Deux ans déjà que j’ai découvert avec un immense plaisir les romans policiers écrits par la britannique M.C. Beaton et mettant en scène Agatha Raisin, la détective amateur la plus formidable qu’on puisse imaginer. Pour mon programme de lecture de vacances, je ne pouvais ne pas glisser dans ma valise les deux derniers romans parus chez Albin Michel. Le 11e tome (déjà !!) s’intitule L’enfer de l’amour, et autant vous dire que le titre prometteur cache un roman qui tient toutes ses promesses ! Avec le temps, la saga des enquêtes d’Agatha Raisin s’impose un peu plus comme un des piliers de ma bibliothèque personnelle, et je suis ravie de vous présenter une fois encore l’un des romans policiers de cette collection totalement déjantée.
Agatha Raisin est aux anges : après moultes tergiversations et péripéties, elle a enfin pu convoler en justes noces avec son charmant voisin, James Lacey. Malheureusement, le mariage rêvé ne se passe pas comme prévu, et chacun de ces deux forts tempéraments a bien du mal à trouver ses marques dans la vie maritale. Tout bascule le jour où James disparait sans laisser aucune autre trace qu’une mare de sang sur le pas de la porte. Dans la foulée, on découvre un cadavre dans le village : une femme plutôt proche de James a été mystérieusement assassinée. James est-il le meurtrier ? Ou bien est-il également victime du tueur ? Complètement abattue par le désastre (et soupçonne d’avoir elle-même tué son mari et sa supposée maîtresse), Agatha n’a plus d’autre choix que de mener l’enquête elle-même pour tenter de retrouver James… et prouver leur innocence à tous les deux.
Les livres se suivent… et ne se ressemblent pas avec Agatha Raisin ! Ca faisait déjà pas mal de romans que M.C. Beaton nous faisait miroiter une histoire amoureuse entre Agatha et James, et alors qu’on pensait que tout était enfin régler, la romancière sadique décide de tout envoyer valdinguer sans aucune considération pour ses pauvres lecteurs. Et force est de reconnaître qu’elle a bien raison : ce onzième tome des aventures d’Agatha Raisin se déroule comme un jeu de chamboule-tout dans lequel on perd ses repères et on prend d’autant plus de plaisir à suivre une Agatha ébranlée mais bien décidée à rétablir la vérité.
Plus long et plus dense que les précédents tomes, L’enfer de l’amour fait la part belle aux rebondissements de l’intrigue et aux fausses pistes. Mais il propose aussi de s’aventurer plus avant dans la psychologies des principaux personnages, à commencer par Agatha Raisin, cette femme forte toujours en quête d’amour et de reconnaissance, et James Lacey, un homme (trop) indépendant qui n’a jamais vraiment réussi à se réacclimater à la vie civile. Dans ce sens, ce nouvel opus offre une relecture intéressante de tout ce qu’on croyait savoir des personnages dans les précédents livres.
Avec beaucoup de finesse, M.C. Beaton joue à égarer les lecteurs au gré des errances et des hypothèses d’Agatha. Elle en profite aussi pour affirmer le rôle de Sir Charles comme acolyte drôlissime, pingre et gaffeur d’Agatha. Avec le temps, ce personnage s’étoffe et il me plait de plus en plus, alors qu’au départ je le trouvais un peu antipathique et creux. Mais maintenant qu’il prend plus de place dans l’histoire et que sa relation avec Agatha évolue vers une amitié plus durable, je trouve beaucoup de plaisir à suivre les facéties de ce dilettante professionnel qui n’hésite pas à s’inviter de force dans les enquêtes d’Agatha… non sans quelques résultats inattendus !
Si vous avez aimez les précédents tomes des enquêtes d’Agatha Raisin, vous aimerez encore plus cette onzième aventure. L’enfer de l’amour offre beaucoup de rebondissements, de suspens mais aussi d’émotions. On retrouve tout ce qu’on aime dans le personnage d’Agatha Raisin, avec un petit supplément d’âme qui permet à la franchise de se renouveler très agréablement. Vivement la suite !