En surfant sur le site d’Audible, je suis récemment tombée sur la version livre audio du roman de Becky Albertalli : Moi, Simon, 16 ans, Homo Sapiens. Je sais que le roman a connu un très gros succès. Et il a même été adapté au cinéma. Mais je n’ai pas vu le film, et je n’avais pas encore lu le livre. Comme je n’avais plus de livre audio à écouter, je me suis donc lancée dans cette nouvelle écoute. Et j’en suis ressortie émerveillée !
De quoi ça parle ?
Simon Spears est au lycée de Creekwood, dans la banlieue d’Atlanta. Il a des amis géniaux, deux soeurs adorables, des parents qui ont tendance à être un peu beaucoup envahissants, une prof de théâtre un peu déjantée… et un secret. Sur le Tumblr du lycée, Simon a virtuellement rencontré un garçon, surnommé Blue. Comme lui, il est gay. Et comme lui, il n’a pas encore osé faire son coming out. Le lycée, c’est déjà assez compliqué comme ça sans avoir besoin de raconter sa vie privée à tout le monde, non ? Mais quand Martin, un camarade de classe de Simon tombe par hasard sur ses mails, il décide d’en profiter pour faire chanter Simon. Il n’y a plus que deux options possibles : se soumettre au chantage de Martin, ou alors tout raconter à son entourage. Une décision d’autant plus lourde que les conséquences ne concernent pas seulement Simon mais aussi Blue. Et d’ailleurs, qui est Blue ? Simon se pose la question, et il espère bien le découvrir.
Mon avis sur Moi, Simon, 16 ans, Homo Sapiens
En commençant mon écoute de ce livre audio, je savais à peu près à quoi m’attendre. Un genre de comédie adolescente avec de l’humour et un regard porté sur cette période difficile où chacun d’entre nous s’affirme. Et effectivement, c’est bien ça. Mais il y a plus. Et c’est à cause de cette richesse que j’ai adoré ce livre audio.
Certes, Moi, Simon, 16 ans, Homo Sapiens aborde en premier lieu la question de l’orientation sexuelle des ados. Comment affirmer qui on est dans un contexte encore difficile ? Quel impact sur les relations avec les amis et les autres personnes du lycée ? Quels changements dans la relation avec les parents ? Et pourquoi cette injustice pour les personnes gay de devoir se revendiquer comme tel, alors que les hétéros n’ont aucune annonce particulière à faire ?
Toutes ces questions sont passionnantes, abordées avec beaucoup de pertinence. Mais le sujet de Becky Albertalli, ce n’est pas seulement ça. C’est, plus fondamentalement, la manière dont nous construisons notre personnalité lors de cette période charnière de l’adolescence. Nos goûts, notre tempérament, notre rapport aux autres, notre confiance en nous. J’ai trouvé que tout ça était abordé avec tact, finesse et beaucoup de chaleur humaine. La romancière apporte de l’humour pour dédramatiser tous ces sujets et éviter de sombrer dans une histoire larmoyante qui n’aurait pas grand intérêt. Car son message est simple : la vie est plus forte que tout le reste. Et ça peut nous aider à relativiser les périodes d’épreuves.
Le petit truc en plus qui fait basculer le roman dans ma catégorie personnelle « coup de coeur », c’est qu’en plus il y a du suspens. On se croirait presque dans un roman policier ! L’histoire commence à cause des mails échangés entre Simon et le fameux Blue, dont l’identité est un secret. Et forcément, comme Simon, on se prend au jeu. On finit par se demander qui est Blue, puisqu’on sait dès le départ que c’est un jeune homme de son entourage, qui fréquente le même lycée que lui. Je dois avouer que je commençais à tomber dans la même paranoïa enthousiasmante qu’en lisant un roman d’Agatha Christie : je soupçonnais tout le monde ! Et à la fin, je me suis quand même plantée ! Bravo à la romancière pour avoir gardé un tel suspens du début à la fin.
Enfin, je prends un moment pour féliciter le narrateur. Le livre est lu par le comédien Gauthier Battoue. Et de ce que j’ai compris sur le site d’Audible, c’est lui qui double l’acteur qui a joué dans le film adapté du roman. Il est tout bonnement excellent. Comme le roman est écrit à la première personne du singulier, ça aide à rester toujours en phase avec le personnage de Simon. Mais même quand il y a les répliques des autres personnages, le narrateur apporte les bonnes nuances pour qu’on comprenne qui parle, sans pour autant « faire des voix » trop artificielles. Sa voix est très plaisante, drôle quand il faut, émouvante à d’autres moments. Bref, c’est très plaisant de l’écouter pendant les presque 6 heures de durée du livre audio.
Moi, Simon, 16 ans, Homo Sapiens : une idée lecture pour qui ?
Si vous cherchez un roman sympa, émouvant et drôle, qui vous donnera la pêche, alors c’est le livre qu’il vous faut. Et même si vos années d’adolescence sont derrière vous depuis longtemps (un peu comme moi !), sachez que cette histoire a assez de consistance pour vous intéresser et vous tenir en haleine. C’est un très beau roman, bien construit et traversé par des personnages très attachants. Le ton se veut léger, mais ça n’empêche pas le livre de mettre le doigt sur pas mal de sujets importants. Et mine de rien, il aborde avec justesse la question existentielle qui nous a tous tiraillé : qui suis-je, au fond de moi ?
Vous pouvez le lire en version papier. Mais franchement je vous encourage à le découvrir en livre audio. Le format convient parfaitement à cette histoire. Et le narrateur fait un travail formidable. Même si vous n’êtes pas encore habitué au livre audio, je pense que ça peut être une belle découverte pour vous. Parce que oui, c’est un format qui peut être intéressant, particulièrement pour les histoires racontées du point de vue du personnage principal. On a l’impression agréable d’être tout prêt de lui, qu’il se confie à nous. Et cette intimité fait totalement partie du plaisir de l’histoire.
Bonne écoute !