Je suis : poème de John Clare

John-Clare

J’ai cette impression lancinante que la poésie ne cesse d’être réhabilitée par le cinéma et la télévision ces derniers temps. Une impression basée sur des faits bien précis : le nombre de poèmes cités ces derniers temps sur les écrans. Interstellar, Skyfall, et plus récemment la saison 2 de Penny Dreadful. La poésie deviendrait-elle tendance ? Je ne vais pas m’en plaindre, et tout ce qui peut faire naître la curiosité du public pour ce bel art littéraire est forcément à encourager. Aujourd’hui, j’en profite donc pour partager avec vous un superbe poème écrit par John Clare, poète romantique anglais du début du XIXe siècle très peu connu en France. Son texte le plus célèbre, le poème I am, a été cité dans la série gothique Penny Dreadful par les voix talentueuses d’Eva Green et de Rory Kinnear. Je vous invite à le découvrir dans sa traduction française.

« Je suis – mais qui je suis, nul ne sait ou s’en soucie ;

Mes amis me délaissent tel un souvenir vieux :

De mes propres souffrances je me rassasie-

Elles enflent et meurent dans un essaim oublieux

Comme les ombres de nos affres amoureuses-

Et pourtant je suis et je vis –ballotté, vaporeux,

 

Dans le vaste néant du mépris et du bruit,

Dans l’océan vivant des rêves éveillés

Sans le moindre bonheur et sans la moindre vie,

Seul le grand naufrage de mes vies estimées ;

Et même les êtres que j’aime, les êtres chers,

Me sont devenus étrangers –et je les perds.

 

Je rêve de lieux ou nul homme n’a marché,

Où nulle femme encore n’a souri ni pleuré,

Ainsi là avec Dieu, toujours, y demeurer,

Et rêver tel qu’enfant doucement j’ai rêvé,

Serein et calme, couché dans un songe éternel,

L’herbe en dessous –par-dessus, l’arche du ciel. »

 

Certes, ce n’est pas forcément un texte très joyeux, mais je le trouve très émouvant. C’était donc l’occasion de le partager avec vous. Et si vous avez un peu de curiosité sur John Clare, n’hésitez pas à consulter sa fiche Wikipedia ou à chercher des textes de lui sur le web, on en trouve assez facilement. Bonne lecture à tous.

16 réflexions sur “Je suis : poème de John Clare

  1. Laurie dit :

    j’ai découvert ce poème dans la série Penny Dreadful et je dois dire qu’il est très touchant (il correspond bien au personnage « John Clare » de la série en plus), ça donne envie d’en découvrir davantage!

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  2. Arcos dit :

    Pareil, c’est la série (que je regarde pour la 3 ième x) qui m’a dévoilé le poète, j’adore ! Une série qui donne une plus value c’est rare et suis enchantée. En espérant que cela vous fasse le même effet.

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  3. Hugo dit :

    Bonsoir,
    J’ai aussi été sensible à la poésie, notamment, de John Clare découverte dans Penny Dreadful mais contrairement à ce que vous écrivez je trouve difficile de se procurer ses textes en français (ceci dit traduire de la poésie peut apparaître curieux). Le texte que vous reproduisez ne correspond pas à celui dit par Caliban et Vanessa Ives dans le refuge sous-terrain des pauvres et malades :
     » Je suis mais ce que je suis nul ne le sait ou s’en soucie
    Mes amis m’abandonnent comme un souvenir fané par le temps
    N’ayant que mes fidèles tourments pour seule compagnie,
    Ils surgissent et disparaissent visiteurs absents……. »

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    • Audrey boige dit :

      Bonsoir,
      Je regarde cette série depuis peu et j’avoue avoir été troublée par ce magnifique poème  » je suis » de John Clare Je suis assez d’accord avec Hugo , la traduction faite dans la série , différente de celle qu’ on retrouve souvent me plait davantage que celles retrouvées sur internet. Je cherche désespérément à me procurer cette version en francais bien évidement et pourquoi pas en livre. Quelqu’un pourrait-il m’aider?

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  4. Lopez dit :

    J’ai découvert ce magnifique poème comme bcp ds la série . Je dois avouer qu’il décrit à la virgule près bcp de mes sentiments. Depuis je le lis, encore et parfois, et reste sans fin troublé dvt tant de beauté. Malheureusement ses livres en français sont rares ou inexistants .

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    • Gauzin Michelle dit :

      Ce qui est passionnant, et jouissif, c’est d’avoir sous les yeux le poème original, les traductions qu’on en a trouvées, dont certaines sont bien pauvres et décevantes, le dictionnaire de la langue originale au français, un bon dictionnaire français , et se lancer dans sa propre traduction en y apportant beaucoup de soins et de recherches , en s’y remettant autant de fois que nécessaire pour être content de son œuvre ! Et ce, même si on ne connaît pas la langue originale : c’est encore plus intéressant. Ensuite, il faut trouver avec qui en discuter, bien sûr !
      Passez ainsi de bons moments !!!!!!
      Michelle

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      • Alivreouvert dit :

        Pouvoir lire les textes (notamment la poésie) en version originale est LA chose qui m’a motivée pendant mes années en LLCE Anglais. Aucune traduction ne peut restituer la joie de lire vraiment les mots écrits par l’auteur à l’origine. Quand j’ai lu Moby Dick en Anglais, j’étais éblouie tant c’était beau. Les traductions sont pratiques, mais elles ne peuvent pas transmettre ce plaisir à l’état brut.

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      • GAUZIN Michelle dit :

        Hélas, je ne connais pas l’anglais pour connaitre le même plaisir que vous ; mais même en traduction, depuis que j’ai lu pour la première fois Tout Moby Dick, le livre reste sur ma table de chevet pour relecture totale ou partielle, et j’ai lu aussi beaucoup d’autres livres de Melville !
        Est-il possible d’échanger plus personnellement et plus longuement avec vous sur des sujets de littérature ou histoire ?
        Vous connaissez mon mail !

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