Ma Vie sur la route, mémoires de Gloria Steinem

Les ouvrages féministes sont-ils en voie de démocratisation ? Probablement, oui. En tout cas, depuis l’année dernière, le nombre de leurs parutions en France ne fait qu’augmenter. En librairie, on en trouve plus facilement qu’avant. Et surtout, plusieurs maisons d’éditions françaises ont eu la bonne idée de faire paraître en France des livres best-sellers à l’étranger. Parmi eux, La Femme Mystifiée, que j’ai déjà chroniqué. Ce livre a été l’un des fondements de la pensée féministe américaine moderne. Autre livre incontournable : Ma Vie sur la route, les mémoires de Gloria Steinem, l’une des icônes du féminisme américain. Plus qu’une féministe, cette femme a été, sa vie durant une ardente défenseuse de la pensée humaniste. Elle a défendu une vision progressiste de la société américaine, en luttant non seulement pour les femmes, mais aussi en faveur des minorités éthniques. Et je dois dire que la lecture de ses mémoires a été non seulement passionnante, mais elle a aussi été une véritable source de réflexion et d’émotion.

Gloria Steinem a vécu sa vie sur la route. C’est la première chose qu’on peut retenir de ses mémoires. Mais plus qu’une vie de nomade, ce qu’elle raconte, c’est une vie de rencontres. Partout où elle est allée, à la rencontre d’inconnus des quatre coins de l’Amérique et au-delà, elle a écouté les témoignages des gens. Des femmes bien sûr, mais pas seulement. Tous les sexes, toutes les couleurs de peaux, toutes les classes sociales… autant de divisions qui importent assez peu en fait, quand on parle des droits des individus. Et ce sont ces rencontres qui ont forgé les convictions de Floria Steinem. Car la journaliste américaine est une ardente défenseuse des droits des femmes, mais pas seulement. Plus largement, elle s’avère être une véritable humaniste.

Ses mémoires ne sont pas un récit autobiographique à proprement parler. D’une certaine façon, c’est un livre à mi-chemin entre le carnet de route et le journal intime. Gloria Steinem y évoque ses combats, mais surtout les raisons de con action. Elle est motivée par la conviction d’une société plus juste, plus équitable est possible. Et elle continue de croire que l’égalité entre les êtres n’entraîne pas un amoindrissement de la liberté. Au contraire, les deux valeurs vont dans le même sens de l’histoire.

Après le mouvement MeToo et tout ce qui a pu être dit et écrit sur le sujet du féminisme, je trouve que ce livre offre une remise en perspective intéressante. Car Gloria Steinem ne parle pas que des femmes. Elle évoque une société globale, dans laquelle de nombreux groupes d’individus sont, pour une raison ou pour une autre, privés de certains droits et de certaines chances. Elle aborde par exemple la question des amérindiens. Et tout ça entre en résonnance. Il ne s’agit pas seulement de savoir quelle place les femmes ont le droit d’avoir. Il s’agit plus largement de redéfinir les contours d’une société qui ne tient pas ses promesses envers tous les individus.

Ma Vie sur la route est un livre émouvant parce qu’il s’attache aux personnes. Aux gens rencontrés au gré des voyages, à ceux et à celles qui vivent comme des citoyens déclassés. Là où La Femme Mystifiée est surtout un ouvrage qui théorise le féminisme, Ma Vie sur la route ressemble plus à un cri d’alarme. Gloria Steinem y dresse le portrait d’une société occidentale qui a besoin de se repenser, de redéfinir ses critères pour inclure vraiment tout le monde en son sein. Avec beaucoup d’énergie et de passion, elle raconte l’engagement de ceux et de celles qui, comme elle, ont décidé de se battre pour un monde meilleur.

Lire son livre donne encore plus envie de se bouger, de faire bouger les choses. C’est un livre particulièrement inspirant, d’autant qu’il est porté par une personnalité touchante, qu’on a envie de suivre sur les routes. C’est aussi l’occasion de replonger dans l’histoire moderne des Etats-Unis, puisque Gloria Steinem revient sur l’héritage des années 1960. On les associe souvent au mouvement hippie, en oubliant la violence dont elles ont été teintées. L’auteure prend le temps de remettre les choses dans leur contexte, et ce retour arrière jette un éclairage encore plus troublant sur la période actuelle, aux Etats-Unis mais aussi dans le reste du monde. Les choses n’ont pas assez bougé depuis les années 1960, mais le défi n’est pas encore perdu. Comme Gloria Steinem l’écrit elle-même : « Nous sommes dans une situation critique, mais ce n’est pas une fatalité. »

Une réflexion sur “Ma Vie sur la route, mémoires de Gloria Steinem

  1. topobiblioteca dit :

    Je suis en pleine lecture et j’adore, c’est une personnalité tellement humaine que je bois ses paroles ! Ce livre me fait le même effet que celui de Michelle Obama, j’ai envie de faire des choses moi aussi =)

    J’aime

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