Vous ne le savez peut-être pas, mais le château de monte Cristo existe pour de vrai. Né de la fertile imagination de celui qui reste l’un des plus formidables auteurs français, le château a réellement été construit et on peut même le visiter actuellement. J’ai eu la chance s’y aller une fois, et comme j’en garde un excellent souvenir, j’en profite aujourd’hui pour vous faire découvrir ce lieu.

Alexandre Dumas a eu la chance de rencontrer de son vivant un grand succès, et l’argent rentrant dans les caisses, l’auteur en a profité pour réaliser un rêve et bâtir son célèbre château. Habitant à Saint-Germain à l’époque, Dumas choisit un terrain pas trop loin de chez lui, et c’est comme ça qu’il acquiert un terrain à Port-Marly, dans les Yvelines.

Trois années de travail sont nécessaires pour faire sortir de terre le rêve architectural de Dumas. La commande est importante et précise car l’auteur veut que sa demeure soit un superbe château dans le style Renaissance, avec un intérieur tout aussi majestueux que l’extérieur. Mais Dumas veut aussi pouvoir écrire en paix, et c’est pourquoi il commande un deuxième château à l’architecte. Ce deuxième bâtiment, de taille plus modeste, doit être construit sur un ilot de la propriété et lui servira de cabinet de travail. Véritable refuge, Dumas lui donne un nom tout droit tiré de son œuvre. Ce sera donc le Château d’if.

Une grande fête est organisée en 1847 pour inaugurer sa nouvelle demeure. Nul doute que les deux châteaux ont dû faire sensation parmi les invités ! Dumas avait à coup sûr le goût de la démesure, et ces deux constructions sont à la fois la réalisation de son rêve d’auteur tout autant que la preuve de sa réussite (et de sa fortune de l’époque). On peut voir à l’intérieur du château principal de superbe pièce, avec en requiem concerne une nette préférence pour le salon mauresque qui est simplement magnifique. C’est aussi sur la façade du château que l’on peut découvrir la devise personnelle de Dumas ‘J’aime qui m’aime’.

Le château d’if ne se visitait pas quand j’ai fait ma visite, mais j’imagine que sa petite taille ne permet pas d’accueillir les visiteurs. On reste donc au-dehors du cabinet de travail, mais à deux pas seulement des célèbres œuvres du maitre puisque les titres de ses romans ornent la façade. Juste un mot pour préciser que la balade dans le parc est très plaisante.

Les aléas de fortune ont fait que finalement Dumas n’a vécu qu’une année environ dans ces châteaux. Son train de vie déraisonnable et ses créanciers auront raison de lui, et il fut contraint de vendre sa Belle propriété en 1848. La maison passa à travers les époques, presque oubliée. Dans les années 196, un projet immobilier but le jour, qui prévoyait rien de moins que de raser les deux châteaux pour construire autre chose à la place. Heureusement, un héros digne de Dumas vint à la rescousse de l’héritage architectural de l’auteur. Alain Decaux, grand dumasien, mobilisa autour de lui d’autres passionnés afin de créer la Société des Amis d’Alexandre Dumas, dont la première mission fut la sauvegarde du domaine. Ils réussirent, au depuis le début des années 1970, les visiteurs peuvent se rendre à Port-Marly pour visiter le château de Monte-Christo dans toute sa gloire.

Dumas a laissé sur la littérature française, un peu comme Jules Verne, le goût de la démesure, l’idée qu’aucune idée n’est trop folle pour être l’objet d’un roman, et surtout la certitude que les histoires sont faites pour faire cavaler nos imaginations aux quatre coins du globe, dans des aventures qui nous captivent le temps que dure l’histoire. Le fait qu’il ait réussi à faire prendre corps à une partie de son rêve est pour moi une source intarissable d’admiration. Visiter Port-Marly est l’occasion de marcher dans son rêve.