Avant que les éditions J’Ai Lu ne publient prochainement le quatrième tome de l’intégrale des Bridgerton, il était temps pour moi de lire enfin le roman consacré à Francesca. Il s’agit du sixième livre de Julia Quinn. Et il met en scène un des membres de la famille qu’on a le moins vu dans la Chronique. Francesca et la troisième sœur de cette fratrie on ne peut plus remuante. Elle est aussi (de loin !) la plus discrète. On apprenait dans un précédent tome qu’elle était veuve, mais son mariage n’était pas évoqué en détails. De quoi susciter la curiosité ! Voici enfin toutes les réponses livrées dans un excellent roman.
Mon résumé du livre
Après deux ans d’un bonheur conjugal sans nuages, la vie de Francesca Bridgerton-Sterling s’est effondrée du jour au lendemain. Son mari John, décédé brutalement d’une maladie inconnue, l’a laissée seule. Pour la jeune veuve de 22 ans, une vie solitaire commence alors. Une solitude rendue encore plus pénible par l’absence de Michael. Le cousin de Michael était l’ami le plus proche du couple, et aussi l’héritier du titre de John en l’absence d’enfants. Mais voilà que même Michael a déserté Francesca, la laissant vivre seule dans la propriété écossaise de la famille Sterling pendant que lui-même allait soigner son chagrin en Inde. Mais quatre ans ont passé, et il est temps de faire des projets. Francesca, décidée à refaire sa vie, revient à Londres dans l’espoir de trouver un nouveau mari. Michael rentre enfin à Londres pour prendre ses responsabilités en tant que nouveau compte de Kilmartin. Mais il appréhende ses retrouvailles avec Francesca. Et pour cause : il ne lui a jamais avoué qu’il était amoureux d’elle depuis qu’il l’avait rencontré, le jour de ses fiançailles avec John, le cousin qu’il aimait comme un frère.
Mon avis sur La Chronique des Bridgerton – Francesca
Comme je l’ai écrit plus haut, Francesca est sans conteste le personnage le plus secret de toute La Chronique des Bridgerton. On la voit peu dans les précédents tomes. On l’entend peu, et même ses frères et sœurs parlent rarement d’elle. Elle n’est pas, comme Colin le charmeur, un point de mire dans l’histoire. Et après avoir lu son histoire, je suis désormais persuadée d’une chose : Julia Quinn l’avait fait exprès !
Ce roman se découpe en deux parties : un préambule d’une cinquantaine de pages qui raconte dans quelles circonstances Francesca est devenue veuve et pourquoi Michael est parti aux Indes. Puis la seconde partie, la plus importante, est consacrée au retour concomitant des deux personnages à Londres. Entre les deux moments, il s’est écoulé quatre ans, ce qui permet à Julia Quinn de raccrocher la seconde partie de l’histoire avec la trame des deux tomes précédents. Car en fait, cette seconde partie se déroule en même temps que les événements consacrés aux histoires de Colin et d’Eloïse. Toutes les pièces du puzzle s’emboitent à merveille, et cela donne une toute autre résonnance aux intrigues lues dans les précédents livres. On comprend aussi mieux pourquoi Francesca était si peu présente dans ces deux autres livres.
J’ai adoré le fait que Julia Quinn jongle avec brio avec les éléments chronologiques de son histoire. On s’y retrouve tout de suite, et les scènes entre Michael et Colin sont d’autant plus savoureuses qu’on sait ce qui se passe dans la vie de Colin à ce moment-là. Il y a un écho intéressant entre les errances sentimentales de Colin (il côtoie la femme de sa vie depuis plus de dix ans sans se rendre compte que c’est la femme qui lui est destinée) avec le cas de conscience de Michael (qui sait exactement que Francesca est la seule femme qu’il aimera jamais, et qui la fuit justement à cause de ça).
Au-delà du micmac chronologique qui fera sourire toutes les fans de la saga, j’ai beaucoup aimé ce livre parce qu’il raconte une très belle histoire d’amour. C’est aussi simple que ça ! L’histoire de Francesca et de Michael est belle, sincèrement émouvante, et elle vous touchera forcément. Sur le papier, on pourrait se dire que c’est terriblement cliché : deux personnages liés l’un à l’autre, mais éloignés à cause d’un drame. Le thème des amants maudits pourrait faire fuir n’importe quelle lectrice qui a peut de tomber sur une histoire mièvre et remplie de clichés. Ici, il n’y a ni mièvrerie ni clichés. Julia Quinn se sort haut la main d’un thème piège. Son secret ? Elle préfère mettre en scène des personnages crédibles plutôt que de verser dans un romantisme poussif et sirupeux.
Dans cette histoire, les états d’âme de Francesca et de Michael sont crédibles. Ce sont deux personnes qui tentent de reconstruire leurs vies. Et pour cela, elles doivent d’abord faire la paix avec le passé et se débarrasser de leur culpabilité vis-à-vis de celui qui n’est plus là. Francesca, en tant que jeune veuve, se pose de nombreuses questions sur sa place dans la société et sur sa vie de femme. Elle veut être mère, et le seul moyen de fonder une famille est bien sûr de se remarier. Elle n’est pas une débutante qui cherche le grand amour. C’est une femme lucide sur sa condition, qui espère faire le bon choix. C’est intéressant parce que les personnages féminins de romances historiques ont rarement cette capacité de détachement par rapport à leur propre situation. Elles sont soit des romantiques, soit blasées, soit des femmes fortes. Les pragmatiques sont assez rares ! J’ai aimé cet effort de la part de Julia Quinn de proposer un personnage différent. C’est rafraîchissant, et ça rappelle que les romances historiques ne sont pas obligées de véhiculer une image trop idéalisée du mariage.
La Chronique des Bridgerton – Francesca : une idée lecture pour qui ?
Contrairement à d’autres tomes de la saga, je pense que c’est mieux si vous avez lu les précédents tomes (au moins les romans 4 et 5) avant d’entamer celui-ci. Sinon vous risquez de ne pas bien vous y retrouver, et de passer à côté de certains aspects de l’histoire qui rendent la lecture plus divertissante.
Cela était posé, je trouve que ce sixième tome est vraiment excellent. Après le tournant du quatrième tome, Julia Quinn avait été capable de se réinventer de façon brillant dans le cinquième tome consacré à Eloïse. Avec l’histoire de Francesca, elle confirme habilement que La Chronique des Bridgerton ne s’essouffle pas. Bien au contraire ! L’histoire s’est enrichie d’un soupçon de gravité qui lui va bien, qui lui donne de la profondeur. Il y a toujours autant de passages drôle, autant de romance, mais les intrigues ont gagné en consistance. De tome en tome, la lecture de cette saga est un plaisir sans cesse renouvelé. Et je pense que je ne serai pas la seule lectrice à être sensible aux qualités de ce livre.
Ce volet se glisse facilement dans mon top 3 de cette fratrie. J’ai ressenti une importe évolution dans le style et la plume de Julia Quinn !
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Je vois qu’on a eu le même ressenti de lecture ! Moi aussi, il est clairement dans mon top 3.
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