Fight club Sherlock Holmes VS. Hercule Poirot

Sherlock-VS-Poirot

Ils sont tous les deux nés dans la même patrie : celle de la littérature anglaise. Au fil des décennies, ils ont continué à rencontrer le même enthousiasme auprès du public mondial. Et pourtant, voilà deux hommes que beaucoup de choses opposent et qui ne se sont jamais croisés autrement que sur les étagères des bibliothèques. Une bonne fois pour toutes, je vous propose de départager nos deux héros pour savoir lequel est le meilleur détective de la littérature anglaise. Que le match commence !

Les parents

Sherlock Holmes : Arthur Conan Doyle, médecin écossais. Ce pragmatique attaché aux principes de la rationalité va peu à peu basculer dans un univers parallèle, persuadé que les fées existent par exemple. C’est aussi un fan assidu des médiums. Convaincu à la fin de sa vie que les vivants peuvent communiquer avec les morts, le romancier avait quand même un peu « lâché la rampe » ! Il a passé une grande partie de sa carrière littéraire à détester son personnage et a même tenté de le tuer une fois. Pas bien…

Hercule Poirot : Maman s’appelle Agatha Christie. Elle est drôle, elle est vive et elle a beaucoup d’imagination. Mais surtout, elle s’ennuie un peu. Infirmière dans un hôpital militaire pendant la Première Guerre mondiale, elle développe des connaissances en pharmacie et en poisons qui pourraient faire froid dans le dos. Mais la gentille dame ne s’en sert que dans ses livres. Dans la vraie vie, sa fantaisie et sa gentillesse étaient le cœur de sa réputation, et les spécialistes s’interrogent encore : comment une femme si « normale » a-t-elle pu inventer autant de crimes aussi sordides ?

Biographie

Sherlock Holmes : Sherlock Holmes naît en 1887 avec la parution d’Une Etude en rouge, sa première enquête. On ne sait quasiment rien de lui car Arthur Conan Doyle n’a pas révélé beaucoup de détails biographiques sur son personnage : il a un frère et un grand-oncle français qui était peintre. C’est maigre. Par contre, on sait qu’il est inspiré du docteur Joseph Bell, professeur de médecine que Conan Doyle a bien connu. D’un caractère très difficile, Sherlock Holmes est un personnage assez en marge de la société. Il ne semble s’animer que lorsqu’une bonne affaire se présente et, si son esprit fonctionne à plein régime, le cœur est pour le moins atrophié. Il finit par couler les jours paisibles de sa retraite en consacrant son temps aux abeilles, qui sont son autre passe-temps avec le violon.

Hercule Poirot : Plus jeune que son illustre confrère, Hercule Poirot est né en 1926 (La Mystérieuse Affaire de Styles), même si le personnage est déjà un peu âgé. Détective en Belgique, il vient s’installer en Angleterre pendant la Première Guerre mondiale et ne quittera plus le pays. Il est beaucoup plus voyageur, et même s’il apprécie son petit confort, Poirot n’hésite pas à prendre le train et le bateau pour courir le monde : la France, la Grèce, l’Egypte… Il prête régulièrement son aide aux gens et amis qui viennent le voir. Il lui arrive aussi souvent de se retrouver malgré lui premier dans des concours de circonstances : s’il part en vacances, il est certain de croiser des cadavres sur son chemin !

Les acolytes

Sherlock Holmes : Sherlock Holmes a principalement deux têtes de turc : le bon Docteur John Watson, vétéran de la guerre d’Afghanistan, qui apporte des connaissances médicales et sert surtout de narrateur aux histoires, mettant habilement en valeur son tempétueux camarade ; et l’inspecteur Lestrade qui, le pauvre, a bien du mal à suivre et fait parfois l’objet de critiques sévères de la part du détective. Le frère aîné du détective, Mycroft, est également présent dans de très rares histoires. Mais les liens fraternels ne sont pas suffisants pour faire de lui un personnage de premier plan… d’autant que son intelligence, qui apparaît comme supérieure à celle de son frère, pourrait faire de l’ombre au génie de Baker Street.

Hercule Poirot : Arthur Hastings, capitaine de métier et ami loyal de Poirot. Cet homme d’action n’a pas peur du danger, même s’il est souvent moins rapide intellectuellement. Hastings rencontre, tout comme Watson, sa future épouse lors d’une enquête. Il quitte par la suite Poirot mais reviendra plusieurs fois dans des histoires. A chaque fois qu’il est présent dans une enquête, c’est lui qui sert de narrateur, retranscrivant fidèlement les exploits de son ami. A ses côtés, la police est représentée sous le visage placide de l’inspecteur Japp. Arrangeant mais peu vif, l’inspecteur ne sert souvent pas à grand-chose pour Poirot, à part à lui ouvrir les dossiers de la police.

Les ennemis

Sherlock Holmes : Moriarty est devenu indissociable du nom de Sherlock Holmes. Pourtant le personnage n’apparaît que dans une seule histoire. Mais quelle histoire ! Le Napoléon du crime est l’alter ego de Sherlock. Ce génie du crime a une intelligence hors paire qui ne peut être vaincue qu’au prix de la vie du détective. Ils périssent tous les deux en tombant dans les chutes de Reichenbach.

Hercule Poirot : Aucun ennemi déclaré.

Les femmes de leurs vies

Sherlock Holmes : Si l’existence supposée de ses sœurs demeure un débat acharné parmi les holmésiens, quelques femmes traversent parfois la vie de Sherlock Holmes, notamment Irène Adler qui reste la plus célèbre d’entre elles. Mais Mme Hudson est sans conteste le personnage féminin qui a la plus grande longévité, même si elle est largement reléguée au second plan. De même, l’épouse du docteur Watson, qu’il rencontre dans la première enquête, devient au fil du temps une ombre fantomatique jusqu’à disparaître complètement de l’univers dans la seconde partie du canon. D’autres personnages font leur apparition de loin en loin, et Sherlock se retrouve même fiancé une fois… mais ce n’est qu’un stratagème !

Hercule Poirot : Même si Poirot a tendance à venir au secours des jeunes filles en fleur, il n’y a vraiment que deux femmes qui comptent dans sa vie. La première est l’inébranlable Miss Lemon, la secrétaire parfaite… et c’est Poirot l’intransigeant qui le dit ! Miss Lemon est relativement discrète mais très intelligente, et elle arrive à suivre l’allure de son patron, même quand les affaires sont corsées. L’autre figure féminine incontournable, c’est bien sûr Ariane Oliver (l’écriture de son prénom varie selon les traductions françaises). Auteure de roman policier, elle est bien sûr le double d’Agatha Christie qui s’amuse follement avec ce personnage un peu trop haut en couleurs. Pour Poirot, cette amie encombrante a tendance à lui taper sur les nerfs, d’autant plus qu’elle a le don de le mettre en situation de danger de mort : c’est elle qui le convainc de venir participer à une murder party au cours de laquelle un invité se fait effectivement assassiner !

Sociabilité

Sherlock Holmes : Asocial. Rétif à toute forme d’émotion. Pas de fréquentations connues. Misanthrope. Tendance à la mélancolie.

Hercule Poirot : Bougon et assez guindé, Hercule Poirot ne se laisse pas facilement dérider. Pourtant, il n’a rien contre la vie mondaine, bien au contraire. C’est d’ailleurs souvent parmi ses fréquentations sociales qu’il rencontre les cas les plus intéressants. Il lui arrive même de développer des amitiés avec certaines personnes que l’on retrouve au fil des livres.

Techniques de raisonnement

Sherlock Holmes : La déduction est devenue un art grâce au génie de Sherlock. Pour cela, il faut compter sur un solide sens de l’observation, une analyse froide des faits et une formidable banque de données. Wikipedia n’existait pas encore donc Sherlock assimilait toutes les informations lui-même grâce à sa formidable mémoire. Une mémoire qui n’est pourtant pas sans failles comme le prouve l’histoire du Trois-quart disparu.

Hercule Poirot : Le raisonnement est la base du métier de Poirot. Il a, comme son confrère, un solide sens de l’observation. Mais le plus souvent, son talent s’exerce sur les personnes et pas seulement sur les objets. Il est toujours très lucide sur les relations entretenues entre les personnes et peut ainsi sonder les mystères de l’âme humaine. On le voit notamment dans l’histoire du Train Bleu, où Poirot est le seul à percer le secret d’un des personnages grâce à son « intelligence du cœur ».

Catch phrase

Sherlock Holmes : « Le jeu est lancé » est la phrase préférée de Sherlock. Malheureusement, les fans ont tendance à croire qu’il s’agit de la remarque acide « Elémentaire mon cher Watson » qui n’a pourtant jamais été prononcée dans les livres. C’est une invention qui nous vient directement du cinéma. C’est vrai que la réplique a du style, mais elle n’est pas d’origine.

Hercule Poirot : « Les petites cellules grises » de Poirot ont tendance à taper sur les nerfs de tout le monde, et surtout de la police. Dès que Poirot veut montrer qu’il comprend plus vite que les autres, il souligne l’importance de ses petites cellules grises, car après tout c’est vrai : son cerveau est plus efficace que celui des autres !

Les cas manqués

Sherlock Holmes : Bizarrement, un cas manque à l’appel dans les histoires de Sherlock Holmes. Malgré le fait que l’histoire soit contemporaine des aventures de Sherlock Holmes, le détective ne s’est jamais attaqué au problème de Jack l’éventreur. Les biographes se posent la question depuis des années : pourquoi Arthur Conan Doyle n’a-t-il pas fait apparaître cette énigme sur le chemin de son brillant détective ? Peut-être parce que l’histoire était trop sensible à l’époque ou parce qu’il ne voulait pas verser dans le sensationnalisme ? Peut-être tout bonnement qu’il n’avait pas d’idée sur l’identité du coupable ?

Hercule Poirot : Malgré le fait qu’il laisse repartir les coupables du Crime de l’Orient-Express sans les dénoncer à la police, il n’existe aucune affaire manquée par Poirot.

Verdict

Hercule Poirot, vainqueur ! Il a plus de qualités et beaucoup moins de défauts que son concurrent. Si, en matière d’intelligence pure, il est quasiment impossible de les départager, il faut tout de même souligner qu’un cross-over entre les deux serait certainement très savoureux. Nul doute que Poirot ne manquerait pas de renvoyer Sherlock « dans ses 22 » avec quelques répliques bien senties sur son mauvais caractère. A ma connaissance, il n’existe aucune histoire dans laquelle les deux personnages se rencontrent. C’est peut-être mieux comme ça : ce n’est pas sûr que les lecteurs s’en remettraient !

Et vous, qu’en pensez-vous ?

7 réflexions sur “Fight club Sherlock Holmes VS. Hercule Poirot

  1. Natacha dit :

    J’adore Sherlock Holmes mais j’ai une petite préférence pour Hercule Poirot ! Je me suis d’ailleurs lancé le défi de ne lire que les romans le concernant ^^ Je laisse de coté Miss Marple. Un super article encore une fois !

    J’aime

  2. juneandcie dit :

    Je proteste votre honneur au nom de mon client. Son mauvais caractère n’a jamais affecté la qualité de ses déductions. Son abstinence émotionnelle n’étant que le fruit de sa rigueur professionnelle. Certes, on peut lui reprocher son addiction à certaines substances novices mais comment nier que cet homme a sacrifié sa santé au service de la justice. 😇😁

    J’aime

Vous en pensez quoi ?

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s