On va jouer à un jeu, vous et moi. Je vais vous demander de me citer 3 noms de romancières qui écrivent de la science-fiction. Allez-y, je vous attends.

Tic Tac, tic tac, tic tac…

C’est une question piège. Et pour cause : si on me la posait, je n’imagine pas réussir à en citer 3 !

Il faut dire que les premiers noms qui me viennent à l’esprit sont des hommes. De sacrés auteurs du genre : Isaac Asimov, Franck Herbert, Pierre Boule (cet autant français qu’on oublie toujours alors qu’on lui doit La Planète des Singes !).

Alors, comme le demandais la chanson : où sont les femmes ?

Aujourd’hui, je vous propose de partir dans une quête intergalactique pour retrouver les femmes qui écrivent de la science-fiction.

SF au féminin : bien sûr qu’il y a des femmes !

Pour commencer, je vais vous faire une confession : la science-fiction n’est pas le genre littéraire que je connais le mieux. Depuis que je suis toute jeune, je regarde des films de SF (Star Wars a bercé mon enfance). Pour autant, la bascule vers la lecture de romans de science-fiction s’est faite très tard dans ma vie de lectrice.

Pourtant je lis un peu de tout… mais visiblement pas tant que ça vu que la SF était étrangement absente de mes étagères.

J’ai commencé à vraiment m’ intéresser il y a plusieurs années. J’étais intimidée (et un peu excitée) à l’idée de mettre le pied sur un continent littéraire qui m’était globalement inconnu.

Forcément, les premiers noms qui viennent à l’esprit sont ceux des romanciers. Il faut dire que la SC regorge de chefs d’oeuvres, avec des romans phares qui ont marqué des générations. Pourtant, cette intuition en faveur des auteurs masculins ne doit pas nous faire oublier que, même si les femmes sont historiquement en minorité sur ce genre, elles sont bel et bien présentes.

D’ailleurs, un des romans de science-fiction les plus célèbres au monde n’est-il pas Frankenstein, écrit par Mary Shelley ?

Malgré ce succès, les romancières sont peu représentées dans le genre de la SF. Et les succès de certaines d’entre elles sont peu, voir pas du tout connus du lectorat français. Et ça pour une raison évidente qui n’a rien à voir avec du sexisme : c’est tout simplement qu’en France, la SF, tout le monde s’en fiche ou presque !

La preuve avec Pierre Boule que je citais plus haut, et qui reste globalement un illustre inconnu dans son propre pays. Fait hautement paradoxal : il est plus connu aux Etats-Unis !

Le cinéma : vecteur d’invisibilité des femmes dans la SF ?

Le snobisme littéraire français à l’égard des littératures de l’imaginaire n’explique pas tout. Et à mon avis, les adaptations jouent aussi un rôle dans la façon dont on perçoit la science-fiction. Si vous y réfléchissez, la majorité des films et séries adaptés sur grands et petits écrans… sont au départ des romans écrits par des hommes.

En ce moment, on est en pleine hype Dune. Et c’est très bien. C’est une oeuvre considérable, passionnante, très exigeante et riche. C’est une saga littéraire qui vaut le détour. Mais c’est symptomatique d’un fait : dès que le cinéma met un roman de science-fiction sous le feu des projecteurs, il s’agit majoritairement d’oeuvres écrites par des hommes. Je ne mets pas en question la qualité de ces histoires. Le seul problème, c’est que ça vient renforcer la perception biaisée qu’on a de la SF. Ce ne serait un genre littéraire dans lequel il n’y aurait pas de femmes. Ou alors pas de bonnes histoires écrites par des femmes.

Mary Robinette Kowal : la romancière de SF avec laquelle j’ai commencé mon enquête

Si vous lisez régulièrement Alivreouvert, vous savez que sur mon blog on trouve principalement trois choses : de la romance de toutes les époques, du roman policier… et des trucs un peu inclassables !

La SF ne rentre dans aucune case, et puisque j’en lis peu, je n’en chronique pas souvent. Pourtant, je m’aventure souvent en librairie dans les rayons de SF. Et depuis quelques temps, j’ai très envie de découvrir une romancière américaine : Mary Robinette Kowal.

Si je me suis intéressée à elle, ce n’est pas du tout parce que c’est une femme. Mais c’est plutôt parce que j’ai lu le résumé de L’Homme superflu et l’histoire m’a semblée géniale. J’ai mis le livre dans ma PAL et commencé à faire des recherches, car il me semblait avoir compris que la romancière avait écrit toute une saga. Et j’avais un peu peur de commencer encore une fois une série de livres dans le mauvais ordre !

Finalement, j’ai découvert plein de choses passionnantes sur cette femme. A commencer par le fait qu’elle était marionnettiste de profession. Et à la suite d’une blessure au poignet, elle s’est mise tardivement à écrire des romans de science-fiction. Et là, ce fut un énorme succès. Ses premières romans ont même gagné beaucoup de prix très prestigieux dans le domaine de la science-fiction.

Aujourd’hui, ses livres sont traduits et publiés dans de nombreux pays… dont la France !

Folio SF à la rescousse

A partir de ma découverte de Mary Robinette Kowal (j’adore son nom, soit dit en passant !), j’ai exploré plus largement le catalogue de son éditeur français, Folio. Si vous ne connaissez pas bien ce que publie la collection Folio SF, sachez que vous passez à côté de véritables trésors. Les livres présentés sont tous plus tentants que les autres !

Plus je me suis aventurée dans le catalogue de Folio SF, plus j’ai découvert de romans de science-fiction écrits par des femmes : Sabrina Calvo, Estelle Faye (qui est française et dont les romans me tentent énormément), Élisabeth Vonarburg ou encore Auriane Velten (qui est aussi française).

Donc oui : il y a bel et bien des femmes qui écrivent de la science-fiction ! C’est juste qu’on ne les connait pas.

Moralité…

Je ne sais pas si mon article va vous donner envie de plonger dans le monde merveilleux (bien que souvent inquiétant) de la science-fiction. Mais mon but était surtout de démontrer une chose : c’est un genre littéraire qu’on connait souvent mal. Et sur lequel on a même des préjugés. Et je ne sais pas dans quelle mesure le manque de visibilité des femmes qui écrivent de la SF décourage ou pas les lectrices à découvrir ce genre.

A mon modeste niveau, j’avais envie de secouer un peu le cocotier interstellaire en démontrant que beaucoup de romancières proposent des histoires passionnantes. Et certaines d’entre elles, comme Mary Robinette Kowal, mettent justement en scène des héroïnes.

A nous de partir à leur rencontre !

Bonne découverte.