Il y a quelques mois, les éditions Grasset ont publié le nouveau roman de Laetitia Colombani : Le Cerf-volant. Un livre que j’attendais avec impatience. C’est déjà le troisième livre de la romancière française, et j’ai vraiment adoré les deux premiers. Depuis le succès de La Tresse, Laetitia Colombani s’est faite une place parmi la nouvelle génération d’auteurs français, et c’est justifié vu son talent d’écriture et la pertinence des sujets qu’elle aborde. Ses livres sont emprunts d’une grande chaleur humaine, d’une écriture poétique, mais aussi d’un regard très lucide sur le monde dans lequel nous vivons. Et maintenant que j’ai lu Le Cerf-volant, je peux dire que la romancière a encore fait mouche avec son dernier livre.
Mon résumé du livre
Léna a perdu son mari quelques mois plus tôt. Elle a aussi perdu ses repères. Alors, pour se retrouver, elle a décidé de partir, de quitter Nantes et la France pour entreprendre un voyage là où personne ne la connait et où rien ne l’attend. Elle arrive en Inde, dans un pays dont elle ne parle pas la langue et dont elle ne connaît pas bien la culture. Le dépaysement est total. Mais le changement va prendre un tournant radical le jour où elle manque de se noyer en se baignant dans la mer. Secourue par des membres de la brigade rouge locale, elle découvre qu’elle doit son salut à une petite fille qui a l’habitude de jouer au cerf-volant tous les jours sur la plage. C’est cette petite fille qui a donné l’alerte et à qui Léna doit la vie sauve. Quand elle part à la recherche de son petit ange-gardien pour la remercier, elle découvre l’autre facette de l’Inde : un pays dans lequel les enfants travaillent et ne vont pas à l’école. Une culture dans laquelle naître fille est une condamnation. Décidée à aider la petite, Léna se lance dans un projet fou. Elle, l’institutrice française, va monter une école pour les enfants des quartiers pauvres. Et pour mener son projet à bien, elle va demander l’aide des seules personnes qu’elle connaît sur place : les jeunes femmes de la brigade rouge, ces femmes sentinelles qui arpentent les rues pour protéger d’autres femmes contre les agressions des hommes.
Mon avis sur Le Cerf-volant
Laetitia Colombani avait déjà évoqué l’Inde dans son premier roman : La Tresse. Et si vous l’avez lu et que vous lisez ensuite Le Cerf-volant, vous retrouverez un personnage déjà croisé. Cela étant posé, Le Cerf-volant n’est pas à proprement parler une suite de La Tresse, même si on sent bien que la romancière souhaite revenir à des sujets importants au bout desquels elle n’était pas allée dans son premier roman.
Evoquer l’Inde moderne et la condition des femmes, c’est en quelque sorte résumer toutes les horreurs auxquelles les femmes du monde sont confrontées. Dans un pays qui cultivent les paradoxes, entre modernité et traditions, les femmes ne sont pas les maîtresses de leur destin. Pire : si elles appartiennent aux Intouchables, la caste la plus basse de la société indienne, leur vie n’est rien d’autre qu’une servitude sans espoir. Et il n’existe aucun échappatoire.
La fiction tente d’en trouver un, et Laetitia Colombani nous raconte l’histoire d’une occidentale qui essaye de se battre. Ce n’est pas un livre héroïque, sur une femme désintéressée qui veut sauver le monde en sachant exactement comment s’y prendre. C’est l’histoire d’une femme qui tente de se reconstruire, et qui d’une certaine manière lie son destin à celui d’une enfant indienne. Car elle s’imagine qu’en la sauvant elle, elle pourra se sauver elle-même. Et elle est très loin de mesurer ce dans quoi elle s’est engagée.
J’ai beaucoup aimé cet aspect nuancé dans l’histoire. Avec Le Cerf-volant, Laetitia Colombani a le courage de se confronter au cliché des occidentaux qui croient pouvoir sauver les autres, tandis qu’ils n’arrivent pas à se sauver eux-mêmes. Et comment sauver les gens d’un pays dont on ne connaît pas la culture et l’histoire ?
Le Cerf-volant est un livre porté par un grand optimisme, par un formidable esprit de résilience. Mais ça ne l’empêche pas d’être lucide sur les imperfections du monde. Et la bonne volonté d’une poignée de personnes n’est pas toujours suffisante. Mais le fait d’essayer, de trouver la force de tenter de changer les choses, c’est déjà un immense pas en avant. Et c’est justement ça qui est au cœur de cette formidable histoire.
Le Cerf-volant : une idée lecture pour qui ?
Si vous avez aimé les deux premiers romans de Laetitia Colombani, alors vous allez adorer Le Cerf-volant. Personnellement j’ai retrouvé les mêmes qualités que j’avais admiré dans les autres livres. Laetitia Colombani écrit très bien. Elle a le mot juste. Elle est perspicace, sans jamais tomber dans la sensiblerie. Elle est capable d’émouvoir sans sortir les violons, et je lui en suis reconnaissante car je n’aime pas les livres où les auteurs essayent de « forcer » les lecteurs à éprouver des sentiments artificiels, juste parce qu’ils sont incapables de les susciter d’une manière spontanée. Ici, tout sonne vrai. Parce qu’on sent bien que Laetitia Colombani sait de quoi elle parle, qu’elle s’est renseignée sur l’Inde. Et surtout, parce qu’on sent bien que cette histoire lui tient à cœur.
Si vous n’avez jamais lu de romans écrits par Laetitia Colombani, je vous invite à la découvrir avec Le Cerf-volant. C’est un très beau livre, avec une histoire inspirante, des personnages soignés et une écriture ciselée. C’est facile à lire, très émouvant, et vous ne regretterez pas ce voyage en Inde.
Et si vous avez envie d’en apprendre plus sur Laetitia Colombani, je vous invite à lire l’interview d’elle que j’avais réalisé au moment de la parution de son premier roman, La Tresse.
Il semble intéressant !
Tu as écris « violent » au lieu de « violons » (ne le prends pas mal).
Merci pour cette jolie critique.
Bonne semaine !
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Ah merci, je n’avais pas vu l’erreur !
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