Depuis plus d’un an maintenant, nous vivons avec le Covid. Une crise sanitaire sur les bras, la perte de repères, les tensions entre les pro et les anti vaccins, l’isolement lié aux confinements successifs, plus l’inquiétude matériel pour tous eux qui se sont retrouvés dans une situation précaire parce qu’ils ne pouvaient plus travailler. Alors je ne sais pas si la BNF l’a fait exprès, mais je trouve que monter une expo sur L’Invention du surréalisme a effectivement quelque chose de pertinent. Il me semble qu’en ce moment, nous avons bien besoin de prendre un peu de recul. Et puisqu’on n’arrive pas à trouver du sens dans le monde, pourquoi ne pas carrément faire table rase et réinventer nos propres codes ?
Le week-end dernier, j’ai profité d’un samedi après-midi relativement ensoleillé pour me rendre à la BNF avec une amie. On y a passé plus de trois heures pour vois les expos du Surréalisme et sur les photos de Henri Cartier-Bresson. Deux sujets aux antipodes puisque l’un a photographié le monde réel tandis que les autres ont joyeusement repeint la réalité aux couleurs de l’arc-en-ciel !
Pour être honnête, le surréalisme n’est pas le courant artistique que je connais le mieux. Du point de vue des arts graphiques, je trouve ça intéressant parce que c’est très ludique. En matière de littérature, il faut bien admettre que c’est une autre paire de manches. Oui j’ai lu Aragon, Apollinaire et Breton à l’université. Mais ils ne m’ont pas laissé un souvenir impérissable. Peut-être que c’est parce que j’étais dans un cadre scolaire. Peut-être aussi, tout simplement, parce que ce n’est pas un courant littéraire qui me semblait si démocratique que ça.
En littérature, le Surréalisme a voulu casser les codes et revenir à plus de spontanéité. L’idée était de se reconnecter à la joie d’écrire, de ne plus jouer le jeu de l’académisme avec ses formes figées. C’est une bonne idée, sauf que l’écriture automatique et les poèmes en une ligne ne m’ont pas beaucoup impressionné dans le passé. Je n’y étais pas du tout réceptive.
Pour toutes ces raisons, je suis allée à l’exposition de L’invention du surréalisme en vraie candide. Je me suis lancée avec l’esprit ouvert, en me disant que ce serait l’occasion de voir si ma première impression tenait toujours. Et la réponse est non ! Cette exposition hyper ludique s’adresse vraiment à un large public. Pas besoin d’être particulièrement connaisseur du mouvement surréaliste pour en profiter. L’idée maîtresse est de montrer comment, à un moment, ce mouvement est né en rupture avec un contexte historique très dur. Et plutôt que de verser dans des modes d’expression déprimants, un petit groupe à décider au contraire de célébrer la joie de vivre en réenchantant la musique, le théâtre, la littérature et la peinture. Ensemble, cette bande de joyeux lurons a réussi à faire date en forgeant des œuvres qui, si elles n’ont pas aussi bien vieilli que d’autres, méritent pourtant d’être redécouvertes.
On peut d’ailleurs admirer beaucoup de manuscrits des auteurs présentés dans l’expo. Apollinaire, Aragon, une partition manuscrite d’Erik Satie… La dernière partie de l’exposition est consacrée à l’écriture de Nadja, le roman d’André Breton qui est certainement l’œuvre littéraire surréaliste la plus connue. Le livre est inspiré d’une relation amoureuse de Breton avec une jeune femme devenue folle. Et l’exposition présente plusieurs lettres manuscrites particulièrement touchantes qui permettent de saisir la génèse de cette œuvre d’une façon plus intime.
Redécouvrir le Surréalisme
La vertu principale de cette exposition, selon moi, c’est d’attiser la curiosité des visiteurs. L’expo est très sympa à visiter, d’autant qu’elle mélange vraiment le son, les textes et les arts visuels. Plutôt qu’un voyage dans le temps, j’ai eu l’agréable impression de voyager dans une réalité parallèle. Je n’avais jamais perçu le surréalisme comme un mouvement d’enthousiasme artistique. Et pour moi, le tour de force de cette exposition de la BNF, c’est de m’avoir permis de faire évoluer mon regard sur ce courant d’expression.
Bon, je ne dis pas que je vais me précipiter pour lire Nadja, le livre d’André Breton qu’une amie me conseille de lire depuis dix ans ! Mais disons que les surréalistes et moi, nous sommes désormais en paix. Et je pense que d’ici la fin d’année je rouvrirais certains de mes ouvrages de poésie surréaliste. Puisque nous vivons une époque folle, plonger dans une folie optimiste et enthousiasmante est certainement le remède idéal pour retrouver notre joie de vivre !
Les infos pratiques
Si l’exposition vous intéresse, sachez qu’elle est visible jusqu’au 14 août. Les réservations se font sur internet. Et le billet couplé pour voir les deux expos ne coûte que 11 euros (sinon l’entrée pour l’expo seule coûte 9 euros). Comme pour tous les autres espaces culturels, il vous faudra vous munir de votre pass sanitaire. En dehors de ça, sachez qu’il y a peu de monde en ce moment dans les musées parisiens. Et c’était un grand bonheur de faire les deux expositions en petit comité, avec peu de gens autour. Mon amie et moi, on se sentait comme des privilégiées !
Pour plus d’infos sur L’Invention du surréalisme et les conditions de visite, n’hésitez pas aller voir le site officiel de la BNF.
Belle visite.
PS : si vous avez le temps, je vous encourage à voir l’expo Cartier-Bresson qui est vraiment bien aussi !
Je n’ avais pas vu passer cette expo et je ne pourrai pas la voir à moins qu elle soit poursuivi . Dommage ! Alors merci pour ce retour !
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On ne sait jamais : peut-être qu’ils vont la prolonger vu que pas mal de monde n’a pas pu y aller comme prévu. Vérifie en septembre, on ne sait jamais.
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