Je remarque que beaucoup de lecteurs ne goûtent que modérément le plaisir du théâtre dans un fauteuil. Je ssuis la première à dre que c’est devant une scène que l’on vit au mieux une oeuvre de théâtre, mais j’avoue sans honte que j’aime aussi lire des pièces de temps à autres. Déjà parce que la programmation de mon théâtre de quartier ne me permet pas de voir tout ce que je veux ; et ensuite parce que ce n’est pas le même budget entre un livre de poche et une place en premier rang !
Il y a quelques temps, je me suis plongée avec curiosité dans l’une des plus célèbres pièces de Shakespeare : Beaucoup de bruit pour rien. Je ne l’avais jamais lu ni ne l’avais vu sur scène. Pour tout dire, je savais à peine de quoi parlait la pièce. J’ai acheté une édition bilingue, courageusement. Et c’est tout aussi courageusement que j’ai abandonné définitivement l’idée de lire Shakespeare dans le texte : c’est une épreuve trop dure pour moi ! Je reste donc dans le chemin balisé de la traduction, remettant ma compréhension du maître anglais entre les mains de traducteurs meilleurs que moi pour décoder les anciennes tournures de phrase et expressions de l’époque élizabéthaine.
Comme souvent chez Shakespeare, l’histoire se fonde simultanément sur deux intrigues qui se croisent et se décroisent avant de nous mener à un dénouement qui résout tous les problèmes en quelques belles phrases. C’est simple, mais le plaisir reste le même. Ici, il est question d’amour, de rivalités et de quelques caractères qui auraient besoin d’une bonne leçon.
Un beau jeune homme tombe amoureux d’une belle jeune fille. Elle l’aime. Ils décident de se marier : tout va bien. Sauf que le frère batard du roi, jaloux de tout ce joli monde, décide de faire courir une fausse rumeur sur la future mariée. S’ensuit alors une série de rebondissements (fausse mort, entre autre : un classique shakespearien !) avant que les tourtereaux ne soient réunis dans la béatitude maritale.
Mais quid de la seconde intrigue ? Là encore histoire d’amour, mais dans un registre différent. Comme souvent, Shakespeare aime apporter une touche d’humour un peu décalé avec des personnages plus proches des spectateurs, parfois à la limite du ridicule, mais qui apparaissent finalement plus touchants que les héros. Béatrice et Benedicte sont mon coup de coeur pour cette pièce. Ils se détestent et représentent pourtant les deux facettes d’une même pièce. Leurs dialogues ressemblent à de véritables jouttes oratoires, et leurs tempéraments respectifs sont savoureux dans leur façon de toujours rentrer en conflit. Toutefois, quand leurs amis respectifs leur font croire à chacun que l’autre est amoureux, les choses commencent à changer.
Belle variation sur le jeu de l’amour et de la rivalité hommes/femmes, cette seconde intrigue apporte toute sa saveur à cette pièce, en lui conférant notamment une allure moderne de « guerre des sexes ». Bref, une pièce à découvrir de toute urgence, que ce soit dans votre fauteuil… ou devant une scène !
Une réflexion sur “Beaucoup de bruit pour rien, de Shakespeare”