Si vous êtes fan de séries télé, il y a de grandes chances que vous connaissiez la chaine américaine HBO, bien connue pour avoir produit quelques unes des meilleurs séries télé de tous les temps… à commencer par l’adaptation fort réussie de la saga du Trône de fer. Il y a quelques mois, la nouvelle a filtré que la chaine comptait commander une adaptation en format film de Fahrenheit 451, le très célèbre roman de Ray Bradbury. Il faut dire qu’il n’avait été adapté qu’une seule fois à l’écran, en 1966, par nul autre que François Truffaut. L’histoire avait donc besoin d’un grand coup de dépoussiérage. Par ailleurs, dans un monde qui tremble devant le totalitarisme et les fake news, l’histoire de Fahrenheit 451 est plus que jamais d’actualité, non ?
Etats-Unis. Après la deuxième guerre civile, le pays a décidé de mettre en place un régime totalitarisme qui garantit la paix tout en prônant une vision unique du monde. Dans cette société de servitude intellectuelle, la pensée, la liberté d’expression et la culture sont bannies, remplacé par un régime de peur et de coercition. Les pompiers font régner l’ordre en brûlant tout objet interdit et en éradiquant de la société les « anguilles », les résistants qui tentent de faire circuler la culture sous le manteau. Guy Montag est pompier, et c’est le chef de troupe le plus zélé des pompiers. Mais un jour, après avoir assisté au suicide d’une anguille dans une bibliothèque en flammes, une onde de choc se produit en lui. Pour la première fois, il commence à remettre en question sa mission et l’histoire qu’on lui a raconté pour légitimer l’éradication des livres. Sa rencontre avec une anguille va lui ouvrir les yeux sur le rôle qui est le sien dans l’asservissement d’une société privée de sa culture.
N’ayant jamais vu la version filmée par François Truffat, j’ai commencé à regarder ce nouveau Fahrenheit 451 sans aucun a priori, en étant juste curieuse de voir comment HBP avait pu adapter un roman incontournable de la SF mondiale. Eh bien je n’ai pas été déçue !
Dès le début, je me suis retrouvée happée par un univers futuriste, très proche de l’image stylisée qu’on trouve habituellement dans les films d’anticipation produits par Hollywood. Mais cet aspect glamour est une illusion qui nous mène rapidement vers autre chose : la dimension plus intime de l’histoire. Car même si Fahrenheit 451 raconte l’histoire d’une société qui n’a plus de mémoire et qui se referme sur elle-même, c’est aussi un roman sur l’éveil d’un homme au monde. Guy Montag, le personnage principal, va peu à peu prendre conscience de sa place de pompier et de son destin d’homme. En ayant accès à la culture, il va comprendre qu’il a le choix : et cette révélation va changer sa vie.
En parallèle, l’histoire de son commandant est aussi un portrait intime. Cet homme en lutte veut à tout prix vivre dans le respect de l’ordre établi, et pour cela il doit se débattre contre sa soif de curiosité pour les livres. Sa fascination pour les objets qu’il doit brûler fait naître en lui une schizophrénie qui va peu à peu le faire basculer vers une vision radicalisée de son travail.
Avec cette adaptation tout en finesse, HBO propose de redécouvrir l’histoire de Fahrenheit 451 par le prisme de l’histoire actuelle. Nous vivons déjà dans une société qui privilégie le flux au stock ; un monde dans lequel l’immédiateté détrône trop souvent la qualité de l’information, et finit par nuire aux fondements de la société humaine. Car quand les informations ne sont plus fiables, comment peut-on encore garantir le droit à l’information et la liberté d’expression ? Après les scandales liés à l’utilisation des données privées à des fins de désinformation et le trouble qui continue d’entourer certaines élections récentes, ce film interpelle fortement ses spectateurs pour les faire réagir sur le monde dans lequel ils vivent.
Enfin, ce film est aussi une déclaration d’amour aux livres. Dans cette histoire, les défenseurs des livres deviennent des terroristes, prêts à tout sacrifier et même à mourir pour leur cause. J’ai été particulièrement émue par l’un des passages, au début du film : il s’agit de la fameuse scène de suicide par les flammes, au beau milieu de la bibliothèque. Cette scène, qui est le moment où Montag va commencer à remettre en question la mission des pompiers, est certainement le moment le plus intense pour n’importe quel amoureux des livres qui sentira la colère monter en lui.
Fahrenheit 451 a été présenté pendant le Festival de Cannes, hors compétition, et c’est une très bonne chose car ce film est excellent, et il mérite d’être vu par un maximum de gens. Malheureusement, pour le voir, il vaut mieux être abonné aux chaînes de tv OCS puisque c’est sur OCS que les programmes HBO sont diffusés en exclusivité en France. Donc si vous avez l’occasion, n’hésitez pas !
Ravie que cette histoire ressorte et qu’elle nous fasse réfléchir sur le monde qui nous environne …Merci pour cette présentation !
J’aimeAimé par 1 personne
Avec plaisir !!
J’aimeJ’aime
C’est génial si ça permet de faire découvrir ce magnifique roman à ceux qui ne le connaissent pas !
J’aimeJ’aime
Absolument ! C’est dans ce genre de cas que le cinéma peut donner un coup de projecteur sur certains livres qui méritent d’être (re)découverts.
J’aimeAimé par 1 personne
Super nouvelle si le roman n’est pas massacré en série !
J’aimeJ’aime
Ce n’est pas une série, c’est bien un film. Il y a quelques différences avec le roman, mais ça reste quand même bien dans l’état d’esprit du livre.
J’aimeJ’aime
Là, tu m’apprends l’existence de cette série! :O J’ai adoré le livre (qui figure dans mes meilleurs bouquins à vie) et j’ai beaucoup aimé le film de Truffault aussi. J’espère pouvoir voir éventuellement cette série!
J’aimeJ’aime
Ce n’est pas une série mais un téléfilm. Si tu es abonnée aux chaînes OCS d’Orange, tu peux le visionner en ce moment. Si tu as aimé le livre, je pense que tu devrais effectivement aimer cette adaptation car elle est fidèle à l’état d’esprit du roman (même s’il y a quelques différences dans l’histoire).
J’aimeAimé par 1 personne
Ah oui j’avais mal lu. Un film c’est bien. Malheureusement les chaînes que tu nommes je ne connais pas, je vis au Québec 😉
J’aimeJ’aime
Oups ! Je pense qu’il y aura bien une chaîne au Québec pour le diffuser bientôt.
J’aimeJ’aime