Avez-vous remarqué que la fin de l’année 2013 a été marquée par un certain ras-le-bol de la déprime ? Il ya eu la chanson Happy de Pharell Williams et maintenant le film La Vie rêvée de Walter Mitty. Tous nous incitent à être heureux. A bien y réfléchir, j’ai l’impression que nous sommes actuellement cernés par un vent d’optimisme. Ce n’est pas trop tôt !
Ce film est adapté d’une nouvelle de James Thurber, un auteur américain pas très connu en France. Sa nouvelle, The Secret Life of Walter Mitty, est pourtant très connue outre Altantique où elle avait déjà fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 1947. Tellement connue qu’elle est une source intarissable d’inspiration dans la culture populaire. Rappelez-vous de la série Ally McBeal et son personnage principal qui avait tendance à rêver en plein jour : la digne héritière de Walter Mitty.
Car si l’histoire de départ a changé au fil des années, le point de départ reste le même : un type ordinaire avec un gros problème de « rêve éveillé » qui voit sa vie chamboulée suite à un événement imprévu qui lui tombe dessus.
Cette version travaillée avec inventivité par Ben Stiller nous présente Walter Mitty comme un employé de Life, le célèbre magazine américain. Notre homme est responsable des photographies et passionné par son travail. En revanche, ses capacités relationnelles sont pour le moins limitées. Pas d’amis à part son collègue. Sa mère dont il prend soin, et sa sœur gentiment fêlée. Même pas un chien. Pourtant, il aimerait bien aller vers les autres, et en particulier cette charmante nouvelle collègue à laquelle il n’ose pas parler.
Sa vie va basculer le jour où le photographe vedette de Life envoie une pellicule dans laquelle il manque une photographie. Précisément celle de la couverture du prochain numéro. Le photographe baroudeur est injoignable, il va donc falloir le retrouver en partant pour… le Groenland. Toute une aventure pour notre timide rêveur qui va devoir se confronter à la réalité s’il veut retrouver le cliché manquant.
Je suis allée voir ce film en ayant seulement vu l’affiche et en ayant lu le pitch. Je n’en savais pas plus et j’ai été émerveillée par cette histoire à la fois originale et pleine de tendresse. Au fil de l’histoire, on découvre un personnage moins austère et plus attachant qu’on pensait. On découvre comment les dures réalités de la vie l’ont empêché de vivre ses rêves, et comment sa « vie normale » lui ôté tout enthousiasme et tout vrai bonheur.
Ce film est à la fois un hommage aux rêves de l’enfance et une ode à l’aventure. Il nous invite à partir à l’aventure, à prendre des risques… Et à vivre finalement.
Ben Stiller, qui a accepté de passer derrière la caméra sur ce projet, film son personnage avec bon goût, sans en faire des tonnes comme dans d’autres de ses films. Mention spéciale à la scène d’introduction qui nous montre avec beaucoup de tendresse et une économie de moyens bienvenue la tristesse d’un homme seul. Cette pudeur alterne dans la première partie du film avec les séquences rêvées où au contraire on bascule dans l’outrance : des effets spéciaux, de la grosse musique, une mise en scène plus kitsch…
Ben Stiller a tout compris à cette histoire. Elle nous parle de nous-mêmes, de la part d’enfant que nous avons abandonné en route. Il nous raconte comment la société moderne nous fait grandir trop vite et nous éloigne de notre vérité. Avec beaucoup de finesse, il dresse le portrait d’un homme de son temps, aux prises avec les problèmes d’argents, la crise financière, la maison de retraite de sa mère, les sites de rencontres en ligne… Autant de choses qui nous empêchent de nous réaliser, mais que nous ne pouvons pas ignorer facilement.
Ce film lumineux, rempli de chaleur humaine et traversé par le souffle de l’aventure est porté par une énergie phénoménale. On sort de la salle avec l’envie de partir faire le tour du monde en sac-à-dos. Une vraie réussite ! Je vous invite à ne pas le rater.