Psychopompe, livre d’Amélie Nothomb

Chaque année, j’entame la rentrée littéraire de septembre en lisant un livre du même auteur : Amélie Nothomb. C’est avec elle qu’a commencé mon intérêt pour la rentrée littéraire. Alors ce n’est que justice que je lui sois fidèle. Encore que pour être honnête avec vous, ça n’a pas toujours été le cas. J’ai eu un petit passage à vide. Et pendant quelques années, j’ai fait une pause en arrêtant temporairement de lire ses dernières nouveautés. Je pense que j’avais besoin de lire d’autres choses pour revenir vers elle avec plus de fraîcheur et d’enthousiasme. Mais l’avantage avec Amélie Nothomb, c’est que même les romans qui me touchent moins sont systématiquement intéressants. Pourquoi ? Dur à expliquer. Et Psychopompe va encore un peu plus épaissir le mystère puisque ce texte n’est même pas une fiction ! Pour la première fois, Amélie Nothomb prend la plume pour parler d’elle. Un exercice intime et émouvant.

Mon résumé du livre

PsychopompeDe son enfance en tant que fille de diplomate, Amélie Nothomb a gardé non pas le goût des voyages et des rencontres, mais plutôt celui de l’observation. Dans chaque nouvel environnement, la petite fille observait les oiseaux. Fascinée par leur vol, un privilège captivant pour son imaginaire, elle n’a eu de cesse toute sa vie de les regarder et d’être émerveillée par eux.

Au fil des années et des pays, les oiseaux ont été un trait d’union entre elle et le monde extérieur. Un monde dans lequel elle avait parfois du monde à trouver sa place et qui pouvait même être parfois hostile. Amélie Nothomb s’en souvient. Et à présent qu’elle écrit depuis près de trente ans, elle revient à l’origine de ce qui a tout déclenché : les oiseaux et son rapport au monde.

Mon avis sur Psychopompe

C’est souvent dur de résumer un récit à la première personne qui ne relève pas de la fiction. Encore plus difficile quand il ne s’agit pas ouvertement d’une autobiographie. Avec Psychopompe, Amélie Nothomb se prête à un exercice hybride. Elle ne se raconte pas de façon exhaustive. Mais disons qu’elle nous ouvre une fenêtre sur sa vie. Sur son rapport au monde, à la vie, à la mémoire et à l’écriture. Des thèmes qui structurent en fait l’ensemble de son oeuvre depuis ses débuts.

D’habitude, je ne suis pas fan des auteurs qui parlent d’eux. Soit ils essayent de cacher des choses, soit ils cherchent à se mettre en valeur. Ici, malgré ma presque déception de ne pas lire un récit de fiction, j’ai aimé Psychopompe parce qu’il ne tombe dans aucun de ces deux travers. C’est même étrange de constater que le livre est à ce point émancipé de l’ego de son autrice. Amélie Nothomb ne se livre pas entièrement. Elle ne prétend pas non plus le contraire. Il y a une part de pudeur, des moments de sa vie sur lesquels elle ne s’appesantit pas alors que ça aurait été très facile de nous tirer des larmes. Mais elle ne cherche pas cette émotion racoleuse. Elle reste du début à la fin dans une forme d’intellectualisation de son rapport au monde et à l’écriture.

Du coup, Psychopompe est un document passionnant. Au sens où c’est vraiment un genre de documentaire sur les coulisses de la carrière d’auteur d’Amélie Nothomb. D’habitude, Amélie Nothomb ne se livre pas. La fiction de l’écriture fait rempart entre elle et nous. Et tout d’un coup, avec ce livre, la distance qui nous sépare est abolie. Elle disparaît à la faveur de l’écriture, justement, mais un texte à la première personne du singulier qui fait entendre en toute sincérité la voix de la romancière.

La lectrice que je suis a été assez émue par l’exercice. Et en plus, Amélie Nothomb évoque certains de ses livres que j’ai le plus aimé ces dernières années : Soif et Premier Sang. Elle parle de son père, de son deuil, de l’écriture comme d’un trait d’union avec les morts. De cette intimité qu’on conserve avec les êtres que nous perdons. Et de la façon tangible dont cette perte peut se matérialiser dans nos vies, particulièrement à la faveur de l’écriture. Le texte, comme trace de la mémoire.

Psychopompe : une idée lecture pour qui ?

C’est sûrement le livre le plus singulier d’Amélie Nothomb. Et je pense que Psychopompe pourra plaire autant à ses fans qu’aux lectrices qui ne sont pas particulièrement des inconditionnelles de la romancière.

Certes, quand on a déjà lu certains de ses livres, c’est plus facile et agréable de saisir de quoi elle parle à certains passages. Mais comme je l’ai écrit plus haut, Psychopompe est avant tout une fenêtre ouverte sur l’intimité de son autrice. En ce sens, il ne demande pas de prérequis. Pas besoin d’avoir son certificat en Amélie Nothomb pour l’aborder avec plaisir. C’est un livre hors des sentiers battus, qui jette un éclairage très instructif sur la manière dont l’écrivaine aborde sa propre oeuvre.

Une très belle surprise !

3 réflexions sur “Psychopompe, livre d’Amélie Nothomb

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