avis sur Un Diable en hiver
En terminant ma lecture le précédent tome, Parfum d’automne, j’ai tout bonnement poussé un rugissement de frustration. Mes mains crispées sur le livre après avoir lu la scène d’entretien entre Evangeline et Sebastian, je me suis dit qu’il fallait que Lisa Kleypas soit une romancière particulièrement sadique et futée pour avoir imaginée une telle fin ! Une idée redoutable, mais à double tranchant. Parce qu’en créant une telle attente, elle courait le risque de décevoir ses lectrices. Je me permets ici de vous spoiler sans scrupule : il se trouve qu’elle s’en est tirée admirablement et que Un Diable en hiver tient effectivement toutes ses promesses !
Evangeline n’était pourtant pas mon personnage préféré. Certes, elle est assez mystérieuse. On se doute bien qu’il y a une histoire intéressante derrière son bégaiement. Et en plus, sa famille semble pour le moins étrange. Mais elle n’était pas aussi charismatique et solaire que Lillian. Pas aussi charmante qu’Annabelle. Pas aussi amusante que Daisy. Ce roman est donc l’occasion de vraiment la découvrir. Et le résultat est intéressante. Lisa Kleypas nous dresse le portrait d’une héroïne qui envisage le mariage comme un moyen de se sacrifier pour gagner sa liberté. Une idée qui a l’air très romanesque par son tragique… et qui n’est en effet pas très éloigné de la vérité. Le mariage était le seul moyen pour une jeune femme de prétendre à un semblant de liberté… dans les limites des règles sociales et de la volonté de son mari, évidemment !
La rencontre entre Evangeline et Sebastian fait des étincelles dès le début. Et il est clair qu’il ne s’agit pas d’un coup de foudre romanesque. Mais rapidement une connivence s’installe entre les deux, et on s’aperçoit qu’ils commencent à éprouver un certain respect l’un pour l’autre. Entre ces deux solitaires, il y a de grosses différences de caractère, mais aussi beaucoup de points communs. Tout cela mélangé donne une romance prenante, dans laquelle l’histoire d’amour s’installe de façon cohérente et très agréable.
Assez rapidement dans l’histoire, on découvre que le père d’Evangeline a fait fortune en dirigeant un casino. Une activité fort peur recommandable pour l’époque. Mais le bon côté pour nous, lectrices, c’est qu’une grande partie de l’histoire se déroule dans le casino en question. Et j’ai trouvé que c’était un cadre très original pour une romance historique. On pénètre dans un lieu où la bonne société s’encanaille. On passe de l’autre côté du miroir aux apparences, et ça offre une nouvelle perspective sur ce monde aristocratique à la morale hypocrite. Encore une fois, Lisa Kleypas sort des sentiers battus pour nous offrir une vision nuancée de la romance historique. Au-delà des clichés, elle nous sert aussi quelques réflexions bien senties sur la notion de morale à l’époque. Et même si ses livres ne sont pas franchement des manifestes féministes, il me semble qu’ils nous invitent à nous questionner sur les éléments qui nous font fantasmer dans ce type d’histoires. Le résultat est à la fois divertissant et introspectif.
Un Diable en hiver : une idée lecture pour qui ?
Je dirais que, comme pour les deux premiers tomes, Un Diable en hiver est à réserver aux fans de romances historiques. Peut-être que des lectrices qui n’en ont jamais lu seront déroutées par le propos de Lisa Kleypas. La Ronde des saisons cherche vraiment à s’émanciper des canons du genre. Du coup, ce sont des romances historiques qui refusent de jouer le jeu des gentilles romances historiques. Certes, les histoires sont romanesques et divertissantes, mais elles défendent un point de vue critique, et ça peut être dur à cerner pour une entrée en matière à la romance historique.
En revanche, pour les lectrices qui ont déjà lu et apprécié des livres du genre, je pense que ce roman est idéal. C’est un livre prenant, avec des rebondissements, un couple attachant et un cadre original. En ce qui me concerne, c’est un des tomes que j’ai préféré dans La Ronde des saisons. En fait, je trouve que c’est le deuxième meilleur tome, juste derrière Parfum d’automne. Et celui-là était vraiment génial !
J’ai adoré et dévoré ce tome débordant de piment !
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Contente qu’il t’ai plut, il est vraiment excellent !
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