Levez la main et n’ayez pas peur : moi aussi, j’ai commencé à en lire ! Je m’étais promis d’attendre début décembre. Et finalement je n’ai pas tenu mas résolution. Quelle surprise ! Côté boulot, j’ai eu pas mal de travail, pas mal de stress et beaucoup de fatigue. J’avais donc envie de me détendre avec des livres funs, sans prise de tête. Et c’est vrai que la romance est un peu ma lecture doudou dès que j’ai le moral en berne. Alors sans surprise, j’ai commencé ma cure annuelle de romances de Noël. Et vous savez quoi ? ça me fait un bien fou !

Mieux que la vitamine C : les romances de Noël !

Je sais : machine retourne dans son petit bled ; elle tombe sur machin, un charmant vétérinaire veuf au charme ravageur ; suite à un accident incongru (ils sauvent un bébé renne ensemble), bam, ils tombent amoureux et vivent heureux pour toujours. Les romances de Noël n’ont pas forcément bonne presse. Les grincheux leur reprochent de toujours reposer sur les mêmes clichés. De ne pas être originales. De dégouliner de bons sentiments.

Ouais, parce que regarder le monde réel au JT de 20 heures, ça fait tellement de bien au moral de tout le monde !

Les romances de Noël, en gros, ça dure pendant un mois et demi chaque année. Certes, ça fait deux semaines de plus que le Tour de France. Mais si on a le droit de bassiner tout le monde avec le vélo, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas aussi avoir droit aux romances de Noël. Surtout qu’en règle général, on les lit dans notre coin, on en regarde à la télé. Mais ce n’est pas pour autant qu’on va bassiner les collègues avec ça autour de la machine à café. Je ne passe pas mon temps à inonder mes amis avec des photos de mes lectures de saison. Contrairement à certains/certaines qui ne se gênent pas pour raconter leur vie 🙂

Attention : c’est aussi la saison du Grinch !

Récemment, j’ai vu un post sur Twitter. Une blogueuse relayait un article à charge contre les romances de Noël paru dans la presse écrite (en Belgique, si ma mémoire est bonne). Le monsieur qui écrivait l’article n’avait jamais lu un seul livre. Et il ne comptait pas le faire. N’empêche qu’il avait une idée bien à lui sur la question. Il fallait vraiment être la dernière des idiotes pour apprécier les romances de Noël. En gros, des livres décérébrés qui annonçaient la fin de la civilisation.

Mais bien sûr. Ne changez rien surtout !

En gros, il y aurait d’un côté la littérature digne d’intérêt, et de l’autre les livres débiles. Et forcément, les romances de Noël tombent dans cette catégorie. Sauf que… Défendre cette vision des choses, ça revient à juger le lectorat. Et ça revient aussi à véhiculer une vision fascisante de la culture. Un monde dans lequel tout le monde doit lire et aimer la même chose. Où la différence est mal vue. Pire : une société dans laquelle les goûts divergents sont automatiquement sanctionnés et brocardés sur la place publique.

Outre le manque flagrant de respect envers le lectorat et ses différentes sensibilités, ce qui me choque ce sont deux choses. La première, c’est qu’encore une fois c’est une littérature féminine qui a droit à la condescendance d’un article à charge. Oui parce que c’est tellement facile de s’en prendre à la romance en faisant comme si les femmes étaient une partie irrécupérable du lectorat actuel. La seconde, c’est que le « journaliste » ne semblait pas connaître les chiffres du marché du livre. En France, les romances font vendre. Ce sont des best-sellers. Les romans de plusieurs écrivaines trônent en tête des ventes. Et plus de ventes de livres, ça veut dire plus de ventes en librairies aussi. Les romances de Noël donnent un coup de boost au marché du livre.

Alors : vous préférez vivre dans un monde uniforme dans lequel les éditeurs et les librairies finissent par mettre la clé sous la porte ? Ou vous avez envie de vivre dans une société où chacun est libre de lire ce qui lui plait, et où vendre beaucoup de livres n’est pas perçu comme quelque chose de suspect ?

En cas d’urgence, brisez la glace et lisez une romance de Noël

En temps que blogueuse littéraire, j’envisage mon activité comme un acte militant. Je n’ai pas de légitimité particulière. Mais je lis pas mal. Et j’essaye à mon niveau de véhiculer la passion de la lecture ainsi que la tolérance et la curiosité qui vont avec. Je n’imagine pas une seule seconde manquer de respect à quelqu’un au seul prétexte qu’il ou elle lit quelque chose qui ne me plait pas. C’est une évidence.

Je tiens aussi à rappeler une chose. Depuis la pandémie, nous avons toutes et tous été très secoués dans notre vie quotidienne. Le sentiment de confort est devenu rare. Il me semble que tout le monde a gardé comme un reste de vulnérabilité. Et même si le quotidien a repris ses droits, c’est parfois difficile de se sentir à nouveau en sécurité. L’instabilité du monde (climatique, politique, économique) se rappelle sans cesse à nous. Certes, cette fragilité de la condition humaine n’a rien de nouveau. Mais nous en avons fait l’amère expérience, et il faut maintenant retrouver des clés pour appréhender notre vie avec plus de sérénité.

Alors plus que jamais, c’est important de défendre la vision la plus large de la lecture. Admettre qu’on a le droit de lire des romances de Noël, des sagas fantastiques, des histoires de vampires amoureux, de la romance historique… Le message que j’aimerais faire passer, c’est que personne ne devrait jamais à avoir à légitimer ses choix en matière de lecture. C’est un plaisir. C’est votre plaisir. Alors profitez-en, et ne vous laissez pas gâcher la vie par votre collègue qui se croit drôle en se moquant de vos romances de Noël adorées. N’écoutez pas les critiques de votre amie à l’air pincé, qui prétend que seul le dernier prix Goncourt est digne d’intérêt. Et d’une manière générale, continuez de cultiver le plaisir de lire quoi que les autres en disent.

Je suis fière de lire des romances de Noël parce que ça me rend heureuse. C’est quelque chose qui me donne le sourire, même dans une période compliquée. Et je n’ai pas besoin que quelqu’un vienne valider mes choix.

Moralité…

Mon programme de lecture de ces prochaines semaines va donc sentir le sapin, la cannelle et la joie de vivre. Je vais faire semblant de croire au suspens. Je vais accepter d’imaginer les happy end. Je vais fermer les yeux et voir la neige voltiger devant moi. Je vais écouter la voix des romancières qui ont pris du temps pour écrire ces histoires. Et je vais partager tout ça avec vous, dans la convivialité et la bonne humeur.

Je vous souhaite de très belles lectures !