C’est la bonne nouvelle du moment : la parution en France de la nouvelle romance historique signée Evie Dunmore, Portrait d’un écossais. C’est le nouveau tome de l’excellente série des Rebelles d’Oxford. Et si vous ne connaissez pas encore, alors vous êtes passé à côté de quelque chose. Car ces romans sont vraiment excellents. Et ils ont une particularité hyper originale : ce sont des romances historiques qui racontent l’histoire des premières suffragettes, celles qui se sont battues pour avoir accès à l’enseignement supérieur. Un mélange parfait entre le divertissement et la leçon d’histoire. Avec des histoires très sexy en prime !

Mon résumé du livre

Elle est peut-être née dans une famille riche et douée pour les affaires, mais Hattie Greenfield n’a pas hérité de la bosse des maths qui a bâti la fortune familiale. Au contraire : elle est plutôt le vilain petit canard de la famille. Son goût pour l’art a beau être distrayant, ce n’est pas ça qui aidera la prestigieuse dynastie à étendre encore son influence. A moins que la romantique Hattie ne finisse par épouser un homme d’affaires aussi riche que barbant.

Riche, Lucian Blackstone l’est indubitablement. Mais s’il connait la famille Greenfield, c’est surtout parce qu’ils sont ses rivaux en affaires. Or, si Lucian réussit bien dans la vie, il lui manque encore les connexions sociales et politiques des Greenfield pour se hisser au sommet. Quand une rencontre impromptue jette la belle Hattie dans ses bras, il voit là le moyen de se rapprocher enfin de son but. Pourquoi ne pas l’épouser ?

A une époque où les femmes n’ont pas vraiment l’occasion de faire entendre leur voix en matière de choix marital, Hattie se trouve confrontée à un impératif : épouser Lucian pour ne pas finir repoussée par sa propre famille. Et le début de sa vie de jeune mariée ne s’annonce pas plus drôle : un voyage loin de Londres pour contrôler des mines. Là-bas, Hattie va découvrir qu’il y a pire qu’être une femme privée de liberté : être une femme pauvre, doublement maintenue en servitude par la société.

Mon avis sur Portrait d’un écossais

J’espère que mon résumé ne vous a pas fait fuir ! C’est vrai que raconté comme ça, la questions des mineurs de fond n’a rien de sexy. Et on ne s’attend pas forcément à croiser ce genre de sujets dans une romance historique. Mais c’est justement ce qui prouve à quel point Evie Dunmore est capable d’écrire des romans ambitieux.

Portait d’un écossais commence comme une romance historique assez classique. Un couple que tout oppose ou presque. La belle un peu ingénue, et l’homme riche, séduisant et ombrageux. On a un duo gagnant sur le papier. En plus, il y a vraiment une forte attirance qui se dégage de ce couple. Dès leur rencontre, l’alchimie fonctionne bien, et leurs interactions font des étincelles.

Mais assez rapidement, le roman entre dans une autre dimension. Et Evie Dunmore se permet de nous embarquer dans une histoire plus complexe, plus riche et plus surprenante. Elle nous transporte loin du glamour des bals et soirées de la bonne société londonienne. Et à la place elle nous propose un voyage surprenant au coeur des campagnes minières. Là-bas, loin du style gentil de la romance historique, la romancière aborde des sujets passionnants. Il est question de pauvreté, de droit des femmes, de l’hypocrisie d’une société qui refuse le droit à l’éducation et au vote des femmes au motif qu’elles sont trop faibles, mais qui n’a aucun scrupule à les envoyer travailler (et mourir) dans des mines de charbon.

Au contact de cette réalité, Hattie évolue et elle devient encore plus intéressante. Cette fille qui ne se sent à sa place nul part, parce que la société n’est tout simplement pas faite pour les femmes, qu’elles soient riches ou pauvre. Le propos féministe est très intéressant. Et en plus, il s’appuie sur des faits réels puisque les femmes pouvaient effectivement travailler dans des mines à l’époque. Et évidemment, c’était avant les règles de sécurité au travail ! Hattie est donc comme un miroir de nous, les lectrices et lecteurs. Nous découvrons la réalité de cette société beaucoup moins glamour, mais bien plus réaliste, à travers ses yeux. Et grâce à cette astuce, Evie Dunmore nous rappelle subtilement que cette lutte sociale a aussi été au coeur de la naissance des mouvements féministes.

Portrait d’un écossais : une idée lecture pour qui ?

J’espère que le propos social et engagé ne va pas vous donner envie de fuir en courant ! Parce que même si j’ai beaucoup évoqué cet aspect de l’histoire dans ma chronique, Portrait d’un écossais reste avant tout une romance historique. Certes, le contexte historique est important. Mais il reste quand même au second plan. Et le sujet principal, ça reste cette belle histoire d’amour entre Hattie et Lucian. Deux personnes qui font un mariage de raison. Mais qui, à mesure qu’ils vont à la rencontre l’un de l’autre, apprennent à s’apprivoiser. Et chacun va enfin pouvoir briser sa solitude en apprenant à faire confiance à l’autre.

C’est une romance très prenante, très riche, et comme toujours l’écriture d’Evie Dunmore est hautement addictive. L’éloignement de Londres fait que Hattie a peu d’échanges avec Annabelle et Lucy, les deux héroïnes des précédents tomes. Et c’est vraiment mon seul regret dans ce livre. A présent, il ne nous reste plus qu’à attendre la parution du quatrième et dernier tome de la série, qui sera consacré à la très discrète Catriona !

Belle lecture.

Découvrez mon interview d’Evie Dunmore

Rencontre avec la romancière qui nous parle de sa vision de la romance historique, de ses inspirations et de sa passion pour l’époque victorienne.

Elle livre aussi des indices sur le dernier roman à paraître dans la série des Rebelles d’Oxford.

—Lire l’interview—