Avec sa couverture toute pimpante, le roman de Véronique Chauvy, L’Ivresse du vent, nous invite autant à une lecture cosy qu’à un voyage nostalgique. Et effectivement, nous voilà propulsés au début du siècle dernier, quand l’automobile était encore une aventure. Une aventure interdite aux femmes. Inspirées par des faits réels, la romancière française tisse une histoire touchante et méconnue : celle de la lutte que les femmes ont dû mener pour obtenir le droit à cette forme d’indépendance que constitue la conduite. Un sujet passionnant.
Mon résumé du livre
Gabrielle a beau être une riche héritière, posséder sa propre voiture, avoir de bonnes relations et le goût de la course : elle ne pourra quand même pas concourir lors de la célèbre course Gordon-Bennett qui doit se dérouler en France. Les membres de l’Automobile Club de France ont tranché, et aucune femme ne sera sur la ligne de départ. Hélène aussi est réduite au rang de spectatrice. Elle, l’infirmière dévouée et passionnée par les voitures, a bien compris que l’automobile était la première étape vers un nouveau monde. Un monde dont la jeune Sabine, femme mécanicienne autodidacte, se sent elle aussi exclue. Être une femme d’origine modeste la condamne doublement à rester sur le bas côté de la route…
Mais quelques rencontres judicieuses pourraient changer la donne pour ces trois femmes. Et durant les quelques mois de préparation de la course en Auvergne, chacune va avoir enfin l’occasion de trouver sa propre voie et d’écrire sa propre histoire.
Mon avis sur L’Ivresse du vent
Qu’il est original ce livre ! Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce roman. Et en fait, Véronique Chauvy nous propose une histoire au propos très intéressant. Elle aborde la question de l’émancipation féminine à l’aune d’un autre changement social de grande ampleur : la révolution automobile. Le lien entre les deux ? Les femmes comme les voitures ont fait bouger la société, l’ont fait avancer en bousculant ses codes et en la faisant entrer dans le monde moderne.
Le début du XXe siècle qui sert de cadre au roman de Véronique Chauvy est un moment charnière. Un nouvel horizon s’ouvre grâce à la technologie (les voitures) et grâce à la mobilisation de plusieurs pionnières qui veulent faire comprendre au reste du monde que la place des femmes n’est pas dans une cuisine, mais bel et bien partout où elles veulent. Oui, les femmes ont le droit d’avoir des ambitions. Et la voiture, symbole de liberté, est la métaphore rêvée pour aborder le sujet. D’autant que les femmes n’ont pas été les bienvenues dans cette aventure automobile ! Trop fragiles, pas assez intelligentes pour conduire. Et de toute façon, où seraient-elles aller ? La suite de l’histoire a prouvé combien l’accès à la conduite a été un élément important pour l’émancipation des femmes.
La romancière choisit plusieurs portraits croisés pour porter son histoire. Les trois femmes principales bien sûr. Mais aussi une formidable galerie de personnages secondaires grâce auxquels on saisit tous les enjeux de cette société en mutation. Un monsieur comme il faut, très respectable… qui cache sa maîtresse à tout le monde ! Sa fille, une romantique aux prises avec les contraintes sociales de l’époque qui veulent qu’on doit se conduire comme il faut… et ne pas trop en savoir sur les choses de la vie ! Sans compter plusieurs auvergnats du cru, pour lesquels la vie quotidienne est bien chamboulée par cette course qui s’élance au mépris de leur sécurité.
De péripétie en péripétie, Véronique Chauvy fait rebondir son histoire, parfois avec humour et parfois avec tendresse. Elle évoque la place des femmes avec pertinence mais sans s’appesantir non plus. Et elle rend aussi un bel hommage à cette aventure incroyable que fut le début de l’histoire automobile. Le côté grisant de la course, les enjeux nationaux pour les nations qui s’affrontaient à la veille de la Première Guerre mondiale. Bref, c’est vraiment tout une époque qui revit sous nos yeux.
L’Ivresse du vent : une idée lecture pour qui ?
Si vous aimez les romans inclassables, alors vous allez adorer celui-ci ! Je ne sais pas si on peut dire que c’est un roman historique, un roman féminin ou un croisement des deux. Et en fait, l’étiquette importe peu. Ce qui compte, c’est surtout le plaisir de la lecture !
Un angle original pour parler de l’émancipation des femmes ! Merci pour la découverte 🙂
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Oui l’idée est très originale. Bonne lecture !
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