Les Garçons de la cité-jardin, roman de Dan Nisand

Je profite des parutions poches du moment pour rattraper mon retard sur certains livres que je voulais lire l’année dernière. C’est le cas avec ma récente lecture du roman de Dan Nisand, Les Garçons de la cité-jardin. Une histoire dont j’avais entendu beaucoup de bien. Mais je n’avais pas encore pu me plonger dedans faute de temps. Ce livre a fait sensation l’année dernière. En prime, c’est le premier roman publié de son auteur. Et en général, les premiers romans sont intéressants parce que justement c’est l’occasion de découvrir une nouvelle voix. De faire une découverte en allant à la rencontre d’une sensibilité qu’on ne connaît pas encore. Alors vous allez me demander : est-ce que cette voix était intéressante ? Oui. Et je dois dire que Les Garçons de la cité-jardin a tenu ses promesses.

Mon résumé du livre

Garçons-citéMelvil vit seul avec son père dans un petit pavillon de la cité-jardin, cette banlieue née d’un idéal humaniste. Mais avec le temps, les idéaux se sont faits la malle. Un peu comme les perspectives d’avenir de la famille de Melvil. Son frère aîné Virgile a quitté la famille pour entrer dans la Légion. Puis Jonas, le cadet qui ne tient pas en place et n’a cessé de tourmenter Melvil, est parti lui aussi pour on ne sait quelle combine. Le quotidien de Melvil se limite donc à son travail, le soin de son père âgé, et les quelques rencontres avec les autres habitants de la cité-jardin.

Sauf que lorsque Virgile revient finalement au bercail, le quotidien bien huilé et un peu terne bascule. Avec le retour du grand frère, c’est toute la mythologie familiale qui renait de ses cendres. Car la famille de Melvil a le don de faire parler d’elle… et pas en bien. Malgré l’admiration suscité chez certains, pour d’autre la famille Ischard est surtout une source de nuisances. Et le drame n’est jamais loin d’eux. Le retour de Virgile sera forcément synonyme de catastrophe. Mais est-ce qu’une catastrophe n’est pas préférable à une vie dans laquelle il ne se passe jamais rien ?

Mon avis sur Les Garçons de la cité-jardin

Le roman de Dan Nisand a quelque chose d’un peu déstabilisant. A mi-chemin entre le réalisme et une certaine forme de poésie de l’intime, c’est un livre qui évoque la violence des quartiers que les médias ne sont capables de placer sur la carte qu’au moment des faits divers. Pourtant, même en-dehors de ces moments de drames et de crise, des gens vivent chaque jour. Et chaque jour, ils doivent vivre avec cette violence sous-jacente.

Le livre suit les membres d’une famille, dont le personnage principal est Melvil. Le plus jeune de la fratrie est aussi le plus calme. Mais ce calme apparent cache une angoisse générale. Lui qui vit seul avec son père, qui jalouse en quelque sorte les hauts faits de ses aînés, dont le panache a jeté un peu de couleur dans un quotidien trop terne. Melvil dont la routine ne varie jamais parce qu’il ne lui arrive jamais rien. Sauf que si justement, il va lui arriver quelque chose avec le retour de ses frères. Et comme une tempête, ils vont tout bousculer sur leur passage.

Dan Nisand nous invite vraiment à rentrer dans l’intimité de cette famille dont les membres se divisent en fait en deux catégories : ceux qui ont abandonné (Melvil et son père) et ceux qui cherchent encore un chemin (les frères aînés). Mais un chemin vers quoi ? C’est justement la question de fond qui porte ce roman.

J’ai aimé l’énergie très particulière qui traverse ce roman. Les réflexions personnelles de Melvil sont très « écrites », très poétiques dans leur tournure. Parce que Melvil est quelqu’un qui vit beaucoup en lui-même, dont le monde intérieur est riche, à défaut d’avoir une vie sociale trépidante. A contrario, les dialogues entre les personnages sonnent très authentiques. Ils tombent juste parce que c’est écrit comme on les imagine parler. La matière est vivante. Et j’avais vraiment la sensation d’être transportée dans la pièce avec eux. Cette énergie, ce sentiment d’urgence, d’angoisse… Tout ça m’a plongé dans l’histoire avec beaucoup d’efficacité.

Les garçons de la cité-jardin : une idée lecture pour qui ?

Si vous lisez peu de littérature française contemporaine parce que vous avez l’impression qu’on vous parle toujours de la vie tragique des bobos parisiens, alors ce livre est fait pour vous !

Blague à part, le roman de Dan Nisand ouvre une fenêtre sur un quotidien qui n’a rien de glamour, qui ne fait pas rêver. Pourtant, c’est une réalité qui, à force de n’être que peu médiatisée, en devient hautement romanesque. Les destins tragiques de ces personnages qui, d’une certaine façon, ne peuvent pas échapper à leur destin. Les Garçons de la cité-jardin est un ouvrage sincère, très fort, très bien écrit qui évoque la violence des vies brisées dans l’indifférence collective.

Bonne lecture.

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