Ce 11 novembre est un jour férié : le moment idéal pour buller avec un bon livre… ou pour un voyage à l’autre bout de l’Europe pour découvrir la littérature russe. Si le vent de la révolution souffle sur ce pays de froid et de glace, l’ambiance est en revanche très éloignée des feux d’artifice de notre 14 juillet et des flonflons du bal des pompiers. Car les russes sont aussi durs que le paysage qui les a vus naître. Et leurs auteurs en particulier ne respirent pas particulièrement la joie de vivre. Je n’ai jamais lu un roman russe drôle, ou même une nouvelle. Dit comme ça, ça risque de ne pas vous faire rêver ! Et pourtant la Russie vaut le détour…
La Russie est un pays très vieux, très attaché à sa culture, très fier, riche d’une tradition artistique qui force le respect… ça ne vous rappelle pas un peu la France, par hasard ? Difficile de lancer des ponts entre nos deux rives, et pourtant on ne peut pas comprendre la Russie sans garder à l’esprit que ce pays a été un empire. Et tout comme celui de Napoléon, il s’est effondré. Restent les vestiges d’un passé grandiose dans un pays qui apprend à vivre avec les codes du monde moderne.
La littérature russe moderne n’est pas franchement à la hauteur de son passé. Et pour cause : la liberté d’expression est toute relative. Sous le régime communiste, les auteurs russes ont passé un sale quart d’heure. Lorsque Alexandre Soljenitsyne remporte le Prix Nobel de littérature en 1970, il ne peut pas se rendre en Suède pour recevoir son prix à cause de la pression du régime communiste ! Mais toute période sombre contient aussi sa part de lumière, et c’est souvent dans les heures les plus difficiles de son histoire que la Russie a donné au monde des auteurs et des œuvres d’une ampleur inégalable. Soljenitsyne par exemple, mais avant lui, d’autres noms ont fait résonner la littérature russe par-delà ses frontières.
Pour mieux comprendre la littérature russe, le mieux est encore de la lire ! Des auteurs classiques à la période contemporaine, en passant par les heures sombres de la révolution rouge ainsi que les différentes vagues d’exil qui ont essaimé les auteurs russes aux quatre coins du monde (et beaucoup en France), chaque génération a payé son tribut à la cause littéraire. Plus qu’une œuvre à dimension esthétique préoccupée par le style, la littérature russe se veut surtout la voix d’un peuple. C’est sa singularité en même temps que sa force. Ce qui explique sa puissance et son authenticité. Ce qui explique aussi qu’il est parfois difficile de l’appréhender de front tant elle peut être impressionnante.
Je vous propose donc aujourd’hui une liste de douze œuvres représentatives de l’histoire littéraire russe, et vous le verrez par vous-mêmes, les noms célèbres sont légion !
- Boris Godounov, d’Alexandre Pouchkine
- Les Nouvelles de Petersbourg, de Nicolas Gogol
- Le Joueur, de Fiodor Dostoïevski
- Premier Amour, d’Ivan Tourgueniev
- Anna Karénine, de Léon Tolstoï
- La Mouette, d’Anton Tchekhov (pièce de théâtre à voir plutôt sur scène)
- La Mère, de Maxime Gorki
- Le Docteur Jivago, de Boris Pasternak
- Le Maître et Marguerite, de Mikhaïl Boulgakov
- Le Don paisible, de Mikhaïl Cholokhov
- Pour une juste cause (et sa suite Vie et Destin), de Vassili Grossman
- Le Premier Cercle, d’Alexandre Soljenitsyne
A noter que Roman Jakobson, le père de la linguistique moderne, était russe. Laurent Binet en fait l’une des figures centrales de son roman La Septième Fonction du langage, dont l’intrigue s’inspire très largement des travaux de Jakobson, et rend hommage à ce penseur essentiel du XXe siècle qui avait trouvé refuge aux Etats-Unis.
J’espère que cette petite liste vous donnera envie de mettre le cap sur les grands ouvrages de la littérature russe. Après tout, l’hiver vient comme un dit, et c’est donc le moment rêvé pour découvrir cette littérature venue du froid.
Je vous souhaite à tous de belles lectures !
un livre que j’ai beaucoup aimé, écrit par un français mais qui se déroule en Sibérie, c’est Dans les forêts de Sibérie, de Sylvain Tesson. Je l’ai lu en anglais: http://wordsandpeace.com/2013/09/10/the-consolations-of-the-forest-book-review/
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Belle liste !
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Merci !
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Ah la Russie! Si on met un peu de cote tous les evenements qui s’y passent et nous concentrons sur ces paysages, ses auteurs et son folklore alors effectivement, l’hiver est le meilleur moment pour le faire! J’ai le maître et marguerite dans ma PAL et les contes de Tcheckhov, j’espere pouvoir les lire cet hiver. En attendant, on peut se rechauffer avec un bon bol de borshtch ( j’adore cette soupe). En meme temps je ne suis pas a moitie russe pour rien! D’ailleurs ton article me relance, il faut toujours que je fasse un article sur ma visite de St Petersbourg! Merci de nous faire voyager 😉
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Merci à toi pour ton commentaire. J’espère que tu feras ton article, je serais très curieuse de le lire. Je rêve depuis des années d’aller à St Petersburg.
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