Qui a envie de se faire peur avec un bon livre ? Moi aussi, j’adore les lectures d’Halloween. Et même si les nouvelles parutions regorgent de pépites, il est bon de se rappeler que certains classiques sont parfaits pour vous donner des frissons. Pour vous angoisser. Pour vous donner envie de dormir avec la lumière allumée. Voire de ne pas dormir du tout ! Et justement, la période d’Halloween est idéale pour partir à la découverte de ces classiques auxquels on ne pense pas forcément le reste du temps. De la littérature générale, des romans fantastiques et même des livres policiers. Vous allez frémir de plaisir avec cette petite sélection !
Frankenstein, Dracula et autres créatures littéraires féroces
C’est vrai que j’aurai pu faire une sélection en intégrant tous ces livres. Il y a plein de romans qu’on pense connaître par coeur tant leurs histoires sont passées dans la culture populaire. Grâce aux adaptations en films et séries, vous êtes peut-être déjà familiers avec ces histoires. Et loin de moi l’idée de vous décourager de découvrir ces romans (Frankenstein est tellement bien écrit que c’en est même poétique par moments) ! Toutefois, mon idée avec cet article, c’est de sortir un peu des sentiers battus. De vous présenter des livres auxquels on ne pense pas spontanément, mais qui regorge d’atmosphères inquiétantes.
Attention aux femmes !
Les femmes fatales sont légion dans la culture occidentale. Et la littérature ne fait pas exception. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est le thème de l’épouse et de la peur qui s’insinue dans la vie domestique. Vous en trouverez de beaux exemples dans deux romans remarquables : Rebecca de Daphné du Maurier, et Jane Eyre de Charlotte Brontë.
Rebecca est le nom d’un personnage qu’on ne voit pas : la défunte épouse de Max de Winter. Et sa mémoire va vite donner des sueurs froides à la nouvelle épouse en titre. Cette dernière est une jeune femme timide, naïve, mariée trop top à un homme qu’elle ne connaît finalement pas beaucoup. Et désormais installée dans la sublime et inquiétante demeure de Manderley, elle doit trouver sa place sans céder aux fantômes du passé qui rôdent. Des fantômes alimentés par la terrible gouvernante, madame Danvers, qui n’apprécie pas du tout la jeune épouse et semble vouer un culte troublant à Rebecca, son ancienne maîtresse. Mais d’ailleurs, qu’est-il vraiment arrivé à Rebecca ?
Je vous préviens que ce roman vous tiendra en haleine de bout en bout. Son twist le plus impressionnant, c’est qu’il repose sur une narratrice (la jeune épouse) pour laquelle on ressent finalement assez peu d’affection. Alors que dans le même temps, Rebecca, morte avant même le début de l’histoire, plane comme une figure solaire au-dessus de toute l’histoire. L’atmosphère générale est fascinante et obsédante. Ce n’est pas une surprise si Alfred Hitchcock a aimé cette histoire au point de l’adapter au cinéma. Et il a aussi porté un autre roman de Daphné du Maurier sur grand écran : Les Oiseaux.
Si vous avez peur de l’ambiance un peu trop sombre de Rebecca, je vous conseille de plonger dans les pages de Jane Eyre. Les deux romans ont plusieurs similitudes, à commencer par le fait qu’ils sont tous deux racontés à la première personne. Et dans les deux cas, la petit nouvelle de la maison ne comprend ce qui se passe, ni pourquoi on semble lui cacher des choses.
Certes, Jane Eyre est beaucoup plus « léger ». Mais le livre a tout de même une petite atmosphère gothique à sa façon. Le vieux manoir isolé et triste. Le maître de maison mystérieux, plein de contradictions, charmeur et intimidant à la fois. Une histoire enténébrée à souhait ! En plus, Jane Eyre est un personnage très sobre, pas une romantique exaltée. Elle est même un peu austère, mais pas d’une façon qui puisse sembler aride au lecteur. Paradoxalement, il y a une vraie chaleur humaine dans cette austérité. Tout simplement parce que Jane n’a jamais trouvé personne vers qui diriger toute la tendresse qu’elle garde en elle. Le contraste avec les mystères du manoir de Thornfield est donc d’autant plus puissant !
Si vous n’avez jamais lu Jane Eyre, vous avez deux bonnes raisons de le faire. D’abord, c’est une très belle histoire d’amour. Et ensuite, il y a une atmosphère mystérieuse irrésistible, avec un dénouement impossible à prévoir quand on lit le livre pour la première fois. Personnellement, je me rappelle de mon propre choc. Et depuis, chaque fois que j’ai relu le livre, j’ai connu un formidable frisson d’anticipation en arrivant dans la dernière partie du livre.
Quand Agatha Christie tourne mal…
Oubliez la gentille vieille dame que vous avez déjà vu en photo. La « reine du crime » a gagné ses galons en surprenant son lectorat, peut-être plus qu’aucun autre auteur de roman policier avant elle. Et même depuis, j’ai du mal à penser à des auteurs qui ont autant joué avec la morale, autant troublé les émotions des lecteurs qu’Agatha Christie.
Vous croyez tout savoir sur Le Crime de l’Orient Express ? Mais en êtes-vous si sûrs ? Le point de départ de ce livre, c’est un fait divers qui s’est réellement déroulé aux Etats-Unis. L’enlèvement de l’enfant aîné du célèbre aviateur Charles Lindbergh. Malgré le paiement d’une rançon, le petit garçon est retrouvé mort. Et même si on a arrêté un homme par la suite condamné à la chaise électrique, l’affaire demeure parsemée de nombreuses zones d’ombres encore aujourd’hui. Agatha Christie s’en est servie pour le Crime de l’Orient Express. Un roman dont la fin est plus que déroutante.
Car même si Hercule Poirot trouve le fin mot de l’histoire, il fait quelque chose de tout à fait inattendu. Rien du tout ! Il ne fait rien du tout et laisse le coupable s’enfuir. Avec brio, Agatha Christie pose une question morale à laquelle personne ne peut répondre honnêtement avec certitude : certains meurtres sont-ils moralement acceptables ? De quoi vous laisser un goût amer dans la bouche. En plus, toute l’histoire est un huis-clos dans un train. Donc même si Le Crime de l’Orient Express ne fait pas vraiment peur, il a tout de même un petit quelque chose d’inquiétant qui en fait une bonne lecture d’Halloween.
Tout aussi déroutant : Ils étaient dix. Le titre ne vous dit rien ? C’est normal : c’est le nouveau titre de Dix Petits Nègres. Et s’il s’agit d’un des romans les plus célèbres d’Agatha Christie, c’est tout simplement parce que c’est une de ses histoires les plus dérangeantes ! Ils étaient dix repose sur un procédé de meurtre implacable et très original. Et à la fin… personne n’est arrêté ! C’est vrai que ni Hercule Poirot ni miss Marple ne sont présents pour résoudre le mystère. C’est certainement ce qui explique la déroute de la police dans cette affaire. Mais comme je l’ai dit plus haut : Hercule Poirot lui-même peut parfois laisser filer les coupables ! Ils étaient dix est un huis-clos sur une île complètement isolée du monde. Les dix victimes sont lancées dans une course contre la montre pour leur survie. Mais comme le titre le suggère d’office, ils n’ont que peu de chances de s’en sortir. Comme d’habitude chez Agatha Christie, les mystères et les fausses pistes sont nombreuses. Mais ce sont aussi les tensions entre ces victimes en puissance qui révèlent toute la subtilité de la psychologie humaine. Et ce n’est pas beau à lire ! Si vous aimez vous faire peur, Ils étaient dix est une bonne pioche !
Les classiques français aussi peuvent faire peur !
Spontanément, si je pense Halloween et littérature française, je repense à ma lecture de Pot-bouille, un des romans les moins connus d’Emile Zola. Et je vous garantis que la scène d’accouchement à la fin du roman a de quoi vous donner des sueurs froides ! Mais soyons sérieux : il y a quelques autres pépites dans la littérature française pour jouer à se faire peur avec un bon livre.
Je pense aux priorités aux nouvelles. C’est un genre qui n’est pas très populaire en France, le pays du roman-roi. Pourtant, à une époque, les auteurs français se sont pas mal intéressé à ce genre. Et je ne sais pas pourquoi, mais ce sont surtout les histoires à sensations fortes qui les intéressaient avec ce format. Vous avez donc l’embarras du choix en la matière. Il y a les Récits Fantastiques de Théophile Gautier qui sont une valeur sûre. Ou bien vous pouvez vous plonger dans les pages effrayantes du Horla, de Guy de Maupassant.
Mais si je ne devais en choisir que deux à vous conseiller plus précisément, quels seraient mes chouchous ? Personnellement, j’ai une affection toute particulière pour La Fille aux yeux d’or, une nouvelle écrite par Balzac qui se termine par un bain de sang. Et ce n’est pas qu’une expression ! Sinon, je crois que la nouvelle qui m’a le plus choqué c’était La Légende de l’homme à la cervelle d’or. Il s’agit d’une des nouvelles d’Alphonse Daudet dans son recueil des Lettres de mon moulin. Ce n’est pas que le texte fasse vraiment peur. C’est juste qu’il est très, très mais alors vraiment très dérangeant.
Si le format de la nouvelle ne vous séduit pas, revenons à une valeur sûre avec Le fantôme de l’opéra. On doit cette excellente histoire à Gaston Leroux, le papa de Rouletabille. Mais pas de gentil journaliste rouquin dans cette histoire. On est plutôt dans un récit aux allures gothiques, en plein coeur de l’opéra Garnier, théâtre formidable d’une histoire dramatique. L’atmosphère de ce livre est pesante, inquiétante, et vous serez forcément fascinés par la figure du « méchant » du livre. De nos jours, Le Fantôme de l’opéra est un classique du roman policier français qu’on ne lit plus vraiment. C’est dommage parce qu’il appartient à cette excellente veine du polar qui flirte avec le fantastique, comme Arthur Bernède l’avait fait un autre roman formidable : Belphégor.
Alors, avez-vous trouvé des idées lectures pour Halloween ? J’espère que cette liste vous aura intéressé. Personnellement, depuis que j’en ai eu l’idée en début de mois, je trépignais d’impatience à l’idée de la partager avec vous. J’adore l’idée de trouver une bonne excuse pour lire des livres qu’on n’ouvrirait pas forcément en temps normal. Et ça peut être un bon déclic pour se motiver à (re)découvrir ces classiques de la littérature.
Alors bonne lecture tout le monde !
Merci beaucoup pour ces idées lecture. Je lirai bien « récits fantastiques » de Théophile Gautier. Les autres, je les ai déjà lu. Mais une relecture n’est pas envisageable ! Je vous donne aussi quelques idées lecture : » Le tour d’écrou » de Henry James, « Kerfol et autres histoires de fantômes » de Edith Wharton, « la maison des damnés » de Richard Matheson, « L’indésirable » de Sarah Waters, « La falaise hantée » de Dorothy Macardie, « L’incroyable histoire de Halcyon Crane » de Wendy Webb et « la foire des ténèbres » de Ray Bradbury. Bonne lecture et bonne journée.
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Merci beaucoup pour toutes ces belles idées lectures. Je ne connais pas la plupart de ces titres, alors je vais tout me noter pour le Halloween 2023 🙂
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Je veux vraiment prendre le temps de lire Rebecca, j’ai l’impression de le dire depuis des années, mais c’est vrai ! ^^ Je suppose que j’attends l’éternel bon moment (et d’avoir vidé ma PAL…).
En tout cas, il y a de fort bons titres dans cette sélection : Frankenstein, Jane Eyre, les deux Agatha Christie (par contre, même si ce que tu en dis est intéressant, c’est peut-être dommage de dévoiler un peu la fin à qui ne les aurait pas lus, non ?)…
Je note la nouvelle de Daudet (l’aspect dérangeant m’intrigue !), mais Gautier m’avait ennuyée au possible il y a quelques temps. Je n’avais pas du tout accroché, mais c’est vrai que je suis souvent moins sensible aux nouvelles, il faut qu’elles soient vraiment efficaces !
Ĺe fantôme de l’opéra me tente bien aussi, mais c’est vrai que je n’y pense jamais !
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Rebecca est un excellent roman, très troublant et l’ambiance générale de l’histoire te marquera pour longtemps !
Pour les Agatha Christie, j’ai essayé au maximum de ne pas trop en dévoiler. Et j’espère quand même ne pas trop avoir spoilé. C’est très dur d’évoquer leurs intrigues en étant claire mais sans trop en dévoiler 🙂
Pour Le Fantôme de l’opéra, sache que l’histoire met un peu de temps à se lancer. Mais si tu te prends au jeu, tu risques de beaucoup apprécier l’atmosphère un peu gothique de l’histoire. Bonne lecture !
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C’est peut-être une des raisons pour laquelle je ne l’ai pas encore lu finalement : peut-être que mes attentes sont tellement élevées que j’ai peur d’en être déçue…
Oui, c’est un exercice difficile ! Et ces titres-là, comme Le meurtre de Roger Ackroyd, ont des fins très particulières !
Je ne crois pas que ce sera rédhibitoire pour moi ! Merci !
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J’avais la même inquiétude en lisant un tout autre livre (Le Prestige). J’avais des attentes très élevées et du coup je suis entrée un peu à reculons dans ma lecture. Sauf que finalement j’ai été bluffée par le roman et j’ai adoré cette expérience de lecture. J’espère que le jour où tu décidera de lire Rebecca, ce sera pareil pour toi 🙂
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Un autre livre que j’aimerais lire un jour, tiens !
En tout cas, je me le souhaite effectivement ! ^^
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