Voilà un album de comics qui était sur ma liste depuis longtemps. Tellement longtemps en fait que je l’avais remarqué au moment de sa parution aux Etats-Unis. Et depuis, il a eu le temps d’être publié en France. C’est finalement au détour d’une de mes séances de shopping de livres d’occasion que je l’ai trouvé. Un clin d’oeil du destin ? On va dire ça ! J’ai donc enfin eu l’occasion de découvrir Shadow of the Batgirl, dont l’histoire est signée par la romancière Sarah Kuhn et les dessins par Nicole Goux. Vous ne connaissez pas le personnage de Batgirl ? Pas de problème : cette histoire inaugurale présente la « nouvelle » Batgirl, Cassandra. Et c’est une origin story qui est donc accessible à tout le monde. Une superbe histoire sur l’adolescence en même temps qu’une réflexion sur la place des personnages féminins dans l’univers des comics.
Mon résumé de Shadow of the Batgirl
Alors qu’elle a été envoyée pour assassiner un homme, Cassandra se détourne au dernier moment de sa cible. L’homme implorant parvient à l’émouvoir, elle qui n’a été élevée que pour devenir une âme sans humanité. En pleine nuit, seule, Cassandra s’enfuit et cherche refuge dans la ville de Gotham. Par hasard, elle finit par trouver la bibliothèque municipale de la ville. Là, cachée dans son coin, elle observe un monde qui lui est doublement étranger. Elle n’a jamais rencontré personne d’autre que son père, l’assassin professionnel qui lui a tout appris, et ses victimes. Son isolement est encore renforcé par autre chose : Cassandra ne sait ni lire, ni écrire, ni même parler. Elle observe patiemment et décide d’apprendre à communiquer avec les autres. Et justement, elle rencontre Barbara Gordon, bénévole auprès des jeunes à la bibliothèque. Elle et la formidable Jackie vont rapidement la prendre sous leur aile. Mais au-dehors, les sbires du père de Cassandra la traquent, bien décidés à la ramener par n’importe quel moyen.
Mon avis sur ce comics
Comme j’ai déjà lu pas mal d’histoires de Batman, je connais plutôt bien le personnage de Batgirl. Au départ, il était incarné par la fille du commissaire Gordon, Barbara, une jeune fille éprise de justice et très intelligente. Mais à la suite d’événements traumatisants qui l’ont laissé dans un fauteuil roulant, Barbara doit se réinventer. Elle décide d’utiliser ses capacités intellectuelles pour aider autrement, notamment en inventant un super-ordinateur pour déjouer les plans des criminels. Et finalement, c’est elle qui recrute la jeune Cassandra Cain pour la remplacer et devenir la nouvelle Batgirl.
Cette histoire se déroule justement au moment de leur rencontre. Et Sarah Kuhn fait un formidable travail d’écriture. Elle donne assez d’éléments pour qu’on puisse comprendre l’histoire globale, et l’enjeu autour de la figure de Batgirl. Mais elle reste principalement centrée sur l’histoire très touchante de Cassandra.
A l’instar des romans de Dickens, les aventures de Batman sont remplies d’une cohorte d’enfants et d’ados orphelins ou en tout cas abandonnés par des parents souvent violents et abusifs. Ce n’est pas franchement une histoire drôle. Mais c’est aussi ce sens du drame qui confère à cet univers une profondeur unique et une vraie richesse narrative. Donc même si habituellement vous n’êtes pas fans de comics parce que les histoires funs ne sont pas votre truc, vous avez de fortes chances de vous laisser intéresser par cette histoire. Tout simplement parce qu’il y a vraiment une histoire.
C’est cette jeune fille en quête d’identité qui prend conscience de son statut de victime et s’interroge sur sa place dans le monde. Avec courage, elle accepte de faire à nouveau confiance. Et sur le socle de l’amitié, elle va rebâtir sa vie. En ce sens, Shadow of the Batgirl est vraiment une histoire très inspirante. Elle évoque la résilience, mais aussi la renaissance, et le personnage de super-héroïne devient la parabole de tout ça. J’ai trouvé que c’était à la fois pertinent et très élégant de construire l’histoire de cette façon.
En plus, Shadow of the Batgirl est servi par un dessin tout en finesse. Nicole Goux intègre des planches vraiment inspirées, avec beaucoup d’émotions et même une touche de poésie. On sent bien l’isolement de Cassandra, qui voudrait communiquer avec quelqu’un mais qui ne sait pas parler. On sent intimement sa peur, son appel à l’aide et sa vulnérabilité. C’est un parti pris qui tranche radicalement avec le côté habituellement très spectaculaire des dessins de comics. Et je trouve que c’est brillant d’avoir ajouté cette dimension très intime, avec parfois une belle dose de chaleur humaine grâce aux personnages de Barbara et de Jackie.
Shadow of the Batgirl : une idée lecture pour qui ?
Si vous avez toujours eu envie de tester les comics mais que vous ne savez pas par quoi commencer, je pense que cet album devrait vous intéresser. Tant par l’histoire que par les dessins, il est très accessible. Il propose une histoire intéressante portée par un personnage particulièrement attachant. Promis : on n’y retrouve pas le côté « glauque » parfois associé à l’univers Batman qui a tendant à faire fuir pas mal de monde !
Et si jamais vous êtes fan de Batman, alors vous aurez l’occasion de découvrir l’histoire d’un des personnages les plus intéressants de l’ère moderne du chevalier noir. Cassandra Cain n’est pas un personnage particulièrement populaire en France. Tout simplement parce que son histoire est peu connue. Elle est apparue comme personnage secondaire dans quelques séries, notamment l’excellent arc narratif de Detective Comics. Mais il me semble que c’est la première histoire publiée en France dont elle est le personnage principal.
Bonne lecture !