La BD au féminin

josephine-bd-volume-3-simple-44003Si il y a bien un univers littéraire qui est resté jusqu’à très récemment un bastion masculin, c’est bien le monde de la BD ! Longtemps, la BD a été peuplée d’hommes. Des dessinateurs et des auteurs qui traitaient de beaucoup de sujets, mais pas beaucoup des femmes. Et puis les choses ont commencé à changer, quelques femmes comme Claire Bretécher ont mis un pied dans cet univers. L’explosion de la blogosphère a encore permis de donner une plus grande visibilité au travail des dessinatrices, mettant souvent en lumière des talents bien loin des dessins auxquels les hommes nous avaient habitué. On y découvre des univers girly clairement affichés, où les préoccupations des filles de l’an 2000 se dévoilent entre humour et poésie. Pour ce mois de la glamazone, comment faire l’impasse sur les dessinatrices ? Voici trois filles qui manient l’humour avec autant de facilité que les crayons.

Pénélope Bagieu

C’est grâce à son blog Pénélope Jolicoeur que j’ai découvert Pénélope Bagieu. Hilarante, la dessinatrice y croque les détails de la vie quotidienne d’une presque trentenaire à la fois normale et un peu fêlée. Les dessins très colorés respirent la bonne humeur et on rigole bien. Avec le temps, les albums ont commencé à être édité, et j’ai retrouvé avec plaisir l’univers virevoltant de Pénélope dans ‘Ma vie est tout à fait fascinante’ puis dans les albums des aventures de ‘Joséphine’, héroïne chick lit version BD pour laquelle il est impossible de ne pas craquer. Car l’esprit de Pénélope Bagieu, c’est ça : la transposition dans l’univers BD du courant littéraire de la chick lit. On replace au cœur de l’histoire (et donc du dessin) les aventures des filles de tous les jours qui rencontrent les problèmes de leur temps : les histoires d’amour, la mode, le boulot… Je lis les albums de Pénélope en ayant l’impression qu’elle raconte un peu ma vie.

digleeDiglee

Autre découverte bloggesque, Diglee est une dessinatrice dont j’adore le trait de crayon et qui a en plus le bon goût d’être à la fois très drôle et assez sensible. La poésie côtoie les couleurs primaires dans un formidable carnaval d’inspirations mêlées. Sur son blog, on se rend facilement compte de la richesse de son travail. J’avais notamment eu le coup de foudre pour des dessins qu’elle avait fait d’après de vieilles photos qu’elle avait retrouvées. Le dessin venait reconstruire l’histoire, remplaçant le réel par quelque chose de beau et de très touchant. Ce projet narratif m’avait séduit et impressionnée. Ensuite, j’avais lu son ‘Autobiographie d’une fille gaga’, véritable ode à une génération de filles qui n’ont pas honte d’aimer les paillettes. Particulièrement rafraîchissant !

motinMargaux Motin

C’est ma meilleure amie (qui a très bon goût, il faut bien le dire) qui m’a fait découvrir Margaux Motin. Elle m’a même offert l’un de ses albums ‘La tectonique des plaques’ que j’avais dévoré à la vitesse de l’éclair tellement je l’avais adoré. Un peu différente par rapport à ses consoeurs, Margaux Motin offre des sujets un peu plus matures dans le sens où elle parle de la vie d’une maman divorcée qui doit jongler entre son adorable petite fille et les contraintes de son travail. Un joli portrait de la féminité avec beaucoup d’humour, une généreuse dose de vitalité, et là encore un dessin très accessible. C’est riche, varié, et on passe un très bon moment dans les pages de ses albums.

Cette petite sélection que j’ai faite est très « grand public », je le reconnais. Mais je ne suis pas non plus une spécialiste de la BD, et je ne prétends pas l’être. Avec ma curiosité de lectrice, je découvre des albums qui me plaisent. Et au fil des années, je me suis rendue compte que la BD s’ouvrait de plus en plus aux filles, les laissant pénétrer dans un monde de bulles qui peut aussi faire écho à leurs sujets personnels. Un peu comme les jeux vidéos, la BD s’est enrichie en proposant plus de choses et en s’adressant à un public plus large. On assiste donc, en parallèle à la montée en puissance de la chick lit du côté des romans, à la naissance d’une génération de dessinatrices décomplexées, qui assument leur côté girly tout en n’ayant pas peur de s’aventurer sur des terrains moins féminins. D’ici la fin du mois, je vous parlerais d’ailleurs du travail de l’une d’entre elles, Catherine Meurisse.

En attendant, bonnes lectures à vous tous !

4 réflexions sur “La BD au féminin

  1. Catherine dit :

    Je connais moins Diglee mais j’ai eu pour Noel Penelope Bagieu et Margot Motin que j’attends de devorer!
    En Bd feminine, je ne sais pas si tu connais, il y a « Fraise et chocolat » d’Aurelie Aurita qui est plus…osee et explicite dira-t-on sur la sexualite, la decouverte du/des corps. C’est sympa aussi et ca change.

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    • uranie84 dit :

      Non je ne connais pas cet album. Merci pour l’info, je vais aller regarder ça de plus près ! C’est intéressant que les filles s’approprient des sujets plus « masculins » et sortent de la zone girly de la BD. Il se passe vraiment quelque chose d’intéressant avec la génération actuelle. Profite bien de tes lectures !

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  2. Fiavanova dit :

    Merci pour ces lectures, moi qui lit pas mal de BD mais plutôt d’auteurs masculins! Je peux te conseiller, si tu ne connais pas déjà, une BD très sympa, écrite et dessinée par une fille, Leslie Plée : « Moi, vivant, vous n’aurez jamais de pauses : ou comment j’ai cru devenir libraire ». Humour et réalisme sont au rendez-vous dans le monde impitoyable du boulot! Une autre BD qui est aussi belle graphiquement qu’elle est poignante, émouvante scénariquement est bien entendu celle de Julie Maroh : « Le bleu est une couleur chaude ». Adaptée au cinéma (« La vie d’Adèle »), cette BD peut tout à fait vivre sans son homologue filmique ; d’une grande délicatesse, truffée de poésie, un graphisme léché. Une sensibilité vraiment féminine.

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