Le Week-end dernier, j’ai eu l’occasion d’aller assister à une représentation de la pièce Ma Machine de Turing, au théâtre Michel à Paris. Une pièce dont j’ai entendu parler il y a un an maintenant. Beaucoup d’éloges, des critiques enthousiastes de la part des spectateurs, un formidable bouche à oreille, et finalement quatre récompenses à la dernière cérémonie des Molières. Autant dire que j’étais très curieuse de découvrir cette pièce. D’autant que, comme beaucoup de personnes, j’avais vu The Imitation Game, le film qui raconte l’histoire d’Alan Turing, le scientifique dont la pièce dresse le portrait. Mais le théâtre offre une expérience différente du cinéma, et malgré la proximité du sujet, La Machine de Turing s’est avérée être une pièce pleine de surprises.
« L’incroyable destin d’Alan Turing, le mathématicien anglais qui a brisé le code secret de l’Enigma allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Turing a construit une machine pensante qui se révélera être le premier ordinateur. Contraint au silence par les services secrets, il fut condamné pour homosexualité, avant de se suicider en croquant une pomme empoisonnée rappelant étrangement un célèbre logo… »
Alan Turing est devenu célèbre très récemment. Auparavant, son travail, encore classé secret par le gouvernement britannique, n’était pas public. Auparavant, seuls des passionnés d’informatique connaissaient son nom. Evidemment, la sortie d’un film hollywoodien pour retracer l’histoire liée à l’invention de sa machine (ancêtre de l’ordinateur) pendant la Seconde Guerre mondiale, a suscité la curiosité de beaucoup de personnes. Dont moi !
Mais si vous avez vu The Imitation Game, vous pouvez tout de suite oublier ce film. La Machine de Turing est une pièce de théâtre qui ne prétend pas présenter l’histoire d’un événement historique. La Seconde Guerre mondiale est évoquée, mais le cœur du sujet de la pièce, c’est le portrait intime d’un homme, Alan Turing. Un scientifique génial, chez qui la créativité joue un rôle moteur pour comprendre le monde et imaginer de nouvelles solutions. Mais Turing est aussi un homme décalé dans une époque où la norme est de rigueur.
Les contradictions entre l’homme et le scientifique rendent son cheminement compliqué. Difficile de s’attacher, de créer des liens véritables avec les auteurs quand on doit porter le fardeau du secret. Le secret de son orientation sexuelle d’abord ; et le secret de ses travaux militaires ensuite. Touchant, naïf, habité par un formidable sens du merveilleux, Alan Turing est aussi lucide sur le monde dans lequel il vit, sur sa violence, son intolérance et son injustice.
Benoît Solès, l’auteur est interprète principal de la pièce, réussit avec cette pièce un exercice périlleux : mélanger les éléments historiques avec le portrait intime d’un homme passionnant et passionné. Les deux comédiens qui sont sur scène (l’un incarne Turing, et l’autre joue tous les autres personnages) oscillent en permanence entre le drame et l’humour. Ils embarquent le public avec une énergie formidable. Pendant une heure trente, on ne voit pas le temps passer. A mesure que Turing nous raconte son histoire, on apprend à connaître cette personne touchante, et on ressent forcément un profond élan de tendresse pour cette vie brisée, qui a mobilisé toute son intelligence et tous ses efforts pour une seule chose : réaliser un rêve apparemment impossible.
Si j’avais adoré The Imitation Game, cette pièce de théâtre, bien que différente, me tenterait aussi beaucoup !
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C’est une excellente pièce, très intéressante et émouvante aussi.
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Je l’avais vu lors de mon dernier séjour à Paris; Je l’ai trouvé prenante, touchante, émouvante… Et magnifiquement interprétée. Je n’ai découvert le film qu’après. Et je trouve que du coup ça se complète assez.
C’était une personne tellement intéressante. Une très bonne découverte.
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Oui je ne l’ai pas assez dit dans ma chroniques, mais les deux comédiens sont vraiment parfaits sur scène. ça devait être intéressant de découvrir la pièce avant le film ! Malheureusement pour moi, j’avais déjà vu le film, ce qui a peut-être un peu limité l’effet de surprise de la pièce.
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