Retraite littéraire - Alivreouvert.net

Retraite littéraire : c’est LE luxe qui nous fait toutes rêver en ce moment. Et c’est bien le signe qu’il y a un problème !

Salut !

Courant mai, quand j’ai commencé à voir des articles en Anglais sur la retraite littéraire, sur le coup j’ai trouvé ça fun. Et je me suis dit : enfin une tendance cool qui me concerne. Oui parce que d’habitude, les histoires de mode vestimentaires ou la dernière tendance k-beauty, c’est pas forcément ce qui me passionne le plus 🙂

Donc enfin, une vogue en rapport avec la lecture. Et le plus drôle, c’est que ça concerne aussi bien des gens qui lisent beaucoup que des gens qui n’ont presque jamais le temps de lire.

Alors en début d’été, je me suis dit que ce serait sympa de te proposer une série d’articles et de conseils sur le sujet.

Je pense que maintenant, on a bien fait le tour. Alors j’ai une dernière question à poser : est-ce que, dans le fond, cette tendance de la retraite littéraire n’est pas quand même un peu problématique ?

Je te propose qu’on en parle dans le Club de Lecture d’Alivreouvert ce soir !

Bel été lecture,

Emilie – Alivreouvert.net

Suis-je la seule à avoir envie d’un retourneur de temps ?!

Bien sûr, c’est top que la lecture revienne à la mode. Et ce genre d’articles permet de donner de la visibilité aux lectrices. Car pour la plupart d’entre nous, on lit dans notre coin, pas forcément avec des clubs de lecture. Donc on n’a rarement la chance de vraiment partager notre passion.

Pourtant, même s’il peut y avoir une notion de rencontres dans la rencontre littéraire, le cœur du concept c’est avant toute chose le rapport au temps. Une ressource dont on manque cruellement.

Question : où est passé le temps ? Est-ce qu’on est passé de 24 à 20 heures par jour, et personne ne m’a prévenue ?!

Je remarque qu’on a toutes recourt à la même tournure de phrase au quotidien : « J’ai pas eu le temps ».

Faux. Ce serait plus juste de dire : « Je n’ai pas pris le temps ».

Quand on me demande où est-ce que je trouve le temps de lire autant de livres par an, je me sens toujours un peu confuse. Mes journées ne sont pas plus longues que celles des autres. Et comme malheureusement pour moi je n’ai pas hérité d’une fortune familiale, il faut bien que je travaille pour vivre. Donc je ne suis pas une héroïne de la littérature victorienne qui passe ses journées dans l’oisiveté, entre lecture et visites chez les amies de la bonne société.

Tout ça pour dire que oui je travaille, et le temps que j’ai pour mes loisirs reste limité. Bon, comme je ne fais pas de sport, on peut se dire que c’est du temps gagné au quotidien pour la lecture !

Lecture et barrières mentales

Mais pour en revenir à notre sujet, le rapport au temps est quelque chose de fascinant. Et quand je discute avec des non-lecteurs, il y a deux idées fausses qui reviennent souvent. La première, c’est que ça prend du temps de lire. Et la seconde, c’est que ça demande de l’énergie, donc ce n’est pas une bonne idée pour se relaxer en fin de journée après avoir travaillé toute la journée.

Sur la question du temps, c’est faux. Lire ne demande pas un investissement temps plus important que la dernière série Netflix. Chaque soir, je lis entre 2 à 3 heures. Et quand je laisse mon livre de côté sur la table pour regarder la télé à la place, je constate que je finis par me coucher à la même heure que quand je lis.

Si on convertit mes 2h30 minutes de lecture en unité Netflix, ça fait en moyenne 3 épisodes de série. Donc ça va, ce n’est pas si délirant.

Autre frein mental contre la lecture au quotidien : ça demande de se concentrer. Donc c’est plus efficace de choisir la télé pour se détendre plutôt que de lire.

En règle générale, quand j’entends cet argument, c’est toujours le même cas : des personnes qui n’ont pas ouvert un livre depuis le lycée ou le collège. Du coup, je comprends parfaitement qu’elles aient cette vision. Parce qu’objectivement, les livres les plus chiants que j’ai pu lire dans ma vie étaient toujours au programme scolaire.

Hors du programme, on n’enseigne pas le plaisir de la lecture libre. Alors forcément, la majorité des personnes quittent l’école en se disant : la lecture, plus jamais !

Alors qu’en fait, quand on lit une histoire qu’on a choisi soi-même, qui correspond à nos goûts personnels, et qu’on n’a pas d’interro dessus, ça change tout ! Le plaisir abolit le temps. C’est vrai pour la lecture comme pour beaucoup d’autres choses.

Est-ce qu’après une journée de boulot, nos neurones sont d’attaque pour lire ? Ben… j’ai envie de dire que la lecture d’un Bridget Jones ne demande pas plus de concentration que de regarder un épisode de Black Mirror ou de West World ! Oui, je suis taquine 🙂

TikTok et Nietzsche : à la recherche du temps perdu !

Revenons-en à la retraite littéraire

Les écrans sont partout autour de nous. Et si Nietzsche revenait d’entre les morts, il changerait sûrement sa citation : « Si tu regardes longuement l’abime TikTok, il finit par te regarder en retour ». Je pense que la mode des jeans skinny aurait aussi eu de quoi effrayer Nietzsche, mais comme je l’ai dit plus haut, je ne suis pas une spécialiste de la mode.

Mais Nietzsche aurait sûrement eu des choses à dire sur la manière dont nous perdons notre temps. Nous le vidons de sa substance, parce qu’en fait ça devient plus difficile de se concentrer. De se fixer sur le moment présent. Et donc, de se ménager du temps pour les choses qui nous apportent vraiment de la joie.

Parce que oui, scroller sur Insta c’est marrant 5 minutes. Mais chaque fois que je me rends compte que ça fait 20 minutes que je suis en train de regarder des trucs qui ne m’intéressent même pas, je me dit que la fin est proche !

Vais-je faire une retraite littéraire pour me reconnecter à moi-même ? Je pense que, malgré quelque alertes ponctuelles que je me lance à moi-même, j’arrive encore à faire la part des choses entre le temps que j’ai et la manière dont j’ai vraiment envie de l’occuper.

Malgré tout, c’est vrai que l’idée d’une retraite littéraire est séduisante. De vraies vacances pour lire, lire, lire. Et éventuellement parler bouquins avec d’autres passionné.es.

Et toi, quand tu penses à une retraite littéraire, qu’est-ce qui te vient en premier à l’esprit ? Est-ce l’envie de lire sans contraintes, de t’évader dans des histoires, ou peut-être le simple désir de t’offrir un moment pour toi dans un quotidien qui va trop vite ?

J’aimerais beaucoup savoir comment chacune et chacun perçoit ce luxe du temps et ce qu’il ferait pour le créer à sa manière.

N’hésite pas à partager ton ressenti, tes envies, tes idées… la conversation ne fait que commencer !

Vous en pensez quoi ?