Depuis très longtemps maintenant j’avais envie de lire Agnès Grey. Quand j’étais au lycée, j’avais lu avec plaisir La Châtelaine de Wildfell Hall, d’Anne Brontë. Moins connue que ses sœurs, la romancière britannique gagne pourtant à être connue. La parution d’Agnès Grey dans la collection des Romans Eternels a été l’occasion de découvrir enfin le livre. Alors, a-t-il été à la hauteur de mes attentes.
En tant que fille d’un modeste pasteur, Agnès Grey n’a jamais vécu une vie de luxe, mais le confort qui manquait à sa vie était largement compensé par une famille aimante et très protectrice. Arrivée à l’âge adulte, la jeune fille, qui ne se fait pas beaucoup d’illusions sur ses perspectives maritales, décide de devenir gouvernante. Elle se fait engager par une première famille et découvre alors l’univers de la domesticité. Une vie au plus proche des familles importantes, mais dans laquelle la violence des relations avec les maîtres fait rapidement déchanter Agnès. De place en place, elle doit trouver ses marques, jusqu’à une rencontre décisive. Monsieur Weston est un homme d’église, aussi modeste qu’Agnès. Et la jeune fille se prend à espérer, contre toute attente, à goûter au bonheur de l’amour.
Agnès Grey est un roman qui fait exactement 214 pages. C’est très bien. Il ne fallait pas plus. On aurait peut-être même encore pu opérer quelques coupes… Désolée si je suis sarcastique, mais vraiment cette chronique ne va pas être très positive. Pourtant je voulais vraiment aimer ce livre. La Châteleine de Wildfell Hall est un roman qui m’avait tellement marqué, tellement ému, tellement transporté… Mais je n’ai rien retrouvé de tout ça dans les pages de ce livre.
Agnès Grey est un livre très austère. Ce qui n’a rien de surprenant quand on évoque les soeurs Brontë. Il est question d’une classe sociale modeste, humble, laborieuse. On touche à des sujets sociaux intéressants, notamment le travail des femmes. A travers les personnages d’Agnès et de sa mère, on voit bien comment les femmes peuvent espérer prendre leur vie en main, d’une façon limitée mais pas totalement impossible. Cette indépendance se paye toutefois au prix fort, car elles sont particulièrement vulnérables face aux vicissitudes de la vie.
Autant de sujets qui ne me dérangent pas, mais le problème c’est que Anne Brontë ne les rend pas franchement palpitants. Bien au contraire ! Il y a beaucoup de longueurs dans ce livre. Les passages relatifs aux enfants des employeurs sont ennuyeux au possible. Et les considérations d’Agnès donnent souvent envie de sauter des paragraphes entiers.
Comme dans les romans de ses sœurs, on retrouve aussi chez Anne une très forte pregnance de la religion. Et paradoxalement, ce sont les passages les plus intéressants. Dans Agnès Grey, la religion touche à l’intime, à des sentiments nobles et authentiques à travers lesquels Agnès s’exprime beaucoup plus spontanément. Il y a une vraie poésie dans l’écriture quand l’auteure aborde les sujets de la foi. Et on touche là à quelque chose d’émouvant, qu’on soit ou non croyant.
Les passages où Agnès évoque l’amour, ou plutôt dans son cas l’absence d’amour, sont aussi émouvants. Elle veut dédier sa vie à quelqu’un, sentir qu’elle lui est destinée. Ces passages sont sincèrement émouvants, et ils donnent à voir l’insécurité affective d’une jeune fille qui ne sait pas de quoi sa vie sera faite.
Malgré quelques points positifs, Agnès Grey a été une énorme déception pour moi. L’histoire est ennuyeuse, les personnages ne sont pas du tout chaleureux et je n’ai pas ressenti de connivence avec eux. Quelques éclairs de poésie peinent à compenser les autres faiblesses du livre. Si vous souhaitez découvrir les qualités d’auteure d’Anne Brontë, je vous conseille chaleureusement de passer ce livre et de vous diriger plutôt vers La Châtelaine de Wildfell Hall, un roman magnifique avec un propos très moderne sur la place des femmes dans la société.
Je n’avais pas accroché non plus, comme tu dis c’est très austère !
Par contre La Dame du manoir de Wildfell Hall m’avait beaucoup plu 🙂
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C’est fou parce qu’en les comparant, on dirait presque que les livres ont été écrits par deux personnes différentes, tellement ils ne se ressemblent pas.
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