Le nouveau roman de Sophie Kinsella, A Charge de revanche, est sorti il y a seulement quelques semaines en France. Il était très attendu, et pour cause : lors de sa sortie en Angleterre, les critiques ont été élogieuses. Avec ce nouvel opus, Sophie Kinsella prend un peu de distance avec la comédie romantique pour livrer une grande histoire sur la famille. Dans A Charge de revanche, il y a une histoire d’amour, oui, mais il y a surtout l’histoire d’une fratrie qui s’est éloignée avec le temps. Au décès de leur père, Fixie, la plus jeunes des trois, va devoir trouver le moyen de renouer les liens d’amour et de confiance dont elle a besoin pour traverser la crise et reprendre sa vie en mains. Une histoire qui s’annonce inspirante !
La Maison Farr est une véritable institution à Londres. Ce magasin, qui existe depuis des décennies, fait pourtant face à une crise grave. Depuis le décès du père de famille et fondateur de la boutique, Fixie, la plus jeune des enfants Farr, aide sa mère à gérer le magasin. Mais les choses sont loin d’être faciles. Quand sa mère décide de prendre des vacances après de graves problèmes de santé, Fixie pense pouvoir tout gérer elle-même. Mais c’est sans compter son frère et sa sœur aînés, bien décidés à « aider » à leur façon. Entre les envies de boutique de luxe du premier et les cours de yoga et de tarot animalier de la seconde, on ne peut pas dire que Fixie reçoit l’aide dont elle a besoin pour maintenir la boutique à flots. Une aide providentielle se manifeste pourtant de la façon la plus incongrue qui soit : à la faveur d’un effondrement de plafond, Fixie sauve la vie d’un homme désireux de la remercie à n’importe quel moyen.
A bien des égards, A Charge de revanche s’est révélé être un roman surprenant. Déjà parce que je m’attendais à lire une comédie romantique. J’ai l’habitude de lire beaucoup de livres de Sophie Kinsella, et elle est vraiment très douée pour écrire des comédies romantiques loufoques, originales et hautement addictives. Au début du livre, c’est vrai qu’A Charge de revanche ressemble à une comédie romantique. Mais assez rapidement, le livre prend une autre dimension. Et je dois admettre que j’ai été très agréablement surprise par cette histoire.
Le cœur véritable de l’intrigue, c’est Fixie et sa famille. Plus précisément ses relations avec son frère et sa sœur. Ils sont tous les deux plutôt égoïstes et déconnectés de la vie du magasin. Mais ils n’ont pas leur pareil pour mettre la pagaie. Assez rapidement, on découvre les tensions sous-jacentes entre les trois membres de cette fratrie. Des tentions qui pèsent surtout sur Fixie, la petite dernière, qui a des relations conflictuelles avec ses aînés mais refuse la confrontation par peur de briser les liens familiaux.
Le personnage de Fixie est certainement le personnage le plus subtil et le plus réaliste écrit par Sophie Kinsella à ce jour. J’avais envie de la secouer, de la prendre dans mes bras, de pleurer et de rire à ses côtés. Elle vit le même dilemme que n’importe qui peut vivre dans sa famille. Il y a de l’amour dans sa famille, mais cet amour ne se matérialise pas sous la bonne forme. Les non-dits, les rancœurs du passé et les vieilles blessures refont surface, mais ne sont toujours pas résolu.
J’ai adoré ce roman. Cette lecture s’est révélée très émouvante. Certes, il y a moins d’humour que dans les précédents romans de l’auteure. Encore que le personnel du magasin Farr est quand même gentiment gratiné ! Sophie Kinsella livre ici un très bon roman, divertissant et émouvant. Un roman à ne pas manquer.
Le livre évoque cette prise de conscience de Fixie : ce n’est pas parce qu’on aime les gens qu’il faut se laisser marcher sur les pieds. En ce sens, le livre est très inspirant. Il parle de sujets très concrets, qui touchent tout le monde. C’est vraiment un roman ancré dans la vie réelle. Et si vous avez lu la série de l’Accro du shopping, disons-le tout net : on est ici dans un registre très différent !