Fernand le vampire, bande dessinée de Joann Sfar

fernand-vampireDepuis le temps que j’entends parler de Joann Sfar, il fallait bien qu’à un moment ou à un autre, je finisse par céder aux sirènes et à lire un de ces albums. Une amie m’a conseillé un jour la série consacrée au Chat du rabbin, et probablement que j’aurais dû l’écouter. Mais, prise par ma curiosité personnelle et par l’envie du moment, c’est finalement sur le premier tome du Bestiaire Amoureux que j’ai porté mon choix, et c’est ainsi que j’ai lu l’album Fernand le vampire.

Fernand est donc un vampire. Jusqu’ici tout est « normal ». Sauf que Fernand n’est pas très doué pour les relations amoureuses. Par exemple, son ex petite-amie Lou a fini par le tromper avec un de ses amis. Du coup, Fernand déprime un peu et il erre la nuit à la recherche d’une fille qui pourrait enfin le rendre heureux. De nuit en nuit, de fille en fille, le pauvre vampire n’est pas franchement foudroyé par l’amour. Certaines ont l’air d’être sympa (comme la touriste asiatique rencontrée une nuit au Louvre), mais en fait toutes ces rencontres s’avèrent décevantes. En parallèle, Lou aussi a un peu de mal dans ses relations avec les hommes. Elle ne sait pas faire les bons choix et se retrouvent dans des impasses avec des types qui ne sont pas faits pour elle…

Le concept narratif de l’album est d’alterner entre Fernand et les personnages secondaires (principalement Lou, mais pas seulement). L’album se découpe donc en espèces de chapitres : un chapitre sur Fernand, puis un chapitre sur Lou, puis encore un chapitre sur Fernand… Chaque chapitre est complètement déconnecté de l’autre. Le seul argument commun, c’est que l’on reste dans le même univers, et que tous les personnages présentés ont un rapport avec Fernand. Même si c’est au départ une bonne idée, je dois dire que je n’ai pas adhéré à cette progression narrative saccadée. J’ai trouvé qu’il y avait trop de choses que l’auteur essayait de dire, ce qui brouillait les pistes et empêchait de faire ressortir une histoire majeure.

Pour ce qui est du ton général de l’histoire, j’ai beaucoup aimé l’idée de Sfar qui consiste à prendre des créatures imaginaires sans aucun lien avec la vie réelle pour les plonger finalement dans des situations très banales de la vie quotidienne. Fernand est peut-être un vampire, mais il ressemble surtout à une sorte de trentenaire un peu paumé, en mal d’amour, qui tente de comprendre ses propres relations avec les femmes. De même, Lou et l’homme arbre sont des personnages de gentils paumés, des personnages qui tentent d’entrer en contact avec les autres pour être heureux, mais qui laissent les choses leur échapper car ils ne comprennent même pas leurs propres désirs profonds. L’enjeu de cette histoire, c’est la question du bonheur. Et très clairement, le fantastique est un choix formel plutôt qu’un choix de fond. Joann Sfar n’a pas la moindre intention de nous raconter une histoire de vampire. Il prend juste le parti d’utiliser cette esthétique particulière pour servir de toile de fond à son histoire.

Du coup, j’avoue avoir été assez déçue par cette lecture, non parce que l’album n’est pas bon (au contraire, je dirais même qu’il est plutôt réussi, même si ce n’est pas vraiment le genre de dessin auquel je suis sensible), mais parce que je m’attendais à autre chose et du coup, je n’ai pas eu ce que j’attendais. Je croyais lire une histoire de vampire, et je me retrouve dans une histoire tout à fait réaliste !

La moralité de cette lecture, c’est que pour une fois, j’aurais certainement dû écouter les conseils de mon amie et diriger mon choix vers Le Chat du rabbin. Je pense d’ailleurs lire le premier tome de cette BD très prochainement afin de me faire une meilleure idée des qualités de dessinateurs et de scénariste de Joann Sfar. Ça m’ennuie de rester sur un échec. En revanche, je sais déjà que je ne lirais pas les autres tomes du Bestiaire amoureux car ça ne correspond pas à mes envies.

Publié dans: B.D

Une réflexion sur “Fernand le vampire, bande dessinée de Joann Sfar

  1. Anne de LLN dit :

    Bravo pour votre critique très détaillée. Je n’avais pas pour ma part accroché au film Le chat du rabbin. Mauvais timing. Il y a des choses qu’on loupe tout simplement parce que ce n’est pas le bon moment !

    J’aime

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