Mr Holmes : le pire film jamais fait sur Sherlock Holmes

holmesJ’ai un peu peur d’avoir abattu toutes mes cartes avec le titre. Malheureusement, je ne voyais pas du tout quoi écrire d’autre vu que cette chronique va être une longue succession de plaintes et récriminations à l’encontre d’un film qui fut une véritable souffrance à regarder. Je ne peux pas décrire avec des mots l’état de désarroi émotionnel dans lequel je me suis trouvée plongée après avoir regardé JUSQU’AU BOUT ce film atroce. Mais bon… je vais quand même vous en dire deux mots, juste pour vous expliquer pourquoi vous devez fuir ce film tant que vous le pouvez.

Exit Baker Street. Exit le bon docteur Watson. Il n’y a plus de cas passionnants. Plus de clients qui viennent toquer à la porte. Plus de bataille rangée avec les policiers incompétents de Scotland Yard. Sherlock Holmes, le grand détective privé, n’est plus que l’ombre de lui-même. Vieillard retiré dans une maison de la campagne anglaise, il ne lui reste de son ancienne vie que des souvenirs. Et même eux commencent à le fuir car sa mémoire si redoutable a laissé la place à des absences, des pertes de repères, des oublis… Seule la compagnie du fils de sa gouvernante aide Sherlock à ne pas perdre prise avec la réalité. Dans les yeux de ce jeune garçon vif d’esprit, le vieillard n’est que la face apparente d’un génie. Et rien, ni son mauvais caractère ni sa passion pour les abeilles, ne peut le faire fuir. En racontant sa vie à ce jeune admirateur, Holmes replonge un peu dans sa vie d’avant, et notamment dans le souvenir trouble de sa dernière affaire. Une affaire qui n’est peut-être pas tout à fait résolue…

J’avais beaucoup d’espérances pour ce film. Tout à commencé quand j’ai appris qu’une nouvelle adaptation de Sherlock Holmes allait être portée au cinéma, par les anglais cette fois. L’idée de montrer sur grand écran un Holmes âgé n’était pas mauvaise du tout, et pouvait trancher agréablement avec les dernières adaptations bondissantes auxquelles nous avons eu droit. Qu’il s’agisse de Benedict Cumberbatch pour la BBC ou de Robert Downey Jr au cinéma, le Sherlock Holmes des temps modernes ne fait vraiment pas son âge ! Lorsqu’il fut annoncé que Ian McKellen prêtait ses traits à mon héros, j’étais encore plus enthousiasmée. Hélas, ce sentiment n’allait pas résister au visionnage.

D’entrée de jeu, le film est ennuyeux. Pas contemplatif ni lent. Non, ennuyeux. Il ne se passe quasiment rien, et on a bien du mal à retrouver l’esprit de Sherlock Holmes dans l’histoire ou dans les personnages. Trop peu de points de repère issus du canon sont portés à l’attention du spectateur pour qu’il s’y accroche, et on se sent désespérément loin de chez soi. Quant à Baker Street, on n’en parle même pas.

Bien sûr, il est fait mention dans l’œuvre d’Arthur Conan Doyle de la passion de Holmes pour les abeilles, et du fait qu’il compte prendre sa retraite en devenant apiculteur. Ce détail biographique frappera peut-être les néophytes qui ne connaissent que les films ou les séries, mais les lecteurs attentifs connaissent ce pan de l’histoire. Pour autant, le sujet est très mal exploité car il fait mal le lien avec le passé de Holmes.

Autre partie de l’histoire qui s’avère décevante : la vieillesse de Holmes est ici traitée avec une maladresse confinant au sabordage. Difficile de dire si la production était tout à fait ignorante des raisons pour lesquelles le personnage est si populaire, ou si elle a juste décidé de le lyncher publiquement ; toujours est-il que ce film est une lente descente aux enfers. Montrer un Sherlock Holmes vieux et ayant perdu ses facultés intellectuelles est une bonne idée en soi… à condition qu’elle soit bien traitée. Mais les fans peuvent légitimement s’attendre à ce qu’il réussisse tout de même à faire fi de l’adversité. Là, pas du tout. Il sombre un peu plus à chaque instant sans que le spectateur ait la possibilité de lui lancer une bouée de sauvetage. Le spectacle est presque insoutenable pour les fans du détective.

Je ne vais pas continuer cette chronique plus longtemps en vous assommant de récriminations. Ce film est presque une insulte faite à l’imagination d’Arthur Conan Doyle. Il est maladroit, raté, ennuyeux et sans la moindre pertinence. Apposer le nom de Sherlock sur l’affiche d’un film ne suffit pas nécessairement à le vendre au grand public. Encore faut-il qu’il ne s’agisse pas d’une coquille vide. Cette histoire n’apporte rien à l’univers du détective, et elle n’est même pas divertissante. Bref, c’est un film à fuir !

12 réflexions sur “Mr Holmes : le pire film jamais fait sur Sherlock Holmes

  1. juneandcie dit :

    Je suis dépitée par ta chronique. J’en avais entendu tant de bien que j’y plaçais beaucoup d’espoirs…Je ne sais plus trop que penser. Surtout que d’ordinaire je suis souvent en accord avec tes chroniques.

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  2. WordsAndPeace dit :

    wow, seriously? J’ai beaucoup aimé ce film, et l’acteur est superbe à mon avis. Tu me pousses donc à le revoir une deuxième fois, ma bibliothèque ayant par chance beaucoup de copies, pour examiner ce que tu soulignes

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    • Alivreouvert dit :

      Je suis épatée parce que tu es la première personne à me dire qu’elle a aimé ce film. Évidemment il en faut pour tous les goûts, mais j’avoue que je n’ai pas du tout été sensible à ce film.

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  3. topobiblioteca dit :

    Je ne l’ai pas vu et comme je n’ai presque rien lu des aventures de Holmes je ne peut pas comparer mais je vois que tu es fan alors je vais prendre en compte ton avis. Ce dernier est d’ailleurs très bien argumenté !

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  4. Manu Rennes dit :

    J’ai vu le film avant-hier. J’ai aimé : assez fidèle au livre (Les abeilles de Monsieur Holmes) de Mitch Cullin, dont la lecture m’avait marqué. Fidèle mais édulcoré, comme souvent pour une adaptation en film. Evidemment si l’on s’attend à un post Cumberbatch ou Downey Junior, l’écart est immense 🙂
    Mon retour sur le livre, en 2007 (sur le site web de la SSHF), ci-dessous…
    Holmésiennement.

    Mitch Cullin nous fait là un très beau cadeau ! Je suis très impressionné par la qualité de l’écriture, sa douceur. Les procédés sont habiles, autour des jeux de mémoire, des re-descriptions altérées nous mettant en posture de nous souvenir comme le vieux Holmes décliné…
    L’écriture montre de manière réussie les contradictions entre la solitude des personnes et la recherche de communication, voire, trop rarement, d’échanges. L’auteur décrit de manière stupéfiante comment les personnages, mus lentement par leurs quêtes, leurs manies (quand faute de mémoire il ne reste de l’identité essentiellement que des bribes rattachées aux objets ou aux obsessions, dont la question du « père »), sont des « phares » « figés », hantés, dans des environnements mouvants (que de descriptions d’odeurs, de bruits, de vents ! J’ai du mal avec les descriptions en temps normal, mais ici elle sont extrêmement dynamiques, au sens où elles décrivent des mouvements de vie, plus qu’une agitation), vivants malgré les drames (pertes, manques, guerre… et plus), et se rencontrent (au sens intime) trop rarement.

    Que ce soit de Sherlock Holmes qu’il s’agit ne serait peut-être pas l’essentiel, mais pour moi, le personnage, son esprit, sa personnalité… sont respectés et bien animés.

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    • Alivreouvert dit :

      Merci pour ce commentaire. Je pense que par curiosité je donnerais sa chance au livre mais pour moi il n’y a rien à sauver dans le film car, sans même entrer dans la question du fond, il est formellement raté. De facture trop classique, il ne parvient pas à faire décoller l’intrigue. Peut-être effectivement que l’aspect intime de l’histoire ne peut tout simplement pas être rendu fidèlement à l’écran.

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      • Manu Rennes dit :

        Entièrement d’accord sur l’aspect intime ! A la limite, on se rapprocherait plus, sans aucune action, de ce film sur la mémoire qu’est Mémento… Mais, encore une fois, le livre (qui est encore plus lent que le film) « Les abeilles de Monsieur Holmes » n’est pas une enquête policière mais un traitement de la dégradation du plus grand cerveau que le monde ait connu 😉

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