On la croirait presque sortie tout droit de l’imaginaire d’un auteur. Et pourtant l’histoire de Salem est bien réelle. Si le nom de la ville est devenu mondialement célèbre, c’est à cause de l’histoire tragique de procès en sorcellerie. Une affaire qui a eu un tel retentissement qu’il a inspiré les artistes par la suite. Au point d’assurer à Salem un rayonnement particulier, encore de nos jours. Mais que savez-vous vraiment sur Salem et les sorcières ? Connaissez-vous vraiment le lien entre cette ville et l’histoire de la littérature américaine ? Aujourd’hui je vous emmène pour une balade sur les sentiers inquiétants de l’une des petites villes les plus célèbres au monde.
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Salem : une petite ville presque sans histoire
Au départ, Salem était simplement une petite ville pittoresque du Massachussetts comme il en existe tant sur la côte Est des Etats-Unis. Dans cette partie du pays, durablement imprégné par le folklore européen apporté par les nombreux émigrés, la frontière entre réalité et mystères est pourtant devenue bien mince à la faveur d’un événement dramatique. Cet événement, c’est le fameux procès des sorcières qui date du XVIIe siècle, et dont vous avez certainement entendu parler… même si vous ne savez peut-être pas forcément de quoi il s’agit exactement !
Salem, une petite ville pittoresque du Massachusetts, est surtout connue pour son histoire tragique liée aux procès de sorcières du XVIIe siècle. Cependant, cette histoire tumultueuse a laissé une empreinte profonde sur la littérature et la culture populaire américaine. Dans cet article, nous explorerons l’histoire de Salem et son impact sur la créativité artistique qui continue de fasciner le monde.
Tout se passe en 1692, lorsque Salem devenue le théâtre d’une vague d’hystérie collective. La petite ville riche et paisible est ébranlée quand plusieurs jeunes filles accusent certaines femmes de la Salem de les avoir ensorcelées. A une époque où la religion a une place prépondérante dans la vie, on ne prend pas une telle accusation à la légère. Et la rigueur morale vise en particulier à contraindre les femmes à rester à leur juste place. En un mot, elles doivent être obéissantes et moralement irréprochables. Alors évidemment, une accusation de sorcellerie est prise très au sérieux.
Salem accueille alors plusieurs procès. Les femmes accusées d’être des sorcières sont trainées devant les tribunaux de la ville. Comme vous pouvez l’imaginer, elles ont bien du mal à se défendre dans un climat de suspicion qui ne joue pas en leur faveur. Le résultat est sans appel : et ce sont pas moins de 20 personnes, principalement des femmes, qui sont exécutées dans le cadre des procès de Salem.

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Les sorcières de Salem et l’histoire de la littérature américaine
Comme souvent dans l’histoire de la littérature, les événements les plus sanglants servent de source d’inspiration aux artistes. Et au XXe siècle, le procès des sorcières de Salem va revenir hanter la culture américaine à la faveur d’une pièce de théâtre.
En effet, en 1953 le dramaturge américain Arthur Miller convoque les fantômes du passé dans sa pièce Les Sorcières de Salem. Le sujet ne doit rien au hasard : après le drame de la Seconde Guerre mondiale qui a prouvé à quel point le fascisme pouvait facilement s’enraciner dans l’inconscient collectif et faire commettre les pires actes à des personnes normales, il est nécessaire de questionner le rapport à la morale.
En plus, au début des années 50, les Etats-Unis sont pleine période McCarthiste. C’est justement « la chasse aux sorcières », même si les créatures visées sont surtout des communistes. Mais l’idée reste la même : pour des raisons morales, on encourage la suspicion et la dénonciation. Ce que la pièce d’Arthur Miller cherche à dénoncer.
Dans un pays très attaché au principe des libertés individuelles, la pièce a un fort retentissement. Et l’histoire des procès des sorcières de Salem devient le symbole d’un système vicié dans lequel des innocents sont punis sans aucune raison.
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Salem dans la littérature : toujours à la mode de nos jours
La pièce d’Arthur Miller a durablement marqué l’histoire de la littérature américaine. Et d’ailleurs la pièce a été joué dans de nombreux pays. Là encore, ce n’est pas un hasard : le sujet d’une justice aveugle est malheureusement universel.
Depuis, d’autres auteurs américains ont eu à coeur de revisiter l’histoire des sorcières de Salem. Par exemple dans L’Ensorcelée de Salem, Katherine Howe rouvre l’enquête en imaginant comment de nos jours une jeune étudiante pourrait retrouver la piste des femmes accusées à tord d’être des sorcières.
Kathleen Kent s’est également intéressé au sujet d’une façon encore plus originale. En 2008 elle a publié The Heretic’s Daughter, un roman resté inédit en France dont le titre est ouvertement provocateur. Il raconte l’histoire d’une des habitantes de Salem, Martha Carrier, accusée de sorcellerie, jugée puis pendue. Son histoire est racontée du point de vue de sa ville, et le livre est une dénonciation de la société puritaine de l’époque.
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Salem : le tourisme littéraire en rapport avec les sorcières
Si la littérature a fait la triste renommée de Salem, elle a aussi assuré à la ville un flot incroyable de touristes. Et désormais, Salem est une destination très courue aux Etats-Unis, en particulier durant la saison de Halloween. Incroyable mais vrai : les festivités en lien avec l’histoire dramatique des sorcières font recette !
Certes, Salem a le charme authentique des petites villes de la Nouvelle-Angleterre avec ses vieilles maisons, sa forêt aux belles couleurs et son ambiance vaguement inquiétante. Ce qui donne envie de s’y balader pour s’amuser à se faire peur.
Encore mieux, si vous allez y faire un tour, vous pourrez visiter plusieurs musées en lien avec la sorcellerie, un musée de la torture, vous rendre sur au mémorial des sorcières de Salem, visiter le cimetière de Salem, le temple satanique, participer à un atelier pour fabriquer un balai de sorcière (on ne précise pas s’il vole ou pas) et même voir la statue d’Elizabeth Montgomery, la comédienne qui jouait dans Ma Sorcière bien-aimée !
Vous l’aurez compris, le bon goût ne règne pas forcément en maître. Et l’histoire dramatique des femmes et des hommes pendus au moment des terribles procès a été balayé par des considérations commerciales.
Une raison de plus pour ne pas laisser cette histoire tomber dans l’oubli.
Vraiment très intéressant comme article , je te félicite pour ce beau travail en profondeur. j’aime apprendre, comprendre et me faire surprendre par des faits historiques et les influences que peuvent avoir celles-ci sur la culture populaire et surtout, dans la littérature.
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Merci beaucoup : ça me va droit au coeur comme compliment parce que moi aussi j’adore apprendre des choses et partager. C’est vraiment pour ça que j’ai fait ce blog au départ. Donc j’adore prendre le temps pour ce genre d’articles même si je n’arrive pas à en publier aussi régulièrement que j’aimerais. Plus tard dans le mois de novembre, je vais en publier un autre sur Gotham. J’espère qu’il te plaira autant !
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Il faut déambuler dans les rues de Salem au moment d’halloween. Un spectacle à chaque pas 😉
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L’ambiance doit être très particulière et assez bluffante. Les photos que j’ai pu voir donnent envie, on a l’impression d’être vraiment ailleurs dans le temps ou dans l’espace.
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C’est vrai que souvent l’histoire dramatique est tombée aux oubliettes. Merci à toi pour cet article 🙂
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Avec plaisir ! Je suis ravie que cet article te plaise.
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Merci pour ce rappel de cette triste histoire. Quand on creuse un peu, on se rend compte que tout n’était que règlement de comptes et confiscations de terre et de biens matériels. C’est bien triste et ne donne pas une très haute opinion des esprits étroits de l’époque !
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C’est une histoire absolument dramatique, et c’est justement la raison pour laquelle elle a inspiré pas mal d’auteurs : montrer encore et toujours comment chacun peut instrumentaliser la morale et la religion par intérêt personnel, afin d’étendre et de conserver son pouvoir.
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Ce fait divers me passionne.
Je n’aime pas du tout la pièce d’Arthur Miller, et « L’ensorcelée de Salem » m’a déçue. Au passage, je suis folle amoureuse du film « Hocus Pocus ».
Oui, les Américains aiment faire du spectacle sur le dos de victimes.
J’aimerais beaucoup visiter la Nouvelle-Angleterre (et pas que).
Passe une excellente semaine !!
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Merci beaucoup pour ton article. C’est drôle que tu mentionne Hocus Pocus parce qu’une partie du film a justement été tourné à Salem !!
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Je ne savais pas pour le lieu du tournage, merci. Bon mardi livresque !
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