Paris, c’est bien. Mais quitter Paris, c’est mieux ! C’était un peu le sentiment d’Emile Zola qui, bien que profondément attaché à la capitale, avait envie de se mettre un peu au vert. La thébaïde est trouvée sous la forme d’une charmante maison de campagne située à Médan, dans les Yvelines. Pas trop loin de Paris pour s’y rendre facilement mais déjà assez éloignée pour profiter du calme. Cette maison est devenue un musée en l’honneur d’Emile Zola et on peut la visiter toute l’année. Et puisque l’auteur y a écrit plusieurs de ses romans, on y respire un peu de son héritage littéraire. L’occasion de revenir plus en détails sur la vie d’un grand auteur français au sujet duquel on ne sait pourtant que peu de choses.
Régulièrement cité dans la liste des meilleurs auteurs français de tous les temps, Emile Zola n’a pas seulement fait briller son nom au firmament de la littérature française, il a aussi eu une influence considérable sur la littérature occidentale en posant notamment les jalons du roman réaliste et engagé tel que nous le connaissons maintenant. Pourtant, derrière ce visage encombré d’une barbe brune et de lunettes, la vie privée de l’auteur reste un mystère pour la grande partie du public français. On se souvient d’avoir étudié ses livres à l’école (moi j’ai eu droit à Pot-bouille au lycée, et malheureusement c’est un mauvais souvenir), mais quant à parler de la vie de l’homme : mystère et boule de gomme !
Zola a vécu une vie relativement tranquille… même si entre sa femme et sa maîtresse, on peut dire qu’il vivait une double vie sentimentale palpitante ! Toujours est-il qu’il était au centre d’un groupe littéraire fascinant et que Maupassant et Huysmans faisaient partie de ses proches amis. Au fur et à mesure de la parution de ses livres, Zola va connaître un succès grandissant et faire fortune. Grâce à sa situation mieux établie, il décide d’investir en achetant une maison. Il jette son dévolu sur les Yvelines et découvre là-bas une maison dans la commune de Médan dont il tombe immédiatement amoureux. Grâce à l’argent récemment gagné avec L’Assommoir, il achète la propriété. Nous sommes en 1878 et l’auteur gardera cette maison jusqu’à sa mort.
Dès 1878, Zola va se lancer dans des projets d’agrandissement et d’aménagements. Il faut agrandir la maison de deux tours : l’une baptisée Germinal et l’autre Nana. Un peu comme Alexandre Dumas à Port-Marly, Zola entretient une étroite proximité entre sa « vraie vie » et son œuvre. Sa vie domestique reflète bien cette limite trouble. Zola vie une vie bien réglée dans cette propriété de Médan où il vit huit mois par an, né rejoignant Paris ou Aix que l’hiver. A Médan, il écrit plusieurs de ses livres, parmi lesquels Au Bonheur des dames, Germinal, Nana ou encore La Bête humaine.
En 1880, Médan entre dans l’histoire littéraire française grâce à un recueil de nouvelles : Les Soirées de Médan. Ce petit ouvrage aujourd’hui oublié regroupe les proches d’Emile Zola autour d’un projet littéraire amusant : écrire chacun une nouvelle puis toutes les regrouper dans un seul ouvrage. Parmi les participants, on retrouve Zola lui-même, Maupassant, Huysmans, Hennique, Paul Alexis et Henry Céard.
A la mort de son mari, madame Zola décide de léguer la maison à l’assistance publique pour en faire un hôpital. Mais finalement, en 1984, la maison est transformée en musée en l’honneur de l’écrivain. Aucun autre lieu n’est autant attaché à Zola que la maison de Médan. C’est là qu’il a habité le plus longtemps et écrit plusieurs de ses livres. Le jardin et la maison sont ouverts au public et peuvent être visités tout au long de l’année. De quoi pénétrer un peu dans l’intimité de Zola et apprendre à le découvrir.