Petit Enfer dans la bibliothèque est le septième tome (et à ce jour le dernier) des aventures de Thursday Next, saga écrite par Jasper Fforde. Pour les lecteurs assidus qui sont tombés sous le charme de cette série littéraire déjantée et brillante, ce livre sonne la fin de la partie. Mais pour tirer sa révérence, Jasper Fforde ménage encore pas mal de surprises. Si ce roman avait été un coup de cœur la première fois que je l’ai lu, je dois avouer que j’ai retrouver un plaisir intact au moment de ma relecture. J’y ai retrouvé tous les éléments qui m’avaient plut la première fois, à commencer par un suspens formidable et un humour toujours aussi loufoque.

Après avoir réchappé d’une tentative d’assassinat dans le précédent volume de ses aventures, la détective littéraire Thursday Next reprend le chemin du travail. Certes, elle clopine encore un peu et sa hanche lui fait mal, mais elle est persuadée malgré tout qu’elle va décrocher la promotion tant convoitée. Elle qui se rêve déjà directrice du service des détectives littéraires tombe de haut. A la place, on lui confie la place de responsable du réseau de bibliothèques du comté ! Une mise au placard loin de l’action qui ne lui convient pas du tout. Encore que ce poste a priori confortable pourrait lui laisser le temps de régler quelques soucis secondaires : la ville est menacée par un feu purificateur qui doit s’abattre à la fin de la semaine ; son fils a reçu un avertissement d’après lequel il tuera un parfait inconnu dans trois jours ; et un consortium diabolique tente de la remplacer par un robot. Une semaine pour sauver tout le monde : facile !

En règle général, l’action des romans de Jasper Fforde est toujours très resserrée dans le temps. Dans ce nouvel opus, le phénomène est encore accentué. Petit Enfer dans la bibliothèque se déroule en une semaine pile, montre en main. Et chaque jour ménage son lot de rebondissements, d’actions, d’intrigues et de surprises. L’histoire est menée sur les chapeaux de roues, et le lecteur doit bien accrocher sa ceinture !

Petit Enfer dans la bibliothèque est un livre dense car il y a plusieurs histoires qui s’entre-croisent, et elles sont toutes très intéressantes. L’intrigue principale concerne le châtiment divin qui doit s’abattre sur la ville. Thursday cherche à l’empêcher, ou tout au moins à sauver les habitants de la ville. Cet aspect de l’histoire permet de revenir sur toute la thématique religieuse déjà présente dans les précédents tomes. C’est très intéressant car les éléments précédents, qui étaient plutôt là pour apporter de l’humour, font désormais partie intégrante de l’histoire. Tout ça donne un aspect encore plus cohérent à la saga.

Ensuite, la raison pour laquelle j’adore ce tome, c’est qu’on voit beaucoup les enfants de Thursday et de Lander. Friday est un jeune homme qui tente de trouver sa place, maintenant que les voyages dans le temps n’existent plus. Il se rend compte qu’il a malgré tout un rôle à jouer pour empêcher la fin de l’Humanité. Le personnage est drôle, entouré de pas mal de mystères, et très agréable à suivre. Et sa jeune sœur Tuesday est un personnage encore plus délirant. Ce génie en herbe doit construire un bouclier anti-châtiment divin. Du haut de ses seize ans, elle jongle habilement avec ses responsabilités de génie et sa vie d’ado. Le clash entre ses deux aspects est à mourir de rires, surtout quand on fait la connaissance de son petit-ami !

Ce livre est mené tambour battant, et si vous aviez aimé les précédents tomes, vous allez vous régaler avec Petit Enfer dans la bibliothèque. Il recèle tous les ingrédients pour vous faire passer un excellent moment. Mon seul regret, c’est que la fin est beaucoup trop ouverte. Je ne m’en rappelais pas, mais cette fin laisse présager d’une suite. Malheureusement, Jasper Fforde n’a jamais publié de tome suivant. Je croise les doigts car ma relecture m’a conforté dans l’idée qu’il s’agit d’une des sagas littéraires les plus réussies de la littérature moderne. C’est d’ailleurs dommage qu’elle ne bénéficie pas d’une plus grande visibilité auprès des lecteurs, car ces romans sont géniaux. De la grande littérature de divertissement : originale et intelligente, bourrée d’humour et d’action. Comme un concentré de tout ce qui fait qu’on aime lire !