La Souricière au théâtre de la Pépinière

Depuis quelques mois, un événement théâtral de la plus grande importance a lieu à Paris : le théâtre de la Pépinière présente l’adaptation française de La Souricière, la pièce de théâtre écrite par Agatha Christie. Il y a deux ans, lors d’un de mes séjours à Londres, j’avais eu la chance de voir la pièce sur scène, dans sa version originale. Un immense coup de cœur ! Et fin 2019, je suis allée à la Pépinière voir cette adaptation française. J’avais un peu le trac. Je pensais que je risquais d’être déçue si la version française n’était pas aussi bien que l’originale. Et pourtant, re-coup de cœur ! Comme la pièce est encore à l’affiche, mais qu’elle s’arrête en mars prochain, je me suis dit qu’il était vraiment temps de vous en parler pour vous la faire découvrir.

Tout commence comme une partie de Cluedo : Les Ralston, un gentil couple qui a hérité d’une grande maison de famille transformée en pension, accueille cinq clients alors qu’une tempête de neige fait rage dehors. A seulement quelques kilomètres de là, quelques heures plus tôt, un odieux crime a eu lieu à Londres. Et quand un inspecteur de Scotland Yard se présente chez les Ralston, c’est pour leur dire que les indices laissent à penser que le meurtrier a trouvé refuge chez eux. Qui est-ce ? L’horripilante madame Boyle, l’étrange monsieur Paravicini, l’émotif Christopher Wren, le placide major Metcalf, la discrète mademoiselle Casewell ? Ou bien l’un des hôtes ? A cause de la tempête, personne ne peut entrer ni sortir de la maison. Une seule chose est sûre : le tueur est parmi eux !

La Souricière a une histoire un peu particulière. Cette pièce de théâtre a été écrite par Agatha Christie à l’occasion de l’anniversaire de la reine Mary, la grand-mère de la reine Elizabeth, qui était férue d’histoires policières. La reine du crime a donc été mise à contribution pour les célébrations des 80 ans de la souveraine, et au départ Agatha Christie a écrit La Souricière sous forme de radio-feuilleton. Il a connu un tel succès qu’on a ensuite proposé à Agatha Christie de l’adapter pour la scène et, depuis 1952, la pièce n’a plus jamais cessé d’être jouée à Londres !

Depuis, la pièce a fait le tour du monde, et elle s’installe désormais à Paris, au théâtre de la Pépinière, dans une adaptation aussi soignée que réussie. Pierre-Alain Leleu (qui joue lui-même le personnage du délirant Paravicini !), qui signe cette adaptation, a tout compris au succès de la pièce. Il a très bien rendu le suspens, le huit-clos de la pièce, mais aussi son humour et sa dimension un peu rétro. L’adaptation française a très bien transposé la dimension humoristique qui confère à cette histoire de meurtre une atmosphère ironiquement très chaleureuse. Le mélange des genres fonctionne parfaitement, et on n’a pas envie que la pièce s’arrête.

La distribution des rôles est également très soignée. Chacun est parfait dans son rôle, et la mise en scène de Ladislas Chollat met l’accent sur le rythme trépidant de cette intrigue, assez comparable au rythme qu’on peut trouver dans les comédies de boulevard. Le résultat est fabuleux : on ne voit pas le temps passer, et on s’attache très rapidement à ces personnages qui ont tous quelque chose à cacher, et qui mettent des bâtons dans les roues de l’enquêteur.

Il faut aussi que je souligne un détail important : le théâtre de la Pépinière est en quelque sorte un théâtre de poche. La salle n’est pas grande, la scène non plus. Du coup, Ladislas Chollet a pris le parti de faire déborder la scène dans la salle. L’une des portes latérales de la salle fait office de porte pour accéder à la bibliothèque. Les acteurs l’empruntent donc régulièrement, et ça renforce la sensation de proximité entre les spectateurs et les acteurs. En tant que spectateur, on est immergé dans l’histoire. Un peu comme si on était assis au salon, avec les personnages qui évoluent autour de nous pour dénouer les fils de l’enquête. Et cette sensation de proximité est formidable parce qu’elle rend l’expérience théâtrale encore meilleure.

J’ai trouvé que cette adaptation était assez différente de la version originale. J’y ai trouvé plus d’humour, mais ce n’est jamais au détriment du suspens. Cette version de La Souricière est donc une véritable réussite. La pièce se joue encore jusqu’au 31 mars et je ne peux que vous conseiller de vous y rendre. Vous passerez un excellent moment de théâtre.

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