Si vous suivez ce blog depuis déjà quelques temps, vous savez déjà que je suis une grande fan de Musset. C’est mon auteur préféré depuis mes dix-sept ans et je me replonge régulièrement dans ses lignes avec un grand plaisir. Evidemment, pour ce qui concerne ses pièces de théâtre, c’est toujours mieux de les voir sur scène. Malheureusement, pour trouver des productions de pièces de Musset, il faut se lever de bonne heure ! Du coup, j’ai forcément été intriguée/attirée par la production des Caprices de Marianne dans un théâtre parisien que je ne connaissais pas : le Ciné XIII Théâtre. Ni une ni deux, j’y suis allée. Et alors là, c’est bien simple : j’ai été conquise !
Pour vous resituer un peu, Les Caprices de Marianne raconte l’histoire d’un trio amoureux où forcément rien ne fonctionne comme ça devrait. Coelio est tombé fou amoureux de la belle et douce Marianne. Mais Marianne est mariée à Claudio, et cette jeune-fille très pieuse refuse de se laisser séduire par quiconque. Coelio décide donc de demander de l’aide à son ami Octave, noceur invétéré qui connaît par coeur les faiblesses de la gent féminine. Le plan de Coelio est simple : demander à Octave, neveu de Claudio, de trouver Marianne et de la convaincre de rencontrer Coelio. Mais la rencontre entre Marianne et Octave ne se passe pas comme prévu : Octave est désarçonné par cette âme pure et Marianne n’est pas indifférente au charme indocile d’Octave. A partir de là, tenir la promesse faite à Coelio va s’avérer bien difficile pour Octave…
Chez Musset, il est toujours question d’amour. Et quand il n’est pas question d’amour, il est question de pureté. Avec Les Caprices de Marianne, on a les deux ! Ironiquement, le titre de cette pièce de théâtre est assez connu du grand public, mais l’histoire par contre n’a pas laissé de traces indélébiles dans l’esprit des gens. Il faut dire que Musset n’est plus vraiment étudié à l’école et qu’il est donc dur de faire sa rencontre. Pourtant, Les Caprices de Marianne est une pièce passionnante qui mérite d’être redécouverte.
En ce qui concerne la mise en scène proposée au Ciné XIII Théâtre, j’avais lu quelques avis disant que c’était moderne, jeune et dynamique. Le mot est faible. Pour ma part, j’ai eu l’impression que les metteurs en scène avaient pris la pièce de Musset, l’avaient dépoussiéré et l’avaient directement plongée dans le XXIe siècle. Une sensation très agréable. Cette mise en scène est effectivement tout de suite moderne et dynamique. Et le résultat fait honneur à Musset.
Dès le début de la pièce, le spectateur est plongé dans un monde moderne avec des décors urbains. Pareil au niveau des costumes : on pourrait croiser les personnages à une station de métro et ça ne nous choquerait pas. Et en faisant fi du style XIXe siècle, la pièce permet au spectateur d’aller tout de suite à l’essentiel en regardant les personnages et l’histoire. Parce que, rappelons-le, Musset n’est absolument pas un commentateur de son époque, ce n’est pas le sujet de ses pièces. Ce sur quoi il écrit, ce sont les gens. Il s’intéresse aux rouages du coeur et de l’esprit, il se passionne pour la psychologie de ses personnages. Ses histoires mettent souvent en scène des rapports de force entre les personnages et des personnages qui sont en quête d’eux-mêmes. Plonger Les Caprices de Marianne dans notre époque, c’est encore la meilleure façon de prouver que ces sujets sont toujours actuels et qu’ils n’ont pas pris une ride.
L’ensemble de la pièce est très bien rythmé, et c’est quelque chose qui m’a fait très plaisir. Chez Musset, ça bouge ! Ici, les choix de mise en scène amènent beaucoup de souffle et d’énergie à l’histoire. L’utilisation très originale de la musique permet des temps de respiration, tantôt comiques tantôt graves. Une excellente trouvaille. Enfin, il faut quand même saluer le jeu des comédiens. Cette distribution est très jeune, d’une jeunesse qui se prête très bien aux thèmes d’amour et de sensualité présents dans l’histoire.
La dernière fois que j’ai autant aimé voir une pièce de Musset sur scène, c’est quand j’avais vu Lorenzaccio au théâtre des Amandiers de Nanterre. Avec cette nouvelle mise en scène des Caprices de Marianne, on retrouve toute la poésie de Musset, son goût du rire et des larmes, son énergie… bref son théâtre dans toute sa splendeur. Cette pièce mérite vraiment le détour et j’en profite pour dire un mot au sujet du Ciné XIII Théâtre. Je ne le connaissais pas et pourtant il est situé à deux pas de la place du Tertre, à Montmartre. C’est un théâtre très agréable où toute l’équipe est vraiment très chaleureuse. Si vous avez envie de passer un bon moment au théâtre, oubliez tous vos préjugés contre le théâtre classique et donnez sa chance aux Caprices de Marianne. La pièce est en représentation jusqu’au 19 février. La pièce dure 1h20 et il y a des représentations les mercredi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche. Courez-y, je ne peux pas dire mieux !