Sang trouble, le nouveau roman de Robert Galbraith, a été récemment publié en France. Et le livre a débarque dans nos librairies auréolé de commentaires particulièrement élogieux en provenance des lecteurs anglo-saxons. Là-bas, le roman est carrément devenu le tome le plus aimé et le mieux noté de toute la saga des enquêtes de Cormoran Strike. Habituellement, je n’aime pas m’en remettre à l’enthousiasme du moment. Mais quand ce sont les lectrices et les lecteurs qui font la promotion d’un livre, il y a de quoi susciter ma curiosité. Je me suis donc lancée à l’assaut des 900 pages de ce pavé. Oui vous avez bien lu, c’est un pavé. Mais rassurez-vous : chaque page en vaut la peine !
Mon résumé
En sortant d’un pub de Cornouailles tard le soir, Cormoran Strike voulait juste griller une cigarette et prendre un peu de distance avec ses problèmes familiaux (le cancer de sa tante est en mauvaise voie). Mais ces derniers temps, c’est difficile pour le détective privé de faire profil bas. Et depuis que la presse s’intéresse à la résolution de plusieurs de ses enquêtes, il lui arrive souvent d’être arrêté dans la rue. Le cas d’Anna suscite pourtant sa curiosité : la mère de la jeune femme a disparu au milieu des années 1970 à Londres, à l’époque où sévissait Creed, le tueur en série. L’affaire a été classée depuis longtemps sans qu’on retrouve le corps ni que le tueur soit identifié. Anna, désormais adulte, veut faire la paix avec son passé. Elle sait que les chances sont minces, mais elle demande à Strike d’enquêter pendant un an. Si au bout de douze mois il ne trouve rien, elle abandonnera tout espoir que justice soit rendue pour sa mère. Mais s’il trouvait quelque chose… Cormoran Strike et son associée Robin ne se font pas d’illusions : il y a peu de chances qu’ils trouvent un nouvel indice. Pourtant, à mesure qu’ils rencontrent et interrogent les témoins de l’époque, ils sont obligés de se rendre à l’évidence : quelque chose cloche dans cette affaire classée, et ce n’est pas seulement dû aux élucubrations de l’enquêteur de l’époque.
Mon avis sur Sang trouble
J’adore les histoires policières, et les « Cold Cases » (les affaires classées) ont une saveur particulière. Normale : elles sont l’occasion de se confronter à un mystère encore plus impossible à résoudre puisque les faits se sont déroulés il y a longtemps. Ici, Robert Galbraith (le nom de plume de J.K. Rowling pour celles et ceux qui ne le savent pas) nous convie à un cluedo géant en forme de voyage dans le passé. Et dès les premières pages, l’histoire s’avère impossible à lâcher.
D’abord, j’ai adoré le début de l’histoire parce que l’auteur nous lance subtilement un double défi. Non seulement l’affaire date de quarante ans, mais en plus Anna, la fille de la victime, n’a elle-même que peu d’illusions sur l’échec annoncé de cette nouvelle enquête. Le fait que le personnage d’Anna soit à la fois réaliste et plein d’espoirs, qu’elle veuille faire son deuil et s’accroche à l’idée de justice, la rend immédiatement sympathique. C’est vraiment elle la clé d’entrée de l’affaire. Et c’est parce qu’on a envie que Strike et Robin l’aident qu’on plonge avec eux dans cette affaire, dans un sentiment qui mêle enthousiasme et détermination.
Cette sensation de tension, installée dès les premières pages, m’a porté pendant toute ma lecture. Certes, le livre est gros. Et c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’action. C’est un polar « à l’ancienne » si on peut dire. Pas de course poursuite. On ne verse pas dans le sensationnalisme. Il est juste question d’observation, de logique, de psychologie… Chaque rencontre avec un témoin de l’époque est haletante. Quels éléments va-t-il/elle lâcher aux enquêteurs ? Nous a-t-on menti ? Que sait-on vraiment de ces gens et de leurs vies à l’époque ? Je me suis vraiment prise au jeu du puzzle, et plus j’avançais dans ma lecture moins je pouvais abandonner le livre pour faire ces petits choses secondaires… vous savez : manger, dormir, travailler !
L’enquête est hyper bien ficelée. Mine de rien, il y a des rebondissements car les témoignages se répondent à distance, suscitent de nouvelles questions, remettent à plat ce qu’on croyait savoir. La lecture est encore plus prenante que l’histoire est l’occasion de visiter le Londres des années 1970, encore fortement imprégné par le grand banditisme. C’est une époque violente, trouble, avec des criminels particulièrement effrayants. On sent que le danger rôde, ce qui renforce l’atmosphère moite et troublante de la lecture.
Juste un petit mot aussi pour dire que j’adore le duo d’enquêteurs. Cormoran et Robin font une bonne équipe, même s’ils ne sont pas toujours sur la même longueur d’ondes. Robert Galbraith souligne bien l’importance de la relation de confiance qui les lie, sa dimension intime même. Pour autant, l’auteur ne verse jamais dans la sensiblerie. Leur relation est complexe, authentique. Ils ne sont pas des détectives façon super-héros, mais des êtres humains avec leurs fêlures et leurs trouilles. Leur détermination à rendre justice à Margot, la victime, est d’autant plus touchante.
Sang trouble : une idée lecture pour qui ?
Si vous aimez les romans policiers et que vous n’avez pas besoin de courses poursuites et d’explosions en pagaie pour vous intéresser à une histoire, alors ce roman est fait pour vous. Sang trouble propose une intrigue à la fois riche, originale et fascinante. J’étais à peine arrivée au quart de l’histoire que j’avais déjà compris que j’allais adorer ce roman. Et j’avais aussi compris pourquoi les lecteurs anglo-saxons l’avaient aussi bien noté !
De tous les romans policiers que j’ai pu lire ces dernières années (et il y en a eu beaucoup), je pense que c’est le meilleur. Il m’a fait forte impression. Et ça me culpabilise un peu de ne pas avoir pris le temps de lire tous les tomes précédents !
2 réflexions sur “Sang trouble, roman policier de Robert Galbraith”