Moi, obsédée par les héros de fiction ? Vous plaisantez !

Inspirée par le fameux #JeudiConfession de Twitter, j’ai décidé d’écrire un article un peu décalé sur mon rapport à la littérature. Plus précisément, je vais vous parler d’un truc un peu honteux. Oui, j’avoue tout : j’a tendance à tomber amoureuse des personnages des romans que je lis. Pas au point de perdre de vue la différence entre fiction et monde réel. Mais quand même : je traverse parfois des phases quasi obsessionnelles avec des personnages. Pourquoi ? Suis-je un cas pathologique ? Je n’ai pas la réponse, mais je remarque que les choses se passent toujours de la même façon. Elles suivent un cycle de coup de coeur, obsession et nostalgie qui n’a jamais varié au fil des années.

Gilbert, mon premier crush

Quand j’avais onze ans, mes grands-parents m’ont offert une pile de livres pour mon anniversaire. Et ça m’a marqué parce que dans le lot il y avait le roman de Lucy Maud Montgomery : Anne et la maison aux pignons verts. C’est à ce moment-là que Gilbert et moi avons fait connaissance. Et ce fut le coup de foudre.

Certes, il avait tendance à se moquer de la gentille Anne à cause de ses cheveux roux. Et elle ne se laissait pas faire ! Après un grand coup d’ardoise sur la tête, Gilbert est rentré dans le droit chemin. Et au fil des romans, il est devenu l’incarnation d’un genre de prince charmant. L’élève brillant un peu agitateur est devenu un fringuant étudiant en médecine, et finalement un jeune homme très attirant.

Dans mon imaginaire adolescent, c’était exactement le genre de garçon que j’aurai voulu rencontré « pour de vrai ». Mais à l’époque, je n’avais pas la moindre idée de ce qu’étaient vraiment les relations amoureuses. Et Gilbert était donc un personnage réconfortant, facile d’accès. Il représentait un idéal romantique atteignable.

J’ai lu et relu les romans de Lucy Maud Montgomery tellement souvent que je ne suis même plus capable de vous dire combien exactement. Je les ai relu pour le plaisir de suivre la vie et l’émancipation d’Anne. Pour la nostalgie de cette partie de mon enfance. Mais aussi pour Gilbert. Parce que lui et moi, je sais que c’est pour la vie.

Monsieur Rochester, je vous aime !

Avec le temps, mes attentes amoureuses fictives ont un peu augmenté. Aux environs de 18 ans, j’ai été passionnée par la veine la plus noire du romantisme en littérature. J’ai lu Musset et Rimbaud. Et oui : à chaque fois, je suis un peu tombée amoureuse d’eux. Des histoires condamnées à l’échec vu, entre autre choses, qu’ils sont tous les deux morts avant ma naissance.

Puis j’ai rencontré Jane Eyre. J’aime bien Jane. Elle est un peu austère, et la vie n’est pas drôle avec elle. Mais il y a quelque chose qui palpite à l’intérieur de ce personnage. Et c’est grâce à elle que j’a fait connaissance avec monsieur Rochester. D’accord, voilà un personnage héro romantique qui coche toutes les mauvaises cases. Il est déjà marié. Il vit dans un manoir qui ferait passer la demeure de Batman pour un club Med des Caraïbes. Et en plus, il a un sens de l’humour un peu particulier.

Il n’empêche que ce personnage m’a vraiment subjugué. Il est charismatique. Il a du charme, à sa manière un peu ombrageuse. Et je sais que si j’ai souvent relu Jane Eyre, c’est principalement à cause de lui. Plus encore que pour Jane. Plus encore que pour la beauté de l’écriture de Charlotte Brönte. J’aime la façon dont il aime Jane. Il est passionné, mais il la traite comme une égale. Charlotte Brönte lui fait même dire qu’il est « orgueilleux d’elle » à cause de sa bonté et de son intelligence. Il me semblait qu’aimer quelqu’un de cette façon était la plus belle des choses au monde. Et je n’ai pas changé d’avis. Chaque fois que je relis ce passage, je suis toujours autant ému par la déclaration d’Edouard Rochester.

Nikolaï : mon prince charmant/pirate/inventeur de génie

L’année dernière, j’ai entamé ma lecture des 7 romans de l’univers Grisha, écrit par Leigh Bardugo. Cela faisait longtemps que je n’avais pas été obsédée par un personnage de fiction. En fait, depuis ma vingtaine et mon coup de coeur pour Faramir, dans Le Seigneur des Anneaux, j’avais été assez sage. Mais là, boom ! J’étais déjà charmée par le prince Nikolaï dans la trilogie Grisha. Mais dans la duologie King of Scars, sa transformation en roi frappé d’une atroce malédiction a fait fondre mes dernières résistances. Pauvre de moi : j’ai replongé !

Pitié, ne vous moquez pas de moi. Après avoir terminé ma lecture du second tome de King of Scars… j’ai repris la lecture du premier roman ! Et j’ai relu le second dans la foulée ! C’est bien simple, j’ai adoré ce personnage. Son sens de la répartie, un mélange de charme et de sarcasme, y est pour beaucoup. Et le fête qu’il se transforme en bête assoiffée de sang parle à la fan de La Belle et la Bête que je suis. Sans compter que la relation d’amour/haine qu’il entretient avec Zoya la dure-à-cuire a de quoi faire fondre le coeur de n’importe quelle lectrice.

Qu’est-ce qui rend un personnage de fiction à ce point attirant ?

J’ai déjà eu des coups de coeur pour des personnages féminins, mais jamais à un tel point. Du coup, je me rends compte que c’est vraiment le capital séduction des personnages masculins qui me les rend à ce point attachants. Suis-je condamnée à toujours passer par cet ascenseur émotionnel dans mes lectures ?

Passer pour une ado attardée, lectrice tombée en pamoison devant des hommes qui n’existent même pas n’a rien de drôle. Même si, évidemment, je prends tout ça à la rigolade. Quand même : plus j’avance dans ma carrière de lectrice, plus je me rends compte que la séduction est effectivement une dimension importante de la littérature. Même dans des genres comme le roman policier, la capacité d’un personnage à se faire aimer des lecteurs joue un rôle crucial. C’est ce qui fait la différence entre un personnage qu’on prend plaisir à suivre, et une série qu’on finit par abandonner faute de réel enthousiasme. Alors, les auteurs font-ils exprès de rendre leurs personnages adorables ?

Je n’ai pas la réponse à cette question. Il me semble que beaucoup trop d’auteurs ont été dépassé par l’affection du public pour leurs personnages pour que cette hypothèse se vérifie. Plus vraisemblablement, c’est quelque chose qui arrive, comme par magie. Un auteur imagine des personnages, et l’un d’entre eux sort du lot, sait capturer l’attention et l’affection du lectorat. Fait intéressant, ce ne sont pas toujours les personnages les plus gentils ou les plus méritants qui sont récompensés par notre bienveillance et nos sentiments. Pensez un peu au Trône de fer !

Pour en revenir à moi, je sais bien sûr que monsieur Rochester ne va pas sortir des pages de son livre pour venir vivre une folle passion avec moi. Je ne suis pas un cas désespéré ! Et j’ai fait mon deuil de ma naïveté émotionnelle en ce qui concerne les héros de fiction. Oui, je les adore d’une manière parfois un tantinet obsessionnelle. Mais en fait, je suis assez heureuse d’avoir conservé ce rapport spontané à la lecture. Quand je commence une histoire, j’y crois « pour de vrai ». Et quand je rencontre des personnages de fiction, je suis prête à ressentir autant de compassion pour eux que pour des personnes réelles. Ce parallèle peut sembler choquant, mais je pense aussi que c’est justement comme ça qu’on exerce notre capacité d’empathie. Alors, merci les héros de fiction. Vous m’avez fait passer de beaux moments, et je ne les oublierai jamais.

7 réflexions sur “Moi, obsédée par les héros de fiction ? Vous plaisantez !

  1. Eliseuse dit :

    Je pense que pour la lecture va de paire avec cet effet « fangirl », ce syndrome dont tu sembles atteinte autant que moi😎. Est-ce que pour toi, c’est juste dans les romans ou aussi pour les films ? Personnellement, c’est les deux ! Dis-moi de te citer mon personnage préféré, tout confondu, et tu en auras 25 😉

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    • Alivreouvert dit :

      Ah je me sens moins seule, merci ! Pour le coup, c’est surtout quelque chose qui se passe avec les livres. Je n’ai presque jamais ce genre de rapport avec des personnages de films et de séries. Je pense que c’est lié au fait que c’est une représentation visuelle « extérieure » à moi, et pas une création de mon imagination qui s’accapare le personnage du livre. Je ne sais pas si c’est très clair ?!

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      • Eliseuse dit :

        Si !!!! J’avoue que parfois, je craque aussi pour les films, mais c’est parce que je suis aussi très réceptive aux jeux d’acteur et aux tics des acteurs (par exemple, ils ne font pas exprès, mais dans tous les films ils ont un rictus…), alors voilà !
        Du coup, des fois tu veux retrouver l’univers juste pour retrouver ce/ces personnage/s en particulier, comme moi ?

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  2. vinushka64 dit :

    Je crois que je n’ai jamais eu de crush pour un personnage de roman (ou alors il faut que j’y réfléchisse, donc ce n’était pas assez intense, snif), sauf peut-être Martin Eden. Mais j’envie cette faculté !

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