Je suis très contente de vous retrouver ce soir pour un nouveau moment cinéma littéraire. Vous l’avez sans doute remarqué vous aussi, ces derniers jours, la nuit commence à tomber plus tôt. Eh oui, les jours raccourcissent drastiquement, et il fait bon se pelotonner le soir près de la cheminée. Enfin, personnellement je vis en région parisienne dans un appartement sans cheminée, mais bon, vous voyez l’idée ! Etant donné que le thème du mois est consacré aux littératures de l’imaginaire et que Halloween est à la fin du mois (ceci expliquant cela), j’ai eu l’envie ce soir de vous faire partager l’une des plus belles adaptations de livre au cinéma : le Dracula de Francis Ford Coppola.
L’histoire de Dracula, tout le monde la connaît à peu près. C’est un vampire, il va tomber amoureux d’une mortelle qu’il veut posséder. Malheureusement, elle est déjà fiancée à un autre. Du coup, notre vampire romantique va devoir se mettre en chasse. Il est aussi question de chasse dans l’autre camp, puisque « les forces du bien » veulent à tout prix abattre cette créature monstrueuse qui représente un danger pour les braves gens… étant donné qu’il se nourrit de sang (ce qui n’est pas bien, on le rappelle).
Maintenant que nous sommes à peu près bons sur les grandes lignes de l’histoire, il convient quand même de rappeler que le plus important dans Dracula, ce n’est pas tellement l’histoire mais son esthétique. Et bien oui, le paradoxe de ce roman qui est l’un des exemples les plus célèbres au monde de littérature gothique, c’est qu’il se fonde surtout sur une esthétique subversive, des thèmes sensuels (voire sexuels), et c’est surtout son côté sulfureux qui lui a valu de devenir célèbre. Pour remettre les choses dans le contexte, Dracula est un peu le Fifty Shades of Grey de son époque. On parle de femmes qui se font sucer le sang par une créature des ténèbres, et la métaphore sexuelle était tellement explicite dans la société victorienne corsetée et moralisatrice, que le livre circulait sous le manteau ! Et on voudrait nous faire croire aujourd’hui que Dracula est une histoire à frissonner ? On ne parle pas du bon frisson !
Francis Ford Coppola, lui, a bien lu son Dracula, et il a compris que l’essentiel du livre ne relevait pas du récit d’horreur, mais au contraire d’une forme de sensualité interdite. Du coup, il réalise un film esthétiquement bluffant, rythmée par des scènes qui ressemblent à des fresque de la grande peinture italienne. Au beau milieu de tout ça, il offre un coup de jeune à notre vampire campé par un impeccable Gary Oldman (toujours présent pour les rôles de grands méchants qui croquent les gentilles filles). Le reste du casting est plutôt bien trouvé avec un Keanu Reeves qui oscille fascination et horreur, et une Winona Rider parfaite en Mina, héroïne malgré elle d’une histoire d’amour destinée au tragique.
Alors oui, ce film fiche un peu la trouille. Quand je le regarde, il arrive régulièrement que je m’éveille en sueur à trois heures du matin, en allumant toutes les lumières de la pièce parce que je suis persuadée qu’il y a quelqu’un dans la chambre. Mais je suis une froussarde, c’est plus fort que moi ! Pourquoi je continue de regarder ce film, alors ? Tout simplement parce qu’il est magnifique et qu’il vaut vraiment le détour. C’est devenu un classique du cinéma, et il vous fera oublier tout ce que vous pensiez savoir sur les films de vampire. D’ailleurs ce n’est pas un film de vampires. Dracula, c’est tout sauf un film de vampire. C’est beaucoup plus que ça : la quintessence du romantisme noir. Comment lui résister ?
Eh bien, ça fait deux fois aujourd’hui qu’on évoque sur un blog auquel je suis abonné un thème ou une histoire que j’ai traitée sur mon blog! 🙂 En fait, c’est le livre « Dracula », et non le film que j’ai traité. Ce qui est assez amusant, c’est que même s’il semble exister de la fascination entre Mina et le vampire dans le roman de Bram Stocker… la romance entre ces deux-là est absente du livre. 🙂 En revanche, il est vrai que pour un roman ancien, outre son esthétique sombre et gothique, je l’ai trouvé très moderne dans cette évocation de la sensualité, dans son contexte technologique (avec toutes ces avancées des années 1890!) et dans le traitement du personnage principal féminin, Mina. Pour une fois un roman du XIXe avec une femme qui a la tête sur les épaules! 🙂
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Je l’ai regardé il y a peu pour la première fois et je l’ai trouvé horrible. Ahah. Il faut dire que je n’aime pas trop le sang… je n’ai pas accroché. Mais je comprends que tu le trouves magnifique.
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