C’est avec une grande surprise que j’avais découvert ce livre dans ma boîte aux lettres. A la limite entre la chronique judiciaire et le roman policier, ce roman de Joyce Maynard offrait en plus un titre provocateur : Prête à tout. Oui, mais jusqu’à quel point ? Et c’est précisément toute la question que soulève ce roman : jusqu’où des individus ordinaires sont-ils prêts à aller ? Quelles circonstances peuvent-elles pousser au meurtre ? Voici donc une plongée fascinante dans un fait divers qui sert d’inspiration à un roman magistralement réussi.
Suzanne Maretto est le prototype de la jeune femme qui a tout pour être heureuse. Elle a grandi dans une famille riche et aimante où, dès son plus jeune âge, on l’a regardé comme si elle était la huitième merveille du monde. Sûre de son talent et très ambitieuse, Suzanne a travaillé d’arrache-pied pour décroché le poste de ses rêves : journaliste à la télé. Cerise sur le gâteau, elle s’est mariée à un gentille garçon (un peu mou certes, mais très amoureux d’elle). Tout va très bien sauf que le gentil mari meurt assassiné. Un cambriolage qui a mal tournée ? A moins que ce soit la jeune et ambitieuse épouse qui ait orchestré ce meurtre afin de se débarrasser du petit mari devenu gênant… D’autant que pour les besoins d’un documentaire, elle fréquentait justement des jeunes pas très recommandables…
Dès les premières phrases, j’ai été complètement accrochée par cette histoire. On pénètre dans le livre comme si on était à la place des enquêteurs : chaque chapitre correspond à un personnage qui raconte ce qu’il sait de l’affaire ; les chapitres et les points de vue s’alternent pour reconstituer petit à petit toute l’histoire. Et c’est non seulement judicieux car cela nous fait rentrer dans l’intimité des personnages, mais cela permet aussi de ménager beaucoup de suspens, jusqu’à la toute fin du livre.
Joyce Maynard maîtrise merveilleusement son histoire. Chacun des personnages est très bien traité, et on en vient à très bien les cerner, à se faire une idée sur eux, presque comme si nous étions les jurés de l’affaire. Au fil des pages, on comprend mieux la psychologie des personnages, leurs motivations, les raisons qui les poussent à agir. On comprend comment chacun s’est retrouvé mêlé à l’affaire. Certains sont des individus repoussants ; d’autres sont des victimes attachantes. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas rester indifférent. En tant que lecteur, notre compréhension et notre compassion sont mises à rude épreuve : on ne peut pas rester indifférent. Joyce Maynanrd nous pousse en quelque sorte à nous forger notre intime conviction.
Le personnage de Suzanne, qui est la pierre angulaire de toute l’histoire, est tout à fait réussi. Elle est à la fois désagréable et crédible dans son rôle de veuve éplorée. Mais au fur et à mesure de l’histoire, on en vient forcément à changer de regard sur elle. Le changement est amené de façon très subtile, et Joyce Maynard prend visiblement beaucoup de plaisir à jouer avec les nerfs du lecteur.
J’ai beaucoup aimé aussi le personnage de Lydia, à travers laquelle on découvre beaucoup de choses sur les autres protagonistes de l’histoire. Car l’un des aspects les plus intéressants et fascinants de cette histoire, ce sont les liens tissés entre les personnages, et comment leurs relations amènent l’histoire à évoluer petit à petit. Les relations malsaines qui se développent créent une dynamique de plus en plus dangereuse, qui va fatalement amener au meurtre du mari.
Une autre dimension importante, c’est bien sûr le traitement du fait divers lui-même, et tout le discours médiatique qui l’accompagne. Il y a à la fois une analyse froide des faits, mais aussi une plongée au coeur du drame sordide qui s’est déroulé. On peut le voir de l’intérieur. Joyce Maynard offre ici un regard intéressant sur la manière dont les médias interfèrent avec la réalité. Nous entretenons une véritable fascination pour les médias ; les journalistes de la télévision sont devenus de vraies stars. Pourtant, ils ne sont rien d’autre qu’un intermédiaire entre nous et la réalité, donc la vérité. Dès lors, comment être sûr de rester lucide si on s’en remet à des gens dont le métier est de raconter des histoires ?
Ce livre est un énorme coup de coeur, et j’ai été scotchée en le lisant. J’aurais beaucoup de plaisir à découvrir d’autres livres de Joyce Maynard tant j’ai été impressionnée avec son écriture, subtile et efficace. Je pense que c’est le genre de livres qui peut plaire à un marge public, à commencer par les fans de romans policiers. C’est un drame d’une rare intensité, très bien ficelé et avec beaucoup de rebondissements.
J’en ai un d’elle dans ma PAL (the good daughters) je crois et j’ai hate de pouvoir le lire, j’ai entendu du bien jusqu’a present de ses livres et celui ci m’a l’air tres bien aussi!
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Oui très bon livre ! La narration est géniale. Il faut voir le film aussi avec Nicole Kidman !
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Ah merci pour l’idée, je ne savais pas qu’il y avait eu un film.
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