Je ne commence pas souvent mes chroniques par des titres aussi accrocheurs, et j’imagine que vous avez déjà une bonne idée de l’opinion que j’ai de ce film ! Le titre tue un peu le suspens ! Mais comme ça au moins, il n’y a pas d’ambiguïté. J’ai découvert ce film complètement par hasard en consultant la liste des films de Ralph Fiennes à la recherche d’un tout autre film. Et quand j’ai vue que l’un de mes acteurs anglais préférés avait réalisé et joué dans un film sur la vie de Dickens, je me suis dit que ça pouvait être une belle curiosité. Je ne pouvais pas tomber plus loin de la vérité !

The Invisible woman nous fait découvrir Charles Dickens aux alentours de 45 ans. Ce père d’une famille nombreuse et recomposée est un homme relativement heureux, et surtout un auteur comblé dont les romans se vendent bien. Sa côté de popularité auprès du public est énorme, ce qui lui permet de travailler sur des projets passionnants comme sa gazette, et de rencontrer d’autres artistes. Alors qu’il monte une pièce, il fait la connaissance de Nelly, une jeune comédienne qui admire beaucoup son œuvre. Elle est jeune, belle, passionnée, pleine de joie de vivre… Et Dickens tombe amoureux d’elle. Mais il est difficile de garder une liaison secrète quand on est l’un des auteurs les plus en vue de toute la Grande-Bretagne.

A la décharge de ce film, je pensais qu’il s’agissait d’une biographie de Dickens, et je n’avais pas compris que le film ne s’intéressait en fait qu’à sa relation avec Nelly. Nelly est d’ailleurs le personnage central de l’histoire puisque c’est à travers elle et ses souvenirs que l’on découvre l’auteur. Ralph Fiennes (qui réalise donc le film) incarne lui-même Dickens, et il faut admettre qu’il présente une vision assez ressemblante de l’auteur. A ses côtés en revanche, le casting manque cruellement de charisme, et il est bien difficile de s’attacher à la pauvre Felicity Jones qui ne semble pas savoir quoi faire avec le personnage de Nelly, tout à fait insipide il faut bien l’avouer.

Ça pourrait être touchant, mais c’est vraiment creux et je n’ai pas compris l’intérêt de cette histoire parce que tout l’intérêt de raconter un passage particulier de la vie de l’auteur, c’est de tisser un lien avec son œuvre, de voir en quoi ça l’a marqué et quel impact il y a pu avoir sur son écriture. Là, rien de tout ça. On vous dit à peine que Dickens était content parce qu’il avait une jeune et belle maîtresse. Je suis restée dubitative. L’écriture et les romans passent au second plan, et ils semblent être davantage le prétexte au film plutôt que son sujet. C’est fort dommage. Et pour le spectateur, c’est bien difficile de garder les yeux ouverts tant la tentation de la sieste est grande !

Pour ne pas démolir complètement le film, je dirais que la réalisation est soignée (même si beaucoup trop académique), que les costumes et les reconstitutions historiques sont réussies et surtout que Ralph Fiennes rend hommage à Dickens en le montrant tel qu’il était. En France, nous avons souvent l’image de Dickens comme étant un homme austère à cause des histoires dramatiques qu’il a écrit. Mais derrière les visages de petits orphelins se cachait un homme vivant et joyeux ; cette dimension est rendue à merveille dans ce film.

Pour le reste, je dirais que ce film ne présente aucun intérêt et je ne recommanderais à personne de le voir. On n’apprend quasiment rien sur lui (en tout cas rien d’intéressant) alors qu’il y aurait largement eu matière à faire un film sur sa vie, de son enfance miséreuse à sa réussite en tant qu’auteur. En bref, le film est passé à côté de son sujet, et je vous encourage à faire la même chose !