Me voici de retour sur les terres de la littérature anglaise avec le dernier roman de Rachael Lucas, The Telephone Box Library. Un livre dont l’accroche de couverture promet « des livres, du vin et des secrets ». En ce qui me concerne, cette promesse fut suffisante pour me séduire… sans compter le résumé captivant. Rachael Lucas est une romancière britannique contemporaine qui commence à se faire un nom outre-Manche. Après plusieurs romans à succès, elle a sorti, en mars dernier, un nouveau livre au sujet intéressant : la place des femmes anglaises dans l’effort de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, et plus précisément celles engagés comme cryptanalystes au centre militaire top secret de Bletchley Park.
Pour Lucy, le passé a toujours été un territoire rassurant. Rien n’y bouge plus, rien ne change et tout est à sa place. Tout le contraire de sa propre vie. Sa passion pour le passé, Lucy en a fait sa vocation, et elle est devenue professeur d’histoire. Mais après un épisode de burn-out qui la pousse à prendre plusieurs mois de congés sabbatiques, la question se pose : que faire maintenant ? Lucy décide de rebondir et de mettre se temps à profit pour se consacrer à un vieux projet : écrire un ouvrage consacré aux femmes qui ont travaillé à Bletchley Park pendant la guerre. L’histoire de ces anonymes, dont le travail n’a été reconnu que récemment, méritent d’être racontée au plus grand nombre. Lucy fait ses valises, embarque son jeune chien, et part s’installer temporairement dans le petit village de Little Maudley, à quelques minutes seulement de Bletchley Park. Là, elle fait la connaissance de Bunty, sa voisine. Cette dame âgée, au caractère bien trempé, qui a un faible pour les animaux exotiques, en sait long sur les femmes de Bletchley Park. Et pour cause : elle a elle-même participé à des missions top-secret pendant la guerre. L’arrivée de Lucy est l’occasion de faire remonter le passé à la surface, mais ces souvenirs ramènent aussi les fantômes de ceux qui n’ont pas survécu.
Honnêtement, je suis tombée sur ce livre un peu par hasard, et c’est la couverture qui m’a attiré. Une jolie couverture aux couleurs printanières, avec une cabine téléphonique rouge typique. Je connaissais le nom de Rachael Lucas, mais je n’avais jamais lu aucun de ses romans. En cliquant sur la fiche de ce livre en revanche, c’est bien le résumé qui a captivé mon intérêt et qui m’a donné envie de lire ce livre.
Bletchley Park est un sujet cher à mon cœur pour plusieurs raisons. La vérité sur ce centre de communications de l’armée britannique n’a été rendue publique qu’il y a quelques années seulement, à l’expiration de la classification secret défense. Le fait que la majorité du personnel était féminin a profondément marqué l’imaginaire du public britannique. C’était l’occasion de rappeler l’importance de l’implication de celles et ceux qui avaient lutté sur le « front domestique ». Il y a même eu une série policière tirée de cette histoire véridique.
The Telephone Box Library utilise Bletchley Park et les femmes qui y ont travaillé comme point de départ pour aborder le rôle des femmes britanniques pendant la guerre. C’est un livre qui évoque leur engagement, pas seulement en lien avec l’armée, mais aussi tout simplement dans la vie de tous les jours, alors que les hommes étaient au front. Le difficulté de se retrouver seules, isolées, peu informées, parfois envoyées loin de chez elles, avec les enfants à charge, les emplois à occuper… Sans compter le climat d’angoisse, les restrictions et les bombardements.
Rachael Lucas construit son roman avec le portrait croisé de deux femmes passionnantes. L’une qui a vécu cette période mais ne parvient pas à raconter cette histoire douloureuse. L’autre, une jeune femme qui cherche à rebâtir la mémoire pour la transmettre aux jeunes générations. Entre les deux, la cabine téléphonique du village, qui doit être transformée en petite bibliothèque publique, sert de passerelle. Ce point de rencontre sur la place du village devient aussi le symbole du temps qui passe et de la transmission du passé.
Ce roman est non seulement très intéressant d’un point de vue historique, mais il dresse le portrait subtil et délicat de deux femmes très intéressantes. Il questionne notre rapport au passé, et met en valeur l’importance de faire la paix avec ce passé, aussi douloureux soit-il. Il met aussi en lumière la force et le courage des générations qui nous ont précédé, et qui ont dû affronter une menace particulièrement terrifiante. Une source d’inspiration pour les générations actuelles et à venir. C’est d’ailleurs exactement ce que la Reine d’Angleterre a rappelé lors de son discours, en pleine épidémie du Covid-19.
The Telephone Box Library a été un énorme coup de cœur personnel. C’est un roman passionnant de bout en bout. Il apporte un vent d’optimisme et de chaleur humaine très agréable, en plus de délivrer une histoire palpitante qui a le mérite de faire revivre la mémoire de femmes d’exception. Inutile de dire que je vous le conseille fortement ! Et j’espère vivement qu’il sera rapidement traduit en français.
Ça l’air bien! J’espère qu’il sera traduit ça pourrait être une belle lecture!
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J’espère également qu’il sera traduit !! C’est un roman qui aurait tout à fait sa place dans la collection du Cercle Belfond.
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