Quand le roman de Beth O’Leary est sorti en France, mi-février en début d’année, je n’ai pas fait attention. Je n’avais pas reconnu qu’il s’agissait du roman The Flatshare, qui a été un véritable phénomène dans les pays anglo-saxons. Un roman dont j’avais entendu beaucoup de très belles choses… et que j’avais vraiment très envie de lire ! Mais bon, le titre, trop éloigné de la version originale, ne m’a pas marqué, et je suis passée à côté. Finalement, à la faveur de mes dernières vacances, j’ai enfin lu le livre en VO et découvert dans la foulée (avec un mélange de plaisir et de regrets !) qu’en fait il était disponible en VF ! Bref, aujourd’hui, je vous parle d’A moi la nuit, toi le jour, le formidable roman de Beth O’Leary.

Tiffany a un gros problème : elle vient de se séparer de son copain (un type assez désagréable qui a eu l’indélicatesse de ramener sa nouvelle copine dans leur appartement commun). Pressée par le temps, et ne disposant pas d’un gros budget, elle tombe par hasard sur une annonce de colocation un peu étrange. Leon, un infirmier de nuit, cherche un colocataire. Problème : il n’y a qu’une seule chambre. L’idée : partager ce deux pièces en alternant le jour et la nuit. Tiffany aura l’appartement entre le soir et le matin, puis Leon, qui vit en décalé, l’aura du matin jusqu’au soir. Et le week-end, Leon ira s’installer chez sa petite-amie. Un arrangement pour le moins étrange, mais les deux sont désespérés. Car si Leon économise, c’est pour venir en aide à son petit frère. La colocation fantôme s’installe alors. Ils ne se sont jamais rencontrés, et dialoguent pas post-it. Et pourtant une intimité puis une amitié commencent à s’installer entre ces deux étrangers qui vivent sous le même toit… au point de tout savoir des secrets de l’autre.

Quand j’avais entendu parler du roman de Beth O’Leary, ce qui ressortait le plus c’était l’originalité de l’histoire et la délicatesse de cette rencontre improbable entre deux personnes qui ont cruellement besoin d’un coup de pouce pour reprendre leur vie en main. Et à la lecture d’A moi la nuit, toi le jour je n’ai effectivement pas été déçue. Le roman est même encore mieux que ce à quoi je m’attendais.

Je ne veux pas vous spoiler, donc je ne vais pas rentrer dans le détail de l’histoire. Mais Tiffany et Leon ont chacun un énorme problème personnel à gérer. Et même s’ils essayent de se battre et de garder la tête hors de l’eau, ils ont vraiment besoin du confort de l’amitié pour s’en sortir. La naissance de leur relation, à coup de post-it, est à la fois géniale et très poétique. Les messages écrits, toujours retranscrits par Beth O’Leary, apportent de l’humour, de la poésie, mais aussi beaucoup de subtilité à l’histoire. Les notes sont parfois légères, parfois plus graves. Et certaines confidences ne pourraient pas être faites à haute voix, par pudeur. L’écriture est entièrement au centre de ce roman, et ça crée une formidable intimité avec le lecteur. On a vraiment la sensation d’être la troisième personne dans la pièce.

Cette histoire est bouleversante. Elle touche à des choses du quotidien : le harcèlement, l’insécurité matérielle et affective, l’amour, l’amitié, la famille… Beth O’Leary aborde tous ces thèmes avec une justesse et une authenticité qui rendent son livre encore plus fort. Il y a aussi pas mal d’humour car la colocation un peu étrange entre Leon et Tiffany n’est pas sans générer quelques situations cocasses !

Ce livre a été un énorme coup de coeur, et je ne peux que vous encourager à le lire. C’est typiquement le genre de roman qui peut plaire à toutes sortes de lecteurs. Une histoire qui séduit par son humour, sa tendresse, son originalité et la profondeur de ses personnages. Avec A moi la nuit, toi le jour, Beth O’Leary signe un roman excellent qui laisse durablement son empreinte sur son lecteur.