Les éditions Belfond ont eu la gentillesse de m’envoyer un exemplaire de La Femme Mystifiée, l’ouvrage écrit par Betty Friedan au début des années 1960. C’est d’autant plus gentil à Belfond que je souhaitais lire ce livre depuis… pas loin de quinze ans ! J’ai découvert ce livre à l’université, au moment où j’ai lu Le Deuxième Sexe, de Simone de Beauvoir. A ce moment-là, le féminisme n’était pas encore « à la mode », et trouver certains livres en édition française était loin d’être évident. D’ailleurs, La Femme Mystifiée connaît aujourd’hui sa première réédition française depuis les années 1960. C’est dire si la patience est une vertu ! Heureusement, le temps pas (trop) émoussé la pertinence de ce livre passionnant.
« Qui sait de quoi seront capables les femmes, une fois libres de devenir elles-mêmes ? » La question posée par Betty Friedan se double d’un espoir : celui qu’un équilibre soit un jour possible entre les hommes et les femmes, dans une société qui maintient ces dernières dans un statut secondaire. Il faut dire que pour cette féministe née aux Etats-Unis au début des années 1920, c’est une évidence que les femmes peuvent accomplir autant que les hommes. Elle l’a vu elle-même. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les femmes se sont mobilisées et ont pris une part importante à la vie active. Ironiquement, la paix retrouvée a signé la fin de cette période active : il était temps de retourner dans la cuisine.
Cette expérience des années 1940 a profondément nourri la réflexion de la journaliste Betty Friedan. Dans La Femme Mystifiée, elle mène une étude de fond pour comprendre la place des femmes dans la société des années 1960. Les femmes peuvent étudier et travailler, mais leur champ d’action reste limité. D’abord parce que la société n’encourage pas l’ambition et l’autonomie chez les femmes. Mais aussi parce que les femmes elles-mêmes ont du mal à trouver de nouveaux schémas pour s’accomplir. C’est au cœur même du concept de la « femme mystifiée » : il y a un écart énorme entre l’image de la femme telle que la société la considère, et ce qu’elle porte en elle de potentiel.
La lecture de La Femme Mystifiée réclame beaucoup d’attention et de concentration, car c’est un ouvrage très dense. En revanche, pas besoin d’avoir un doctorat en sociologie pour comprendre de quoi parle l’auteure. Elle nourrit son étude de nombreux exemples, de cas de femmes croisées, pour expliquer les mécanismes par lesquels les femmes restent en position de faiblesse au sein de la société, du monde du travail et de la cellule familiale.
Dans son ensemble, l’ouvrage porte beaucoup d’idées qui sont encore d’actualité. A l’instar du Deuxième Sexe, le livre fait écho à ce qui se passe aujourd’hui. Et c’est un peu douloureux de constater que les femmes ont, finalement, assez peu progressé pendant ces soixante dernières années. Il y a quelques passages datés, qui sont moins en accord avec les problématiques actuelles (comme les femmes qui font des études supérieures), mais dans l’ensemble ce livre apporte un éclairage intéressant à ce qu’on observe encore aujourd’hui, ne serait-ce qu’avec le mouvement MeToo ou bien la dernière campagne présidentielle américaine.
La Femme Mystifiée fait réfléchir. Il donne le sentiment de mieux comprendre les rapports de force à l’œuvre au sein d’une société toujours très prompte à dicter ses codes. Sa lecture est dense et passionnante. Je pense que n’importe quelle lectrice ou n’importe quel lecteur un peu curieux trouvera cet ouvrage passionnant. Et puisqu’il s’agit quand même du livre qui a fondé le renouveau du mouvement féministe dans les pays anglo-saxons, il offre aussi l’occasion de découvrir un ouvrage qui a eu un impact significatif sur la société moderne. Ce qui n’est pas rien !
J’ai terriblement envie de le lire car c’est un ouvrage de référence et nous avons la chance qu’il soit traduit aujourd’hui !
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C’est vrai que c’est une chance qu’il soit à nouveau proposé en édition française. Bonne lecture à toi ! Je pense que tu le trouveras vraiment très intéressant.
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