Still Alice : une adaptation tout en finesse

AliceJe n’avais pas lu le livre de Lisa Genova dont est adapté le film Still Alice, mais après avoir vue la bande-annonce de ce film, j’ai tout de suite eu envie de le voir. Je vous en parle un peu tardivement (je ne sais pas si le film est encore à l’affiche), mais comme Mai est le moi du cinéma dans les pages de ce blog, c’est une bonne occasion de vous faire partager ce qui est indiscutablement mon coup de coeur cinématographique de ce début d’année.

Still Alice (littéralement « encore Alice ») raconte l’histoire d’Alice Howland, une linguiste qui travaille comme chercheuse et enseignante à l’université. Elle est talentueuse, saluée par ses paires, elle est mariée à un homme qu’elle aime, elle a trois enfants qui sont grands… Bref, Alice est une femme dynamique et heureuse, épanouie personnellement et professionnellement. Mais quelque chose cloche : elle commence par confondre des choses, elle bute sur des mots alors qu’elle s’exprimait si facilement avant, et surtout elle finit par se perdre alors qu’elle fait son jogging quotidien. Face à cette suite de difficultés, elle décide de consulter un médecin. Après avoir fait toute une batterie de tests, l’horrible vérité tombe comme un couperet : Alice est atteinte d’une forme précoce d’Alzheimer génétique. Dès lors, sa vie bascule dans la maladie et le combat contre la maladie.

Il est certain que cette histoire n’a rien de joyeux, et j’ai moi-même versé plusieurs larmes (je suis très bon public) devant le destin de cette femme sans histoire qui subitement se retrouve spectatrice de sa propre détérioration. Au fil des scènes, le temps passe et Alice perd de plus en plus ses capacités intellectuelles. Elle n’est plus vraiment autonome, n’a plus grand chose à voir avec la femme qu’elle était au début du film.

Plusieurs scènes très poignantes ont retenu mon attention, mais il y en a une en particulier qui résume très bien l’intention du film : la scène où Alice est invitée à prononcer un discours en public sur sa maladie. S’il s’agit un peu d’une figure imposée dans les drames de ce genre, les réalisateurs ont eu la bonne idée de ne pas verser dans les clichés. Ils ne cherchent pas à tirer des larmes de leur public en sortant les violons et en jouant sur les bons sentiments éculés. Tout simplement, ils laissent la parole à Alice.

Dans cette scène merveilleuse de simplicité et d’émotion, Julianne Moore livre la cérite de son personnage avec une étonnante simplicité : non, Alice n’est pas une victime. Loin d’être passive face à la détérioration de sa mémoire, de son identité, de sa vie, elle se bat pour garder le maximum d’elle-même. Tous les jours, elle tente d’inventer des moyens de se souvenir, de se rappeler celle qu’elle est. Elle s’accroche avec force, elle se bat face à l’inexorable, sachant d’avance qu’elle va perdre. Mais les souvenirs sont ce que nous avons de plus précieux. Les moments que nous avons vécus ont construit notre identité : ils sont la clef de ce que nous sommes.

Avec cette scène centrale très réussie, le message est clair : le regard sur la maladie ne doit pas être celui de l’apitoiement. L’apitoiement et la compassion sont deux choses très différentes. C’est avec amour, chaleur et patience que l’on peut lutter. Le premier fléau d’une telle maladie, c’est bien sûr l’isolement des personnes : enfermées dans leur corps sans plus pouvoir se fier à leur esprit, elles sont totalement passives. En ce sens, le film montre bien comment les relations familiales sont essentielles. Car dans le regard des proches d’Alice (et particulièrement sa plus jeune fille), le spectateur ne lit pas seulement la peur de perdre sa mère, il découvre aussi la tentative de la retenir le plus longtemps possible.

Si Still Alice s’attache à raconter une histoire objectivement lourde et difficile, il faut saluer deux choses : en premier lieu la grande réussite de cette réalisation ambitieuse qui réussit à traiter de façon pertinente d’un sujet que le cinéma n’ose pas aborder habituellement ; et ensuite l’extraordinaire prestation de Julianne Moore à propos de laquelle on ne peut pas exprimer assez de louanges. L’actrice américaine a remporté l’Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle, et c’est effectivement une récompense tout à fait méritée au regard du degré d’exigence d’un tel rôle.

Au-delà de l’aspect technique de l’interprétation, je retiens surtout la profonde humanité avec laquelle Julianne Moore défend son personnage (la scène de vidéo sur l’ordinateur est d’ailleurs assez troublante, tant on croit voir l’actrice parler au personnage). Elle est dynamique, authentique, honnête et elle porte avec une singulière énergie une histoire qui nous parle surtout d’amour et d’espoir. Une perle rare.

Le roman dont est issu le film est disponible en français sous le titre L’Envol du papillon, écrit par Lisa Genova et publié aux Presses de la cité.

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