Lorsque la parution du roman de Balli Kaur Jaswal a été annoncée parmi les lectrices du Cercle Belfond, évidemment j’ai tout de suite été curieuse à cause de son titre. Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique, ce n’est pas franchement banal comme titre pour un livre ! Un peu long, pas très sage, et surtout très décalé ! Mais comme depuis le début de mes lectures dans la collection du Cercle Belfond, je suis régulièrement surprise par des livres un peu décalés, j’ai tout de suite pris ce titre comme un bon présage. Du coup, comme j’étais particulièrement en retard dans mes lectures de juillet (avant les vacances, j’étais vraiment au bout du rouleau !), j’ai profité des vacances pour lire ce livre : il a même été ma toute première lecture du mois d’août !
Nikki est à un croisement dans sa vie. Après avoir abandonné ses études de droit, cette jeune anglaise d’origine indienne a dû faire face à la désapprobation de ses parents, aux doutes de sa sœur, mais surtout à la mort brutale de son père, dont elle était si proche. Navigant entre les traditions de sa famille et ses propres doutes face à son avenir, Nikki va pourtant trouver un nouveau but dans sa vie grâce à un petit emploi qu’elle décroche presque par hasard. Au temple, un cours d’écriture pour femmes est en train de se monter. Plusieurs veuves sont déjà inscrites, et Nikki s’imagine déjà diriger un atelier d’écriture créative. Pourtant, les choses ne se déroulent pas comme prévu : la majeure partie de ces femmes ne sait pas écrire l’anglais, leur confiance ne se gagne pas facilement, et surtout un quiproquo amène le cours à dérailler dans une direction surprenante car les veuves pensent que Nikki veut leur proposer d’écrire des histoires érotiques ! Face à ces femmes qu’elle pensait pudiques et très (trop) traditionnelles, Nikki découvre pourtant un imaginaire foisonnant, une image de la femme indienne loin des clichés, et elle en vient même à jeter un nouveau regard sur sa propre culture. Une redécouverte de ses racines qui pourrait bien l’aider à y voir plus clair dans son avenir.
En commençant à lire ce livre, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. J’avais vaguement imaginé un feel-good-book, une comédie légère sur la communauté indienne en Angleterre. Et en fait, le roman de Balli Kaur Jaswal ne correspond pas vraiment à ce genre de littérature légère ; il nous invite plutôt à plonger dans le quotidien de la communauté indienne, et à découvrir les questions et les problèmes rencontrés par une jeunesse posée en équilibre entre la culture d’un pays d’origine lointain, et la réalité d’un pays d’adoption dans lequel il est parfois dur de trouver sa place.
Avec Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique, Balli Kaur Jaswal parle d’un milieu qu’elle connaît bien : la communauté indienne en Angleterre. Des déracinés qui se sont regroupés et continuent de faire vivre leur culture en Europe, jonglant entre la tradition et la modernité. Et le lecteur découvre ce petit monde par deux biais : déjà en faisant la connaissance du club des veuves, des femmes vives, drôles, généreuses et pleines de surprises. A côté de ces femmes, il y a Nikki, une jeune femme qui se rebelle contre le poids des traditions, l’obsession de sa famille pour le mariage et pour la réussite professionnelle. Comme beaucoup de jeunes de sa génération, Nikki a du mal à savoir vraiment ce qu’elle veut, à trouver sa propre voie. Et quelque part entre les deux, il y a la sœur de Nikki, beaucoup plus intéressée par le respect de la tradition, qui cherche absolument le mari idéal. Une quête que Nikki ne comprend pas du tout, et dont elle se moque gentiment, avant de finalement commencer à comprendre le point de vue de sa sœur grâce au temps passé avec les veuves.
Même si on ne connaît rien à la culture indienne (comme c’est mon cas !), on plonge très facilement dans cette histoire car l’auteure nous explique bien comment fonctionne la communauté indienne décrite. Et même en-dehors de cette communauté, la notion de différence générationnelle parlera forcément à tout le monde !
Avec beaucoup de tendresse et une bonne dose d’humour, l’auteure livre une vision réaliste et passionnante de la communauté indienne dans l’Angleterre moderne. Elle invite chacun à réfléchir sur la relation que nous entretenons avec les traditions, les attentes de notre famille et les ambitions que nous avons pour nous-mêmes. Elle parle aussi avec pertinence de la place de la femme dans ces cultures qui sont souvent plus nuancées qu’on ne le pense.
En bref, Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique est un roman dense et passionnant, beaucoup moins léger qu’il n’y paraît. Il réussit le pari d’être divertissant et instructif. Franchement : que demander de plus ?!
Il y a des dames qui a plus de 60 ans deviennent quasi accro au sexe, j’en ai connues !!
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