St Trinian’s : Pensionnat pour jeunes filles rebelles

Si vous n’êtes pas encore rassasiés de l’extravagante école de St Trinian’s, je vous propose à présent de clôre notre reportage par une petite virée du côté des salles obscures. Au fil des décennies, la bande dessinée de Ronald Searle a donné lieu à de nombreux films, le premier de la lignée datant de 1954 et s’intitulant The Belles of St Trinian’s.

sttrinians1Le succès des adaptations littéraires sur grand écran étant ce qu’il est, il fallait bien que les producteurs anglais se penchent sur le destin de nos méchantes élèves. En 2007, on assiste donc à la relance de la franchise avec un  nouveau film sobrement intitulé St Trinian’s : Pensionnat pour jeunes filles rebelles. Très à propos, n’est-ce pas ?

Sur le papier, le film partait avec de nombreux atouts pour être un succès. Tout d’abord, le scénario était co-signé par Ronald Searle, un gage de respect de l’esprit de l’œuvre. Et côté réalisation, les producteurs n’ont pas lésiné en engageant Barnaby Thompson et Oliver Parker (pour rappel, c’est à ce dernier que nous devons l’excellent film L’Importance d’être Constant, basé sur la non moins excellente pièce d’Oscar Wilde).

Pour le casting, comme d’habitude, les anglais savent mettre les petits plats dans les grands, et l’on retrouve ainsi certains des noms les plus en vue du cinéma et du théâtre britannique. Rupert Everett renoue avec la tradition du premier film en jouant le rôle féminin de Camilla Fritton, la directrice on ne peut plus extravagante de l’école. Il campe également le frère de cette dernière, se délectant visiblement de ce double emploi comique. Toby Jones (vu dans la biographie de la BBC de Hitchcock) campe un comptable au bord de la crise de nerfs. Caterina Murano (vue en James Bond Girl dans Casino Royal) incarne une professeur de langues étrangères à la moralité trouble. Et Stephen Fry joue son propre rôle en tant que présentateur télé spécialisé dans les concours de culture générale.

Mais le tableau ne serait pas complet sans parler du remarquable ministre de l’éducation nationale : Colin Firth. Après avoir vu Hugh Grant en Premier Ministre dans Love Actually, on se dit que la fiction politique anglaise fait plus souvent rêver que la réalité ! Mais toujours est-il que dans le registre comique proche de l’absurde, Colin Firth est capable de faire des étincelles. Et le duo qu’il campe avec Rupert Everett (justement son camarade de jeu dans L’Importance d’être Constant) relève à la fois du cabotinage cinématographique et du grand art burlesque. On sent tout de suite que le courant passe entre ces deux là, et on suit avec plaisir leurs incessants badinages.

Face à cette cavalerie d’adultes, les élèves ne sont pas en reste ! Car la jeune garde féminine est ici mise en scène avec un savant mélange d’humour teenager et de style B-D. Le personnage central d’Annabelle Fritton, nièce de la directrice, est joué par Talulah Riley. Les bibliophiles avertis l’auront reconnu pour son rôle de Mary Bennet dans le film Orgueil et Préjugés. Gemma Arterton, Juno Temple et Lily Cole (oui, le mannequin, vous avez bien lu) jouent les élèves les plus emblématiques de l’école. Et pour couronner le tout, c’est Mischa Barton que l’on voit débarquer en tant qu’ancienne élève pour distiller des conseils avisés à ses jeunes congénères !

Pour parler rapidement de l’histoire, le film se concentre sur l’arrivée d’Annabelle Fritton à l’école de St Trinian’s, dirigée par sa tante. Bien que notre jeune et innocente élève soit horrifiée par ses nouvelles camarades (qui n’hésitent pas à la bizuter) et qu’elle supplie son père de ne pas l’abandonner là, elle se retrouve coincée, seule au beau milieu de la horde. On découvre par la suite que la situation de l’école est loin d’être brillante, et que Miss Fritton doit rapidement trouver une grosse somme d’argent si elle veut sauver l’école. Effrayées à l’idée de devoir aller dans des écoles « normales » si St Trinian’s venait à fermer, les filles décident de donner un coup de main pour sauver leur école adorée. Sous l’impulsion de la préfète Kelly Jones, elles décident de cambrioler la National Gallery de Londres pour dérober le célèbre tableau de Vermeer : La Jeune Fille à la perle !

Le chemin sera semé d’embûches, mais nos jeunes délinquantes ne manquent pas de ressources. Le film, bien que beaucoup moins radical que les dessins de Ronald Searle, nous démontre quand même avec beaucoup d’énergie que ces filles là ne se laissent pas marcher sur les pieds ! Pires que des garçons, elles sont aussi brillantes qu’elles sont dangereuses. Elle fabriquent de la vodka de contrebande dans le garage de l’école et elles ont monté un trafic avec Flash, un caïd du coin. Dès leur plus jeune âge, elles savent manipuler les explosifs, et elles ne sont pas du genre à respecter les règles.

L’ensemble du film respire la vitalité, et bien que l’on se retrouve souvent dans des situations cocasses mais sans réelle surprise, on pardonne volontiers ce manque d’originalité pour se focaliser sur les points forts. De nombreux clins d’œil aux films de Colin Firth permettent de créer des situations à lectures multiples, ce qui donne d’autant plus de caractère à ce film. Et à de rares occasions, on retombe avec délectation dans l’humour noir propre au dessins, notamment avec la scène où le chien de la directrice est tué (désolée !).

Les jeunes actrices sont excellentes, chacune incarnant un style bien défini : la nouvelle, la chef de gang, l’écolo, la petite princesse, la geek…Et mes préférées sont sans le moindre doute possible les deux petites jumelles : sous leurs airs angéliques, ce sont de vrais petits démons !

Evidemment, la fin du film est prévisible, et l’histoire n’est pas très novatrice, mais l’on passe un excellent moment tout en retrouvant bien l’esprit des dessins : cette sensation que ces filles n’ont aucune limite.

Et justement, puisqu’il n’y a pas de limite, il devait y avoir une suite à cette aventure ! En 2009, un second film est sorti : La Légende des Fritton dans lequel nos écolières chevronnées partent à la recherche d’un trésor de pirate, font mordre la poussière à une société secrète qui déteste les femmes, et découvrent au passage la véritable identité de Shakespeare !

Côté casting, on est très proche du premier : Rupert Everett et Colin Firth sont toujours là. Ils sont cette fois rejoints par l’excellent David Tennant (le 10e Doctor Who) dans le rôle d’un politicien hystérique et dangereux qui s’en prend à l’école. Les élèves ne changent pas beaucoup. Dans ce nouvel opus, Annabelle prend du gallon ; celle qui était la petite nouvelle devient chef des élèves pour remplacer l’emblématique Kelly Jones. Et il va lui falloir beaucoup d’ingéniosité pour mener les filles à la bataille.st-trinians-2

Ce second film est peut-être un peu plus faible que le premier, entre autre parce que la trame narrative est assez décousue. Le scénario essaye plus d’exploiter les clichés du premier film que d’apporter un nouveau souffle à la vision de l’école. On tourne donc un peu en rond, ce qui n’empêche pas de goûter à nouveau le plaisir de cet univers passablement délirant. Et mon petit plus personnel : les jumelles Tara et Tania sont toujours aussi machiavéliques !

Tout ce que j’espère, c’est que le troisième film sera meilleur que ce second opus, un peu trop pâle par rapport à son aîné. Et on devrait bientôt le savoir puisque sa sortie est annoncée pour avril 2013. Il s’intitulera St Trinian’s versus the world. Tout un programme !

Bonus track : restez jusqu’au générique de fin du premier film car une surprise vous y attend. Rupert Everett et Cloin Firth livrent une reprise en duo très personnelle de Love is in the air. Une curiosité musicale à ne pas louper !

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