Premier Sang, roman d’Amélie Nothomb

Nous y voilà : qui dit rentrée littéraire dit nouveau roman d’Amélie Nothomb. Au fil des années, je n’ai pas toujours été une lectrice fidèle de la romancière. Il y a eu d’énormes coups de cœur (comme pour Soif récemment) et quelques petites déceptions. Du coup, chaque année, c’est la même question : comment est la dernière cuvée de Nothomb ? Je vais entretenir le suspens jusqu’à la fin de cette chronique. Premier Sang est un roman hyper intéressant… mais qui risque de ne pas plaire à tout le monde.

Mon résumé du livre

Orphelin de père dès la naissance, le petit Patrick vit pourtant une enfance paisible, élevé par ses grands-parents tandis que sa mère s’emmure dans son rôle de femme endeuillée. Le petit garçon doux et sensible est jugé un peu trop « mou » par son grand-père qui décide un beau jour de l’envoyer passer ses vacances d’été dans sa famille paternelle. Patrick, qui rêve de rencontrer la famille nombreuse de ce père qu’il n’a jamais connu, et de visiter le château familial, n’imagine pas une seconde la dure réalité. La demeure ancestrale est une ruine en devenir, et la famille aimante est en fait une horde d’enfants barbares, abandonnés à eux-mêmes dans une sorte d’expérience darwinienne où seuls les plus forts peuvent espérer survivre. D’abord effrayé par cette vie si éloignée de la sienne, Patrick se prend vite d’affection pour sa famille et ce lieu loin de la normalité. Il fait l’expérience de la liberté dans sa forme la plus chaotique et la plus absolue. Cette expérience devient le socle sur lequel il bâtit sa vie, sans imaginer qu’au pire moment de sa vie, c’est l’endurance développée dans son enfance qui lui permettra de survivre.

Mon avis sur Premier Sang

Il y a deux types de livres d’Amélie Nothomb : ceux qui ont une histoire claire et ceux qui sont impossibles (ou presque) à résumer. Ce n’est pas du masochisme de ma part, mais le plus souvent ce sont les seconds que je préfère lire. J’ai l’intuition que la narration linéaire classique ne convient tout simplement pas à l’écriture d’Amélie Nothomb. Et elle n’est jamais autant à son aise que quand elle mène son récit sans se soucier de répondre aux exigences de la narration classique.

Avec Premier Sang, on peut penser au départ que Patrick va raconter sa vie et l’histoire de sa famille. Mais une fois qu’il grandit, le récit part dans une autre direction, et il y a un moment de flottement pendant lequel je me suis sentie troublée et perdue. L’histoire était toujours aussi intéressante, mais je ne comprenais plus dans quelle direction elle allait. Jusqu’aux toutes dernières pages du livre, où l’intention d’Amélie Nothomb devient enfin claire. Comme un voile qui se lève sous les yeux du lecteur, la logique de l’histoire apparaît enfin. C’est un aspect qui ne plaira pas à tout le monde, mais pour moi ça a vraiment fonctionné.

J’ai adoré suivre l’histoire de Patrick, de son enfance à cet événement crucial de sa vie d’adulte. Entre les deux, j’ai savouré l’écriture malicieuse d’Amélie Nothomb, dont l’humour acide et la chaleur humaine rythment avec bonheur cette histoire. Une histoire dont on découvre à la fin à quel point elle est intime pour la romancière. Mais ça je ne vous l’explique pas en détail pour vous laisser le plaisir de la surprise.

Et le titre du roman, me demanderez-vous : pourquoi Premier Sang ? Le sang qui irrigue la vie et représente aussi le danger, est au cœur de l’histoire d’Amélie Nothomb. C’est le sang de la famille, qui relie les personnes entre elles et vous offre le réconfort d’appartenir à un groupe sécurisant. C’est aussi son propre sang qu’on expose au gré des périls de la vie. Enfin, c’est le sang qui irrigue l’avenir, ce qu’on transmet en héritage aux générations qui nous suivent. Dans le cas d’Amélie Nothomb, le sang sert de fil rouge (pardon pour le jeu de mots) afin d’évoquer le passé, les racines, et peut-être aussi l’écriture. C’est évident qu’il s’agit ici d’un livre intime, dans lequel la romancière rend un joli hommage à sa famille.

Premier Sang : une idée lecture pour qui ?

Premier Sang est un roman très réussi. Malgré son aspect un peu bancal, il peint le portrait passionnant et malicieux d’un homme qui a vraiment existé. Et pour cause : il s’agit d’un membre de la famille d’Amélie Nothomb. Récit de mémoire autant qu’oeuvre de fiction, ce livre est un condensé de tout ce qu’Amélie Nothomb a de mieux à offrir aux lecteurs : la douceur et la perspicacité de son écriture, un style à la fois qui oscille perpétuellement entre décontraction et classicisme. Si habituellement vous aimez le style Nothomb, alors ce livre vous séduira sans problème.

Premier-Sang

5 réflexions sur “Premier Sang, roman d’Amélie Nothomb

      • Alivreouvert dit :

        Il y a des livres que je trouve en-deçà des autres. Soif par exemple était excellent. Mais Les Prénoms épicènes était nettement moins bon, pour en citer parmi les plus récents. Celui-ci est dans les meilleurs, c’est juste que le style de l’histoire risque de ne pas plaire à tout le monde. Belles lectures à toi.

        Aimé par 1 personne

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